Le chômage a-t-il vraiment diminué ?

Philippe Martinez, leader de la CGT, accuse le gouvernement de faire baisser le chômage “de façon artificielle”. En septembre, le ministère du Travail a annoncé une baisse de 1,8% du nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A.

C’est la traditionnelle bataille des chiffres. D’un côté, la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, qui annonce une diminution du nombre de chômeurs de catégorie A, pour le mois de septembre, de 1,8%. De l’autre, Philippe Martinez, leader de la CGT, qui accuse le gouvernement “d’essayer de changer la nature de l’emploi”, et l’appelle à ne pas faire baisser les chiffres “de façon artificielle”.

Pour comprendre la réalité qui se cache derrière ces deux positions, il faut tout d’abord s’intéresser à la définition de la catégorie A. Au sens de Pôle emploi, elle recouvre les chômeurs inscrits, tenus de rechercher un emploi, sans emploi. C’est là le nœud du problème. Car la catégorie ne comporte que les demandeurs d’emploi n’ayant pas travaillé.

Un “jeu de vases communicants”

C’est ce que reproche Philippe Martinez. Sur LCI, il a estimé que le gouvernement a recours au “jeu de vases communicants en faisant basculer un certain nombre de privés d’emploi d’une catégorie à l’autre”.

Ce que veut dire le leader de la CGT, c’est que la baisse du nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A cache une hausse dans les autres catégories. En regardant de plus près les chiffres catégorie par catégorie, disponibles sur le site de Pôle Emploi, on constate que la baisse ne touche pas toutes les catégories de chômeurs.

Forte hausse du nombre de demandeurs d’emploi ayant travaillé

Ainsi, en s’intéressant à l’évolution entre août et septembre 2017, on constate que le nombre de demandeurs d’emplois de catégorie A a diminué de 1,8%.

Sur la même période, la catégorie B (qui regroupe les demandeurs d’emploi ayant travaillé moins de 78 heures dans le mois), a diminué de 1%, tandis que la catégorie C, qui regroupe ceux ayant travaillé pus de 78 heures mais recherchant un emploi, a augmenté de 3,2%. On constate donc que l’évolution, sur un mois, est bien différente selon les catégories.

Et si l’on regarde sur les trois derniers mois, elle est carrément inverse. Alors que la catégorie A a diminué de 0,2%, la catégorie B a augmenté de 4% et la catégorie C de 2,3%. On constate donc une forte hausse du nombre de demandeurs d’emplois ayant travaillé durant le mois.

Des chiffres qui traduisent une augmentation des emplois à temps partiel, mais qui ne suffisent pas aux demandeurs d’emploi. Reste à savoir s’il s’agit, comme l’entend Philippe Martinez, d’une volonté du gouvernement de multiplier les temps partiels, ou d’une mutation du marché du travail.