"Brandalisme" : ils détournent les pub des compagnies aériennes pour alerter sur le climat

"Brandalisme" : ils détournent les pub des compagnies aériennes pour alerter sur le climat

Des militants ont décidé de défendre la cause écologiste par de spectaculaire coups de comm'. En l'occurrence, ils mènent des campagnes de "piratage publicitaire". Objectif : dénoncer le rôle de l'industrie aéronautique dans la crise climatique.

Vous avez peut-être déjà croisé ces surprenantes affiches, à Amsterdam, Rome, Paris ou encore Bruxelles. Dans une quinzaine de ville européennes, des activistes du collectif "Brandalism" et du réseau "Subvertisers International" ont recouvert (illégalement) plus de 500 encarts publicitaires occupés par des compagnies aériennes avec des œuvres satiriques.

Parmi les trouvailles des militants, Ryanair devient "Ruinair", Lufthansa "SayYesToTheEndOfTheWorld" ("dites oui à la fin du monde") et IATA, l'Association du transport aérien international délivre ses recommandations en cas de catastrophe climatique. Parmi les compagnies pointées du doigt figurent aussi KLM, British Airways, Easyjet, SAS Airlines et Etihad.

Brandalism project - 09.2022
"A Lufthansa, nous vous divertissons avec des images d'arbres alors que nous faisons cramer la planète" - Brandalism project - 09.2022

Le recours au brandalism – contraction des mots anglais "brand" ("marque") et "vandislism" ("vandalisme") répond ici à deux objectifs :

  1. Rappeler la responsabilité de l'industrie aéronautique dans la crise climatique.

  2. Attirer l'attention sur la publicité qui, selon les militants, dissimule l'impact de l'aviation sur la planète.

La faute au Greenwashing ?

"L'attrait et le glamour des modes de vie à forte teneur en carbone, comme les vols fréquents, ont été délibérément façonnés par l'industrie publicitaire et ne montrent aucun signe de relâchement - malgré l'un des étés les plus chauds jamais enregistrés", accuse Tona Merriman du collectif Brandalism.

Il ajoute "nous appelons les employés de ces entreprises à refuser de travailler pour des clients à fortes émissions de carbone".

Brandalism project
Affiche satirique du collectif Brandalism - Brandalism project

Selon un récent rapport de Greenpeace, à l'échelle mondiale, la publicité des compagnies aériennes  pourrait être responsable d'environ 34 mégatonnes d'émissions de CO2 en 2019, soit l'équivalent de la combustion de 17 millions de tonnes de charbon. L'association de défense de l'environnement estime que "permettre aux entreprises de faire de la publicité pour des produits très polluants (...) a un effet dévastateur sur tous les autres efforts visant à mettre fin à l'urgence climatique qui ne cesse de s'aggraver."

Interdire "à la manière du tabac"

Les militants antipub demandent ainsi à la Commission européenne d'intervenir et d'interdire, "à la manière du tabac", la publicité et les partenariats en faveur des énergies fossiles. La pétition du collectif "Ban fossil fuel ads" qui réclame cette interdiction a recueilli plus de 333 000 signatures.

António Guterres, le Secrétaire général de l'ONU, s'est tout récemment exprimé sur la question lors de l'Assemblée générale des Nations unies. "Tout comme ils l’ont fait pour l’industrie du tabac des décennies auparavant, les lobbyistes et les publicitaires ont diffusé des informations erronées nuisibles. Les intérêts des combustibles fossiles doivent passer moins de temps à éviter d’être mal perçus – et plus de temps à en éviter un désastre planétaire".

Certaines villes, comme Amsterdam et Sydney, ont déjà supprimé les publicités pour les combustibles fossiles dans les espaces publics.

Un rapport récent de l'université de Harvard révèle que les réseaux sociaux ont aussi un rôle important à jouer dans le "blanchiment écologique" des activités des marques automobiles, des compagnies aériennes et des entreprises de combustibles fossiles.