Casserolades : "Ce ne sont quand même pas les Français qui travaillent", estime Gabriel Attal

Le ministre délégué chargé des Comptes publics est accusé de diviser les Français, après ses propos lors d'un déplacement perturbé par des manifestants.

"Ceux qui ont le temps, en pleine semaine, d'aller accueillir des ministres de 14 heures à 18 heures, a priori ce ne sont quand même pas les Français qui travaillent, qui ont des difficultés au quotidien pour boucler leurs fins de mois". Après un déplacement une nouvelle fois perturbé par des concerts de casseroles ce mardi, une habitude depuis plusieurs semaines, Gabriel Attal, ministre délégué chargé des Comptes publics, a pointé du doigt ces manifestants qui viennent accueillir les membres du gouvernement lors de leurs déplacements partout en France.

Un élément de communication du ministre

Une phrase qui ne semble pas lui avoir échappé mais qui ressemble davantage à un élément de communication, puisqu'invité de la matinale de RTL quelques heures plus tôt, il évoquait déjà les Français "qui sont en train d’aller travailler ou d’emmener leurs enfants à l’école", les opposant aux manifestants qui perturbent les déplacements des ministres : "Je ne suis pas sûr que ce sont des personnes qui peuvent se permettre d’aller de 14 heures à 18 heures en pleine semaine attendre un ministre".

Les casserolades, une tradition lancée depuis l'allocution d'Emmanuel Macron à 20h le 17 avril dernier, et qui s'est propagée à tous les déplacements du président comme des ministres, comme à la gare de Lyon lundi 24 avril pour attendre le ministre de l'Éducation Pap Ndiaye.

Après les propos d'Emmanuel Macron, qui affirmait que "Ce n'est pas les casseroles qui font avancer la France", la sortie de Gabriel Attal fait polémique.

La réponse d'un manifestant

Des propos auxquels un participant à une casserolade en Charente-Maritime pour perturber le déplacement de la secrétaire d'État chargée de l'Écologie Bérangère Couillard a répondu : "Bonsoir @GabrielAttal. Il est 2h. Je finis enfin ma journée de travail. Ce matin je participais à la #casserolade d’accueil de @BCouillard33. Je suis ni permanent syndical, ni d’ultra gauche. Juste en colère comme la majorité des français. Bonne nuit dans votre ministère", écrit-il.

Premier élément à revenir dans les commentaires, le fait que Gabriel Attal n'a jamais connu autre chose que la politique dans sa vie professionnelle, le discréditant aux yeux des observateurs pour parler "des Français qui travaillent".

"Gabriel Attal semble ne pas connaitre la réalité du monde du travail"

En effet, comme le rappelait 20Minutes dans un portrait de 2018 de celui qui était à l'époque nommé secrétaire d'État, Gabriel Attal a scolarisé à l’École alsacienne, un établissement privé à Paris, avant d’intégrer Sciences Po Paris. En 2012, à seulement 23 ans, il entre au cabinet de la ministre de la Santé Marisol Touraine, après avoir effectué auprès d'elle un stage durant la campagne présidentielle, alors qu'elle siégeait à l'Assemblée nationale.

Une situation sur laquelle a notamment surfé Marine Tondelier, secrétaire nationale d'EELV, qui a pointé du doigt sa méconnaissance du monde du travail : "Gabriel Attal semble ne pas connaitre la réalité du monde du travail : RTT, chômage, travaux précaires, temps partiel, horaires de nuit, droit de grève, vacances...".

Des propos illustrés par de nombreux internautes avec leur situation personnelle.

"Aucune leçon à recevoir de ce ministre, formé dans l’entre-soi bourgeois"

Autre critique suite à ces propos, cette fois-ci en lien avec le patrimoine de Gabriel Attal. "Aucune leçon à recevoir de ce ministre, formé dans l’entre-soi bourgeois à l’école alsacienne, et dont les actifs financiers s’élèvent 1,59 million d’€", écrit le député insoumis Thomas Portes.

Selon la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique (HATVP), Gabriel Attal détient notamment une assurance vie supérieure à 1,4 million d’euros, ainsi que 61 000 euros sur son compte courant et près de 70 000 euros sur un PEL.

Au-delà de la situation de Gabriel Attal, cette sortie reflète, pour le député Insoumis Ugo Bernalicis "toute la condescendance et le mépris macroniste (...). Certains diraient immonde, d’autres disent que c’est la marque de fabrique de ce gouvernement", le député faisant référence aux "petites phrases" distillées notamment par le président Emmanuel Macron depuis son élection en 2017.

L'Hérault en vacances scolaires

Sans oublier, comme le font remarquer ironiquement certains internautes, que l'Hérault se trouve actuellement en période de vacances scolaires...

"Je n'ai pas les moyens de partir en vacances alors je vais passer mes congés à faire des casserolades. Et dans les casserolades, il n'y a que des gens qui travaillent. Il y a des gens en 3x8 qui se relaient. J'ai fait du tractage avant d'aller au travail", expliquait sur RMC Isabelle, accompagnatrice d'élèves en situation de handicap (AESH), et manifestante.

Prochaine étape le 1er mai, un jour férié qui laissera du temps aux centaines de milliers de manifestants attendus selon les renseignements de défiler dans les rues de nombreuses villes, à l'occasion de la Fête du Travail.

VIDÉO - Macron accueilli à Vendôme par un concert de casseroles