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Boris Johnson suscite la polémique en partant deux fois en vacances malgré les crises au Royaume-Uni

Tandis que Boris Johnson est toujours le Premier ministre britannique en exercice en attendant que le Parti conservateur lui trouve un successeur, son second départ en vacances en l'espace de quinze jours suscite la polémique au Royaume-Uni.

Après la Slovénie, la Grèce. Au moment où le Royaume-Uni subit plusieurs crises, dont une inflation et une sécheresse historiques, le Premier ministre sortant Boris Johnson a entamé ses deuxièmes vacances en quinze jours, de quoi alimenter les accusations de vide du pouvoir en attendant son successeur.

Ces dernières semaines, le dirigeant conservateur, poussé au départ par son parti après une série de scandales, a manqué des réunions d'urgence sur les vagues de chaleur, est resté à l'écart des célébrations de l'équipe d'Angleterre à l'Euro féminin de foot et a passé début août quelques jours de lune de miel dans les montagnes de Slovénie.

Ce week-end, il a été photographié et filmé dans un supermarché d'une banlieue d'Athènes avec son épouse Carrie, tandis qu'un camion de déménagement était stationné lundi devant sa résidence du 10 Downing Street.

Le Premier ministre britannique dans l'Attique

"Le Premier ministre est en vacances cette semaine", a indiqué son porte-parole, soulignant que les chefs de gouvernement, même absents, restent "informés sur tous les dossiers urgents et prennent des décisions, particulièrement en matière de sécurité nationale".

Les images du chef du gouvernement britannique déambulant dans la supérette ont été diffusées dimanche sur Twitter, comme le montre cette publication d'un compte hostile à Boris Johnson.

D'après le site d'information INews, Boris Johnson passe quelques jours à Nea Makri, dans l'Attique, non loin d'ailleurs de la villa paternelle, située quant à elle à Horto.

Des dossiers pourtant nombreux

Cette escapade intervient alors que Boris Johnson a promis de rester aux affaires jusqu'à la désignation d'un nouveau chef du parti conservateur. Seuls deux candidats restent en lice, la cheffe de la diplomatie Liz Truss, favorite, et l'ancien ministre des Finances Rishi Sunak. Le résultat de l'élection interne est attendu le 5 septembre.

Des voix se sont élevées dans la classe politique britannique pour reprocher à Boris Johnson d'être aux abonnés absents au moment où ses compatriotes souffrent d'une très forte augmentation du coût de la vie, avec en particulier une explosion des prix de l'électricité et du gaz. Les prévisions de nouvelles augmentations massives des factures en octobre puis en janvier, ainsi que l'avertissement de la banque centrale concernant l'ampleur de la crise à venir pour l'économie britannique, ont provoqué des appels à agir en urgence, sans attendre l'arrivée de son successeur.

Downing Street avait affirmé la semaine dernière qu'il reviendrait "au futur Premier ministre" d'agir face à cette crise, et non à Boris Johnson, censé expédier les affaires courantes.

Le pays fait également face à une sécheresse historique qui frappe de plein fouet le secteur agricole et a rendu nécessaire la mise en place de restrictions d'arrosage dans plusieurs régions. Les images de la source de la Tamise complètement à sec ont fait le tour du monde.

De barbecues en voyage

Or, cet été - qu'il soit d'ailleurs en voyage ou non - le Premier ministre a plusieurs fois manqué à l'appel pour des activités moins officielles que récréatives. Le Guardian a tenu ici la chronique des réjouissances estivales de Boris Johnson. Fin juin, déjà, il a multiplié les barbecues en compagnie des membres les plus loyaux de son camp pour les remercier de l'avoir épaulé, bien que sans succès, dans les turbulences qui ont fini par l'emporter au sein du Parti. Des grillades organisées au manoir de Chequers Court, résidence de vacances des Premiers ministres et rebaptisées par la presse britannique "Summer sausages offensive" (soit "l'offensive des saucisses d'été"), selon la grande tradition locale des métaphores culinaires.

Le 25 juillet, Boris Johnson a même séché une réunion de briefing sur la vague de chaleur frappant le pays, préférant participer à un pot de départ lors duquel il s'est mêlé à des figures Tories.

Le Guardian remarque qu'il devait encore célébrer le premier anniversaire de son mariage avec sa femme Carrie à Chequers Court... avant d'y renoncer, refroidi par les accusations lancées par ses opposants qui le soupçonnent d'avoir voulu rester en poste encore quelques semaines pour pouvoir jouir de la résidence un été de plus. Finalement, Boris et Carrie Johnson ont tout de même pu marquer l'événement le 30 juillet dernier, grâce à la générosité de lord Bamford, éminent donateur du Parti conservateur, qui leur a prêté pour l'occasion sa demeure proche du Pays de Galles, comme l'a relevé Bloomberg.

C'est après cette fête que le couple s'est envolé pour une lune de miel tardive, à la Villa Planinka, dans les montagnes slovènes. Les Johnson sont restés sur place du 3 au 11 août, dans cet hôtel où chaque nuitée coûte de 287 à 541 euros. Le porte-parolat du 10, Downing Street a toutefois affirmé que le séjour n'avait pas été financé par l'argent du contribuable. Villégiature suivie, donc, d'une seconde en Grèce quelques jours à peine après leur retour.

"La fête continue"

Le Parti travailliste a ainsi estimé que "la fête continue pour Boris Johnson, au moment où tout le pays a du mal à payer ses factures".

"À en juger par les derniers mois, cela ne change pas grand-chose que le Premier ministre soit au travail ou en vacances, puisqu'il n'a pas été à la hauteur du défi de la crise du niveau de vie, due au Parti conservateur", a jugé un porte-parole de l'opposition de gauche.

Le Labour a cependant été lui-même critiqué pour sa supposée passivité face à la crise, son leader Keir Starmer étant en vacances la semaine dernière et n'ayant présenté que ce lundi les propositions de son parti, notamment un gel des prix du gaz et de l'électricité.

Pour Brandon Lewis, ancien ministre de Boris Johnson, ce dernier n'a pas "jeté l'éponge": "C'est sans doute sa deuxième semaine de vacances en un an, et certainement cette année (...) même quand on n'est pas au bureau à Downing Street, on travaille".

Selon le journal The Times, Boris Johnson a l'intention de se lancer dans "une série de visites et de discours" après son retour le week-end prochain, afin d'inciter son successeur à continuer à défendre ses priorités, notamment le soutien du Royaume-Uni à l'Ukraine face à l'invasion russe. Et il compte rester présent dans le débat public malgré l'enquête parlementaire prévue sur son attitude pendant le "partygate", ces fêtes à Downing Street pendant les confinement qui ont précipité son départ.

L'ancien maire de Londres reste populaire dans son parti. Plus, selon certains sondages, que les deux prétendants à sa succession, et les médias spéculent sur une volonté de retour au pouvoir. En attendant, beaucoup verraient l'ancien journaliste reprendre un rémunérateur poste d'éditorialiste: selon le Guardian, il a été approché par le tabloïd Daily Mail qui l'a soutenu jusqu'au bout malgré les scandales.

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - Au Royaume-Uni, les conservateurs commencent à voter pour leur nouveau dirigeant