Abayas, expulsion des délinquants de leur logement social... Emmanuel Macron affiche sa fermeté

Abayas, expulsion des délinquants de leur logement social... Emmanuel Macron affiche sa fermeté

À l'approche de la rentrée, Emmanuel Macron veut montrer sa détermination à agir. De l'interdiction de l'abaya à l'école portée par Gabriel Attal à la "fermeté systématique" pour expulser les "délinquants auteurs de violences urbaines" annoncée par Gérald Darmanin, l'exécutif veut montrer qu'il est au travail pour lutter contre "l'affaiblissement de la République".

Si cette offensive n'a rien d'une surprise - le chef de l'État a utilisé pas moins de 15 fois le mot "fermeté" dans son entretien fleuve au Point pour marquer sa rentrée politique -, elle arrive dans un contexte bien particulier.

Des Français en demande de sécurité

Le pouvoir d'achat a beau rester de très loin la priorité des Français en pleine inflation avec 56% des personnes interrogées dans un sondage Elabe pour BFMTV, les préoccupations liées à la sécurité sont en faute hausse. 35% la citent désormais comme un enjeu prioritaire contre 20% en avril dernier.

Les émeutes urbaines qui ont enflammé une partie de la France après la mort du jeune Nahel tué d'un tir de policier à Nanterre en juin dernier sont passées par là.

"Au début de son second quinquennat, le président affirmait son autorité pour contrer les oppositions après des élections législatives ratées", remarque l'éditorialiste politique à BFMTV Mathieu Croissandeau.

Des chiffres judiciaires pour afficher l'ordre

"C'est désormais l'autorité républicaine qui a été attaquée, d'où la réponse très ferme des forces de l'ordre et de la police lors des émeutes", analyse encore le journaliste.

Deux mois après les violences urbaines, le bilan se veut à la hauteur de l'ambition d'Emmanuel Macron : 2.107 individus ont été interpellés et 94% des personnes jugées ont été condamnées, selon le ministère de la Justice.

90% des individus passés devant le juge ont écopé de prison ferme avec une peine en moyenne de 8,9 mois de prison. Très loin des chiffres des émeutes de 2005: 400 condamnations à de la prison ferme avaient été alors prononcées.

Macron "contraint de s'adapter à la demande de fermeté" des LR

Le projet de loi immigration, qui devrait finir par arriver à l'Assemblée nationale à l'hiver après des premiers de mois de gestation dans la douleur, pourrait permettre au président de mélanger "fermeté" et "humanité", comme il l'avait déjà expliqué dans une interview au Parisien en décembre dernier.

Au menu : un titre de séjour pour les travailleurs sans papiers dans les métiers en tension et des expulsions facilitées. Les Républicains sont cependant opposés à une partie du projet, ce qui pourrait contraindre le gouvernement à l'amender profondément.

"Il va être contraint de s'adapter à la demande d'une plus grande fermeté de la part de la droite et de l'extrême droite", résume encore Mathieu Croissandeau.

Rappeler qui décide

Enfin, la posture d'autorité du président a également un avantage : rappeler qu'il n'est pas là pour faire de la figuration dans les prochaines années. À peine un an après sa réélection, les appétits s'ouvrent pour 2027.

De quoi agacer Emmanuel Macron qui ne veut pas être condamné à ne plus pouvoir agir, déjà bien contraint par sa majorité relative à l'Assemblée nationale.

Élisabeth Borne, dont la venue n'était pas prévue, s'est invitée à Tourcoing dimanche pour la rentrée politique de Gérald Darmanin qui se verrait bien à l'Élysée dans 4 ans. La Première ministre a multiplié devant son ministre de l'Intérieur et ses soutiens les piques et les recadrages. Le président a, lui, suivi de très près cette rentrée politique depuis sa maison de vacances au Touquet, rappelant qui est toujours le patron.

Article original publié sur BFMTV.com