Brexit : à quels changements s'attendre côté français le 1er janvier ?

Le Brexit aura plusieurs conséquences pour les Français à partir du 1er janvier 2021. Elles risquent d'être plus importantes si aucun accord n'est trouvé.
Le Brexit aura plusieurs conséquences pour les Français à partir du 1er janvier 2021. Elles risquent d'être plus importantes si aucun accord n'est trouvé.

Après un an de transition, le Brexit sera effectif le 1er janvier 2021. Même si un accord de dernière minute parvient à être trouvé entre le Royaume-Uni et l’Union Européenne, il risque d’y avoir quelques effets côté français.

Voilà plus de quatre ans que les Anglais ont voté pour que le Royaume-Uni quitte l’Union Européenne. Après une période de transition d’un an, entamée en janvier dernier, le Brexit sera effectif à partir du 1er janvier 2021. Mais pour l’instant, aucun accord n’a été trouvé entre les deux parties, alors que l’heure des négociations arrive à son terme - il faut laisser le temps aux parlements britannique et européen de valider un éventuel texte.

Plusieurs points bloquent encore : le règlement des litiges, d’abord, puisque les 27 veulent un cadre clair sur le sujet ; la concurrence ensuite, l’Union Européenne veut éviter que Londres ne joue la concurrence déloyale en donnant des subventions uniquement à ses entreprises ; et enfin la délicate question de la pêche, pour que les pêcheurs européens aient encore accès aux eaux anglaises, très poissonneuses.

À moins que la période de transition soit finalement de nouveau prolongée - même si le Royaume-Uni s’y était opposé cet été - des changements s’observeront dès le 1er janvier, qu’il y ait ou non un accord.

Des embouteillages attendus

Le premier d’entre eux, relativement visible, sera les embouteillages qui risquent de se former dans certaines villes reliant la France et l’Angleterre, et notamment à Calais, d’où part le tunnel sous la Manche, en raison des nouvelles formalités douanières. À partir du 1er janvier, les contrôles sur les personnes vont "passer de quelques secondes à une minute grosso modo. L'intensité des contrôles va être renforcée, le temps de passage à la frontière va être accru”, a expliqué le préfet du Nord, Michel Lalande, auprès de France 3.

Outre les contrôles sur les personnes, les contrôles de marchandise risquent d’être largement plus strictes. “Accord ou pas, on n’aura plus les mêmes normes. Ça veut dire qu’il faudra faire des contrôles sanitaires, vétérinaires et phytosanitaires aux frontières, devant le tunnel, sur les ports...”, décrit Laurent Bonnaud, historien économiste, fondateur de l’agence Sponte Sua Sprl et auteur de France - Angleterre, un siècle d’entente cordiale.

Des mesures ont d’ores et déjà été prises, avec des créations de postes, des constructions de parkings et la mise en place de systèmes de contrôle plus modernes. “Mais le risque qu’il y ait des embouteillages importants est tout à fait réel”, nous précise le spécialiste.

VIDÉO - Royaume-Uni : le Brexit s'accompagnera d'embouteillages géants

Craintes pour le secteur touristique ?

Autre conséquence visible, et dommageable après une année déjà compliquée : le secteur du tourisme, dans les Hauts-de-France, la Normandie, la Bretagne, mais aussi dans certaines régions comme le Périgord, risque d’en prendre un coup. Rien que pour le nord de la France, les chiffres donnent le tournis. Selon la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) des Hauts-de-France, 40% des nuitées achetées dans la région le sont par des Britanniques. Sur la côte d’Opale (le littoral situé entre Berck et Calais), 43% de la clientèle étrangère est britannique, rapporte France 3.

Si les contrôles d’identité étaient déjà existants à la frontière et la monnaie déjà différente, un Brexit dur pourrait avoir des conséquences sur le cours de la livre, “notamment parce que la place du marché financier de Londres serait en jeu”, nous précise Laurent Bonnaud. De quoi diminuer le pouvoir d’achat des Britanniques lors de leurs visites en France.

Achats en ligne et pouvoir d’achat

À l’inverse, pour les touristes français qui veulent se rendre de l’autre côté de la manche, la baisse du cours de la livre offrirait un meilleur pouvoir d’achat. Évolution du cours de la livre ou pas, il faudra cependant quoi qu’il arrive respecter des règles plus strictes : comme pour les autres pays étrangers hors Union Européenne, il existe un plafond de 430 euros par personne pour ceux qui voyagent par air ou par mer, et de 300 euros pour les autres types de transport. Au delà, il faut déclarer les achats et payer une taxe. Par ailleurs, si elle advient, la baisse du cours de la livre pourrait également être avantageuse pour les achats en ligne.

L’autre changement, qui ne sera effectif qu’en octobre 2021, c’est la nécessité de disposer d’un passeport pour aller au Royaume-Uni, alors qu’une simple carte d’identité suffisait jusque-là. Cette règles pourrait aussi s’appliquer aux îles anglo-normandes, comme Jersey et Guernesey. À cela s’ajoute, très logiquement, la possibilité de contrôles douaniers supplémentaires, de fouilles des bagages et de questions sur les raisons du voyage.

Vers une hausse du prix du poisson ?

L’un des principaux points de discorde entre le Royaume-Uni et l’Union Européenne pourrait avoir des conséquences dans nos assiettes. Il concerne la pêche. Les eaux anglaises sont très poissonneuses - elles sont plus profondes et froides, c’est là que se trouvent les poissons adultes - et donc prisées par les pêcheurs français. 75% des poissons pêchés dans les Hauts-de-France le sont dans des eaux britanniques, rapporte France 3.

Or, un Brexit sans accord pourrait signifier la fin de l’accès aux eaux britanniques pour les Européens. “Si les Anglais rétrécissent les zones de pêche, le poisson sera plus rare et plus cher”, nous explique Jean-Marc Sylvestre, éditorialiste à Atlantico. Cependant “la grande pêche industrielle va au-delà des zones anglaises”, nuance-t-il. Outre les conséquences économiques pour les pêcheurs, la différence risque de se voir chez les consommateurs de produits locaux si aucun accord n’est trouvé.

De nouveaux emplois

Pour l’instant, l’impact n’a pas été aussi élevé qu’espéré, notamment dans les Hauts-de-France. Mais la sortie effective du Royaume-Uni de l’Union Européenne pourrait tout de même créer des emplois dans l’Hexagone, principalement dans le secteur financier. “L’industrie financière traitée à Londres n’a pas été rapatriée dans les proportions qu’on aurait pu penser, mais ça pourrait l’être dans la perspective d’un Brexit dur”, nous détaille Jean-Marc Sylvestre. Même si la France n’est pas “la grande bénéficiaire de ces transferts d’emplois”, elle exerce tout de même “une attraction” particulière, résume-t-il.

D’autres conséquences sont attendues pour les expatriés - d’un côté comme de l’autre - qui pourraient perdre de nombreux droits sociaux. Quant aux étudiants qui souhaitent aller dans une université britannique, les modalités risquent de changer. Les frais de scolarité de certains établissements devraient augmenter. Si le pays décide de quitter le programme Erasmus+, les voyages seront toujours possibles, mais le nombre de places disponibles pour être plus limité, précise Le Figaro étudiant.

“Nous seront tous impactés, parce que le Royaume-Uni est un partenaire important. Nous sommes interdépendants dans de nombreux domaines, comme l’industries, la culture, le tourisme”, résume l’historien économiste Laurent Bonnaud. Les conséquences pourraient être moins visibles si un accord finit par être trouvé. Mais elles sont tout de même inévitables dans certains secteurs.

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