Attaques de Darmanin contre la LDH : le monde associatif s’insurge

Plusieurs grands acteurs du monde syndical et associatif, dont Laurent Berger, alertent dans une tribune dans le « Journal du Dimanche » sur la remise en cause du travail associatif.

« Subventionner une association ne veut pas dire la contraindre au silence. » Alors que la Ligue des droits de l’homme voit ses subventions publiques remises en cause par le gouvernement, une tribune publiée samedi 22 avril par plusieurs grands acteurs associatifs et syndicaux dans le Journal du Dimanche alerte sur la remise en cause des libertés associatives.

Parmi les signataires du texte figurent le secrétaire national de la CFDT Laurent Berger, qui sera bientôt remplacé par Marylise Léon, la présidente du Mouvement associatif Claire Thoury ou encore Patrick Baudouin, le président de LDH.

« Le 5 avril, le ministre de l’Intérieur (Gérald Darmanin), appelé à réagir sur les critiques formulées par la Ligue des droits de l’homme quant à l’action des forces de l’ordre à Sainte-Soline, a indiqué que, dans ce contexte, les subventions accordées par l’État à la LDH devraient être examinées, avant d’enjoindre aux collectivités territoriales de faire de même », débutent les auteurs de la tribune.

Le contrat d’engagement républicain en question

Ces déclarations « extrêmement graves » de Gérald Darmanin contre une association « dont l’histoire est faite, depuis cent vingt-cinq ans, de combats pour protéger les droits et libertés de tous », ressemblent « à un fait du prince usant de son pouvoir pour réduire les oppositions », dénoncent les signataires.

S’ils jugent « évidemment normal qu’un financeur s’assure de la bonne utilisation des fonds par les associations qu’il subventionne » il doit le faire « sur la base de (ses) missions » et « non pas conformément à ce que souhaiterait entendre le gouvernement. » Et de poursuivre : « Si le ministre de l’Intérieur se permet cette mise en question si directe, c’est parce que le climat aujourd’hui l’y autorise. En effet, ces déclarations interviennent dans un contexte de remise en cause de l’indépendance des associations », estiment les auteurs.

Ils pointent notamment les contraintes qui pèsent sur leur liberté de parole depuis la promulgation de la loi « Séparatisme », et la mise en place du « contrat d’engagement républicain », censé consacrer les valeurs de la République au sein des fondations subventionnées. « Cette fragilisation est dangereuse. Elle a des impacts sur ceux qui sont engagés pour l’intérêt général et qui se voient témoigner de la défiance ou opposer des pressions », jugent-ils dans le JDD.

Les élus appelés à se mobiliser

« Il est de la responsabilité du gouvernement d’affirmer haut et fort, en mots et en actes, que les libertés associatives sont au cœur de notre pacte démocratique », concluent les acteurs syndicaux et associatifs, en appelant « les élus territoriaux qui construisent au quotidien avec les associations, à se mobiliser pour elles. »

À la mi-avril, la Première ministre Élisabeth Borne, dans le sillage de Gérald Darmanin, avait accusé la LDH d’entretenir des « ambiguïtés avec l’islamisme radical », sans pour autant s’étendre sur le sujet ou appuyer son propos sur des exemples concrets étayant ce constat. Face à ces procès incessants en dérive, la Défenseure des Droits, Claire Hédon, s’était aussi inquiétée dans le HuffPost des menaces qui pèsent sur les libertés associatives et avait rappelé qu’elles ont une place essentielle dans une démocratie.

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