"C’est un cauchemar": l'infirmière interpellée aux Invalides revient sur son arrestation

Dans une longue interview accordée à Mediapart, Farida C. assure que son geste était "symbolique" et qu'elle ne "voulait pas blesser quelqu'un." Elle a été interpellée violemment pendant une manifestation de soignants, après avoir jeté des cailloux en direction des forces de l'ordre.

Sa violente interpellation a ému l'opinion publique. Plus tôt dans la semaine, alors qu'elle manifestait en compagnie de plusieurs centaines de soignants sur l'esplanade des Invalides, Farida C. a été appréhendée après avoir jeté plusieurs projectiles en direction des policiers.

Libérée après plusieurs heures de garde à vue et une forte mobilisation de plusieurs députés, cette dernière a annoncé, ce vendredi, porter plainte auprès de l'IGPN contre les forces de l'ordre. De leur côté, trois policiers ont annoncé vouloir également déposer plainte contre la soignante.

"Symbolique"

Ce vendredi, dans une interview accordée à Mediapart, l'infirmière est revenue sur la journée de mardi. Selon elle, son geste était "symbolique" et ne "visait pas les forces de l'ordre. Je ne voulais pas blesser quelqu'un."

"On vient manifester et on nous gaze. On asphyxie déjà dans les hôpitaux, qu’est-ce que vous voulez de plus? Ça veut dire que même quand on vient vous dire ‘au secours, on ne va pas bien’, vous rajoutez des gaz pour qu’on se taise. C’est toute cette symbolique que ça a pris dans ma tête", développe-t-elle.

Pour autant, quelques secondes plus loin, cette dernière explique également regretter son geste.

" Je ne devais pas faire ça bien sûr", assure-t-elle.

"C'est un cauchemar"

Également interrogée sur sa garde à vue, l'infirmière a détaillé les longues heures passées au commissariat à la suite de son interpellation.

"Être menottée pendant 8h parce qu’il n’y avait pas de cellule. J’étais menottée à un banc, de mon arrivée au commissariat jusqu’à minuit. Je suis sortie à 16h, j’ai dormi dans un autre commissariat", détaille l'infirmière.

Visiblement encore choquée et éprouvée par son arrestation, elle assure encore souffrir de ses blessures au front et dans le cuir chevelu.

"C’est un cauchemar. [...] Je ne réalise pas encore ce qui s’est passé. Je ne m’attendais pas du tout à ça, pour moi ce n’était pas possible. Je n’étais pas là pour ça, pour me faire massacrer ni jeter des cailloux. J’étais là pour revendiquer mes droits, manifester, et lorsque je me suis retrouvée au sol, à avoir de la boue dans la bouche, je n’ai rien compris", ajoute-t-elle.

"On s’est constitués en soldats"

En guise de conclusion, Farida adresse un message à Emmanuel Macron, qui au plus fort de la crise du coronavirus avait estimé que la France était "en guerre."

"Il nous a confié la santé des Français pendant deux mois et on a été présents. On s’est constitués en soldats, tout le monde a pris la responsabilité et mesuré l’ampleur. Nous sommes tous devenus des soldats, les soignants ont répondu présents. Il a demandé aux Français de nous applaudir et j’étais très émue, enfin on a de la reconnaissance, le monde prend conscience de la souffrance des soignants", termine-t-elle.

Article original publié sur BFMTV.com

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