Publicité

Attaque de Nice: les chrétiens sous le choc, l'Eglise dénonce un acte "innommable"

La façade de la basilique Notre-Dame de l'Assomption à Nice, le 29 octobre 2020 - Valery HACHE © 2019 AFP
La façade de la basilique Notre-Dame de l'Assomption à Nice, le 29 octobre 2020 - Valery HACHE © 2019 AFP

Quelques heures après l'attaque de Nice qui a fait trois morts, l'émotion est encore grande. Ce jeudi, les évêques de France ont dénoncé un attentat "innommable" et le fait que les chrétiens ne devaient pas devenir "une cible à abattre."

A 15h, les églises de France ont sonné le glas en hommage aux victimes. De Marseille, où plusieurs dizaines de fidèles se sont recueillis devant la Basilique Notre-Dame de la Garde, à celle du Sacré-Coeur à Paris, la "cloche des morts" a résonné de longues minutes.

"Ecoeuré", Janni Galdi, 19 ans, sort de Notre-Dame-de-la-Garde à Marseille une bible à la main. "Encore un attentat, encore l'Eglise... Ça fait beaucoup", souffle le jeune homme. "Ma première prière est allée pour les victimes et leurs familles. C'est une mort atroce. Mourir à l'église, égorgés, c'est très symbolique", ajoute ce fidèle, l'air grave.

"C'est inimaginable humainement"

A ses côtés Vincent, 52 ans, rassuré par l'importante présence policière, est venu "prier pour toutes les victimes du terrorisme". "Des gens meurent, on ne peut pas être indifférents. Heureusement qu'on a ces gens avec leurs armes", dit-il en montrant les forces de l'ordre.

Au même moment, à Nice, Emmanuel Macron annonçait l'augmentation de 3.000 à 7000 soldats des effectifs de l'opération Sentinelle.

"C'est inimaginable humainement", s'insurge Cathy Yvant, 58 ans, venue avec sa fille Liny à Notre-Dame-de-la-Garde. "Dieu, quel que soit le nom qu'on lui donne, n'a jamais demandé de faire ça", ajoute cette femme qui se dit très croyante, "horrifiée et choquée".

A Paris, dans l'église Saint-Louis-d'Antin, bondée comme chaque midi, trois jeunes catholiques sont venus assister une dernière fois ensemble à la messe, avant le confinement.

"Ça avait encore plus de sens de venir" après l'attentat de Nice, expliquent-ils, encore sous le choc.

Sidération

"On ne comprend pas pourquoi les chrétiens sont visés et on a peur qu'il y en ait d'autres. Je suis enceinte et, en arrivant aux abords de l'église, je me suis dit qu'il fallait faire attention, que c'était possible de me prendre des coups de couteau", raconte Sybil, sans vouloir donner son nom de famille.

"Nous sommes émus, très touchés et dans une sorte de sidération devant ce genre d'acte innommable", a déclaré à l'AFP le père Hugues de Woillemont, porte-parole de la Conférence des évêques de France (CEF).

"Pour nous, c'est tout le pays qui est touché à travers ces actes qui nous rappellent l'attentat (contre le) père Hamel", a-t-il ajouté en référence à l'assassinat en 2016 du prêtre Jacques Hamel, en pleine messe matinale dans son église de Saint-Etienne-du-Rouvray en Seine-Maritime.

La soeur de ce dernier, Roseline Hamel, a, dans un communiqué, adressé ses pensées aux familles des victimes.

"Le Dieu qui demande de tuer n'existe pas. C'est un leurre, pire, une idole qui incarne l'esprit du Mal", ajoute-t-elle dans ce texte cosigné par l'archevêque de Rouen, Mgr Dominique Lebrun. "Avec l'aide des non-croyants, nous devons abattre cette idole", écrivent-ils, "la justice, la paix, l'amour vaincront. Nous le croyons, même si aujourd'hui nous pleurons."

"Pathologie qui se réclame de l'islamisme"

Venu à Nice avec Emmanuel Macron, Eric de Moulins- Beaufort, président de la Conférence des évêques, a tenu à marquer sa "compassion avec la ville de Nice, le diocèse de Nice, la communauté catholique de Nice, cette paroisse du centre-ville tellement choquée par cet accident".

"Il y a eu le père Hamel à Rouen il y a quelques années, c'est le deuxième attentat commis dans une église", a-t-il ajouté, avant d'évoquer les victimes, dont le sacristain, "bien connu" des fidèles de la basilique.

"Ce qui est affreux c'est que cet attentat visait des paroissiens tout à fait ordinaires qui venaient prier très tranquillement", victimes "d'une idéologie qui se répand, une sorte de pathologie qui se réclame de l'islamisme".

Article original publié sur BFMTV.com