"C'est une robe comme les autres" : des lycéennes dans l'incompréhension après l'interdiction de l'abaya

Pour la majorité des lycéennes interrogées, l'abaya n'est pas un habit religieux, mais un vêtement facile à porter "quand on a la flemme" qui ne concerne pas que les musulmanes.

Une mesure choc et des incompréhensions. Comme l'a annoncé dimanche le ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, le port de l'abaya va être interdit à l'école en France. Une décision prise au nom de la laïcité et censée mettre fin aux controverses autour de cette longue robe traditionnelle portée par certaines élèves musulmanes.

"Plein de chrétiennes en mettent"

Chez les principales concernées, on ne comprend pas cette décision du gouvernement, et on assure que cette robe n'a en réalité pas de connotation religieuse.

"C'est une robe comme les autres pour sortir, pour ne pas montrer ses formes, quand on n'a pas envie de s'habiller, quand on a la flemme. C'est un truc facile à mettre, à enlever. Ça n'a rien à voir avec la religion", explique une lycéenne rencontrée par BFMTV.

Pour une seconde, il est impossible de dire avec certitude que seules les élèves musulmanes portent cet habit traditionnel. "Il y a plein de chrétiennes qui en mettent", assure-t-elle.

"J'en connais dans mon lycée car ce n'est pas du tout une tenue religieuse. Moi je ne comprends pas, je suis juste choquée", explique encore la jeune femme.

"Pas là pour provoquer"

Au cours de cette journée de mardi, Gabriel Attal doit, lors d'une prise de parole devant les représentants des chefs d'établissements scolaires, exposer les modalités de cette interdiction en milieu scolaire. "Ça ne va pas m'arrêter", explique une lycéenne qui se dit prête à braver l'interdiction, tandis que d'autres assurent vouloir respecter les nouvelles règles.

"On n'est pas là pour provoquer. Je ne vais plus en mettre car ce serait moi la perdante, je vais rater des heures de cours et tout. Je suis obligée de m'habituer vu que je vis en France, mais c'est vraiment injuste", ajoute une étudiante, toujours à BFMTV.

La question de ce vêtement traditionnel reste sensible, le Conseil français du culte musulman (CFCM) estimant de son côté que l'abaya, une longue robe couvrant le corps féminin, n'est pas un signe religieux musulman. Son port est "plus ambivalent qu'un voile" selon Haoues Seniguer, maître de conférence à l'IEP de Lyon et spécialiste de l'islamisme.

L'Éducation nationale s'était déjà emparée de l'abaya en novembre, dans une circulaire qui considérait ce vêtement - comme les bandanas et les jupes longues, également cités - comme des tenues pouvant être interdites si elles sont "portées de manière à manifester ostensiblement une appartenance religieuse".

Article original publié sur BFMTV.com

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