Un concours Miss IA a été lancé, et il fait déjà craindre le pire pour les normes de beauté

Aitana Lopez, influenceuse virtuelle espagnole, sera l’une des juges du concours des Miss IA.
Instagram Aitana Lopez, influenceuse virtuelle espagnole, sera l’une des juges du concours des Miss IA.

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE - Sur les réseaux sociaux, les mannequins, présentatrices télé et autres influenceuses entièrement virtuelles et créées à partir d’intelligence artificielle se multiplient. Désormais, ces dernières pourront participer à un concours semblable à celui des Miss France : celui des Miss IA.

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C’est l’idée farfelue qu’a eu la société Fanvue - une plateforme semblable à OnlyFans - en partenariat avec les World AI Creator Awards, qui se tiendront le 10 mai prochain : faire concourir des femmes générées par une IA dans un concours de beauté. L’inscription est gratuite, et la gagnante remportera un prix de 5 000 dollars et 8 000 dollars de sponsoring.

« Un recul monumental »

Les participantes seront jugées par un jury de deux humains et de deux modèles virtuels (oui, oui) sur trois critères : les compétences techniques de leur créateur, la taille de leur audience et leur apparence. Sur le site du concours, on peut lire : « Les candidats seront jugés sur certains des aspects classiques de l’apparat, notamment leur beauté, leur prestance et leurs réponses uniques à une série de questions telles que “si vous pouviez avoir un rêve pour rendre le monde meilleur, quel serait-il ?” ».

C’est sur la question de l’apparence que le concours reçoit beaucoup de critiques : au lieu de chercher à réinventer les codes de beautés féminins, il les perpétue, voire les exagère. Selon l’autrice Arwa Mahdawi, qui a signé un billet à ce sujet dans The Guardian, ce concours est un « un recul monumental », car il reprend « toutes les normes de beauté sexuées toxiques et les regroupe dans un ensemble complètement irréaliste ».

Sélectionner « une gagnante qui représente le monde moderne »

Les deux créatrices virtuelles qui feront office de juges - Aitana Lopez et Emily Pellegrini, sont toutes les deux hypersexualisés par leurs créateurs et répondent à ces normes de beauté traditionnelles et inatteignables. La première nommée est une influenceuse virtuelle espagnole, créée par l’agence The Clueless - elle est aussi inscrite sur la plateforme Fanvue. Face aux critiques sur son apparence, son créateur a préféré rejeter la faute sur les marques, qui ne « seront pas intéressées » si Aitana ne répond pas à certains critères.

Mais l’une des deux juges réelles, Sally-Ann Fawcett, historienne des concours de beauté, a tenté de rassurer dans un article pour Forbes : « Il ne s’agit pas d’avoir des fesses, des seins et des silhouettes fantaisistes. (...) Les créateurs ont la possibilité de changer la perception qu’a le public des femmes dotées d’IA et j’espère jouer un rôle à cet égard en sélectionnant une gagnante qui représente le monde moderne. » En espérant que les créateurs d’IA aient la même réflexion…

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