Britney Spears : sa santé mentale ne se résume pas à ses photos nues

Britney Spears est-elle en bonne santé? Depuis la levée de sa tutelle, la star a partagé une vague de clichés d'elle dénudée sur Instagram, suscitant l'inquiétude de ses abonnés. C'est légitime, mais peu fondé.

SANTÉ - Britney Spears est libre. Elle est libre de pouvoir gérer ses économies comme elle l’entend, de prendre les commandes d’un avion, de partir en vacances, comme en ce moment même à Hawaï, ou simplement de documenter sa vie à ses quelque 39 millions d’abonnés sur Instagram.

Et ce, qu’elle soit habillée ou non. “Allez vous faire foutre et laissez-moi tranquille, s’est-elle époumonée sur le réseau social, en légende d’une série de clichés en bikini, ce mardi 25 janvier. Je devrais pouvoir courir autour de chez moi complètement nue si j’en ai envie.”

Ce message est un coup de gueule adressé aux paparazzis qui, même loin de chez elle, continuent de la mitrailler sous tous les angles pour vendre des photos d’elle peu flatteuses aux médias, lesquels “ont toujours été horribles avec [elle]”, soutient la chanteuse dans une autre publication.

Depuis qu’elle a été libérée de sa tutelle, régime controversé sous lequel elle avait été placée en 2008 après une série d’incidents dans sa vie, Britney Spears revit et le revendique. Pourtant, depuis ce même mois de janvier, certains s’inquiètent. Britney Spears est-elle vraiment en bonne santé? La raison de ces interrogations: des selfies en tenue d’Ève.

“J’adore Britney, mais j’ai peur”, écrit un de ses abonnés dans les commentaires d’un cliché où la star, sans sous-vêtements, cache sa poitrine. “C’est pour ça que les gens pensent qu’elle a besoin d’aide”, réagit une autre personne, implorant l’interprète de Toxic de “remettre des vêtements”. Britney Spears a, pendant plusieurs semaines, désactivé les commentaires sous ses photos. Ils sont de retour.

Un écueil à éviter

“Pourquoi est-ce que j’ai le sentiment qu’elle est sur le point de se marier, d’avoir un gosse, de divorcer, de perdre la garde de l’enfant, de se raser le crâne et de ne pas porter de culotte en public?”, s’interroge, un énième internaute, sous une seconde photo, cette fois de Britney Spears de dos, parée d’un string rouge. Pour beaucoup, c’est “too much”, ces photos tirent la sonnette d’alarme. Mais voilà, peut-on vraiment à partir de ça diagnostiquer l’état de la chanteuse?

D’après le psychiatre Jean-Victor Blanc, c’est un “non” catégorique. “C’est un piège et un écueil qu’il faut absolument éviter”, tranche l’auteur d’un livre intitulé Pop & Psy, dont la réédition qui parait au mois de février s’ouvre avec une introduction dédiée à la princesse de la pop. Quelle intention Britney Spears a-t-elle mise derrière ces photos? Qu’on soit une personnalité publique ou non, renvoyer l’image qu’on veut à travers les médias est possible, en particulier quand c’est un média choisi, comme ici avec Instagram.

Un point de vue partagé par Jérémy Choukroun, psychiatre lui aussi, mais au GHU de Paris psychiatrie et neurosciences, où il anime des groupes d’éducation thérapeutique auprès des patients atteints du trouble bipolaire. “Certains éléments nous manquent. Ces contenus ont-ils été partagés par elle? Du fait de sa notoriété, on peut tout à fait se demander si ce ne sont pas des modérateurs qui en sont à l’origine ou même qui l’ont conseillée”, s’interroge le médecin.

Dans son travail, nous explique Jérémy Choukroun, la modification des habitudes sur les réseaux sociaux, notamment lorsqu’un patient se met à partager plus de contenus ou des contenus inadaptés, sans filtre ou à caractère sexualisé peut être le signe “d’un virage maniaque”.

Une histoire psychique compliquée

Dans le cas de Britney Spears, c’est plus compliqué. Cette dernière ne s’est jamais prononcée publiquement sur le trouble dont elle est atteinte. “Le choix, le moment et le moyen de le faire n’appartiennent évidemment qu’à elle, commente Jean-Victor Blanc dans son essai. S’agira-t-il d’un ‘grand livre mystérieux’ ou du sofa moelleux d’Oprah Winfrey, comme elle a pu le sous-entendre récemment?”

Cependant, on le sait, la pop star a connu une période psychique compliquée au cours des années 2000. Du rasage de son crâne à ses états d’ivresse en compagnie de Paris Hilton et Lindsay Lohan, la détresse de Britney Spears a largement été photographiée, filmée et épiée par les médias people de l’époque. Ses hospitalisations sous contrainte aussi. C’est ce qui, pendant longtemps, a justifié sa mise sous tutelle.

Ces événements ont marqué les esprits des fans, à qui l’on doit en grande partie le soulèvement populaire qui a mené à la levée des restrictions que dénonçait leur idole. “On a le droit de s’inquiéter pour une personne quand on assiste à une modification brutale de son tempérament”, commente Jérémy Choukroun. Ces inquiétudes sont-elles fondées? “C’est une vraie question à laquelle il est difficile de répondre puisque Britney Spears dit que tout va bien, nuance Jean-Victor Blanc. Il n’y a pas de raison de ne pas la croire. Elle fait ce qu’elle veut de son corps, de ses journées et de son temps. C’est très positif.”

Conserver un regard tolérant

Il est probable, selon lui, que ces mêmes inquiétudes soient alimentées par d’autres facteurs. Un peu de misogynie, d’abord. Britney Spears n’est certes pas la première femme à partager des contenus érotisant son corps sur les réseaux sociaux. D’autres stars, comme Kim Kardashian ou Cardi B, nous y ont déjà habitués. Cependant, cette prise de pouvoir et la revendication d’une sexualité active restent des phénomènes récents. “Le regard machiste et patriarcal sur ce que les femmes ont le droit de faire de leur corps est encore très présent”, soutient Jean-Victor Blanc, selon qui Britney Spears en fait les frais.

“De plus, et c’est ce qui peut mettre mal à l’aise certaines personnes, poursuit le psychiatre, c’est que la chanteuse le fait avec des codes différents.” Ses photos nues ne sont pas hyper léchées, ni même bien cadrées. Elles ne sont pas retouchées. Quand elles le sont, Britney Spears le dit. Elle partage l’avant-après, comme un jeu des sept différences. Pour Jean-Victor Blanc, “c’est ludique, mais subversif qu’une icône de la pop s’affranchisse de la sorte des codes esthétiques d’Instagram”, un réseau social où chacun peut professionnaliser son image.

Le problème, c’est que ces commentaires sont encore très moqueurs, voire violents. “C’est un signe que la maladie mentale est toujours très stigmatisée. Les gens ont du mal avec ce qui peut sortir de la norme esthétique”, ajoute le psychiatre. En filigrane, c’est de ça dont il s’agit. Que Britney Spears soit nue ou habillée, libre à chacun de s’inquiéter. “L’idée, conclut le spécialiste, c’est qu’on puisse conserver un regard tolérant, car la situation de Britney Spears est celle de toutes les personnes concernées par la maladie mentale.”

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Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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