Covid-19 : quelle est la situation chez nos voisins européens ?

Évoquant une évolution de l'épidémie "très préoccupante", le gouvernement allemand veut agir rapidement afin d'éviter une situation similaire à celle que connaît actuellement la France.

La France fait face à une forte augmentation des cas de Covid-19 ces dernières semaines, obligeant le gouvernement à imposer des mesures complémentaires dans certains départements. Quelle est la situation chez nos voisins européens ? Tour d’horizon.

L’évolution de l’épidémie de Covid-19 en France inquiète le gouvernement et de nombreux experts. Par conséquent, un dispositif de division du territoire en différents niveaux d’alerte a été instauré la semaine dernière afin de prendre des mesures complémentaires dans les départements les plus touchés par le virus.

Si le gouvernement indique faire son possible pour éviter un reconfinement national ou même local, une nouvelle hausse considérable des cas pourrait l’obliger à prendre de nouvelles mesures drastiques. Chez nos voisins européens, certains n’ont pas hésité à reconfiner une partie de leur population, tandis que d’autres assouplissent déjà les mesures sanitaires malgré la hausse des contaminations.

Le Royaume-Uni serre la vis

Comme en France, les cas de contamination sont repartis à la hausse au Royaume-Uni, obligeant Boris Johnson à durcir les règles sociales. Réticent à l’idée de mettre en place un nouveau confinement généralisé, le Premier ministre britannique a décidé d’installer des restrictions pour les zones les plus touchées du pays : le nord, le nord-ouest et le centre.

Dans ces zones, les britanniques ne peuvent plus se rassembler entre différents foyers, la vente à emporter est interdite dans les pubs et les lieux de divertissement doivent fermer entre 22h et 5h du matin. Dans tout le pays, les amendes pour le non-port du masque ont doublé, passant de 100 à 200 livres sterling (entre 110 et 240 euros). De plus, les personnes testées positives qui refusent de se confiner peuvent désormais recevoir une amende de 1000 livres, allant jusqu’à 10 000 livres (11 000 euros) en cas de récidive. Depuis dimanche, la moitié du Pays-de-Galles fait l’objet d’un confinement local, il est par exemple interdit d’entrer ou de sortir de Cardiff sans motif professionnel.

Ces nouvelles mesures n’ont pas fait que des heureux dans le pays et ont donné lieu à des manifestations, notamment à Londres, où la tension est montée entre manifestants et forces de l’ordre.

Le Royaume-Uni est le pays européen qui comptabilise le plus de décès liés au coronavirus et les nouveaux cas quotidiens ont dépassé la barre des 6000 depuis plusieurs jours.

La Belgique assouplit

Mercredi dernier, les autorités belges ont décidé d’assouplir les dispositifs mis en place pour lutter contre l’expansion du virus. Si ces mesures vont à l’encontre de ce que font la plupart des pays européens, Sophie Wilmès, la Première ministre, voit la situation d’un autre œil : “Il vaut mieux une règle plus souple à laquelle on adhère qu’une règle trop stricte à laquelle on n’adhère pas”.

S’il reste obligatoire dans les rues les plus fréquentées, le port du masque ne sera plus obligatoire partout et tout le temps dans les grandes villes. La bulle sociale, qui autorisait à voir 5 personnes en dehors du milieu familial, a été supprimée et le gouvernement recommande désormais uniquement de limiter les contacts et de respecter les gestes barrières. Les mariages et les autres fêtes privées pourront à nouveau être organisés sans limitation du nombre d’invités.

La Belgique est le pays européen qui comptabilise le plus de morts par rapport à son nombre d’habitants et le deuxième dans le monde derrière le Pérou. La semaine dernière, les chiffres de nouvelles contaminations étaient en hausse de près de 60% par rapport à la semaine précédente et le nombre quotidien d’hospitalisations a augmenté de 23%.

L’Allemagne s’inquiète

Bien que moins touché que d’autres pays comme la France, le Royaume-Uni ou l’Espagne, l’Allemagne évoque ce lundi une évolution “très inquiétante” du nombre d’infections dans le pays. Déjà la semaine dernière, la Bavière a décidé de durcir ses restrictions notamment à Munich, en imposant le port du masque dans le centre-ville, et le droit de se réunir a de nouveau été limité à un cercle de deux familles ou de cinq personnes sans lien de parenté.

En raison d'une recrudescence de la pandémie de Covid-19 en Europe, l’Allemagne a étendu sa liste de régions à risque dans 11 pays européens, dont la France. Le ministre de la Santé a appelé les citoyens à utiliser l’application de traçage, déjà téléchargée par 20% des allemands.

Mardi, Angela Merkel doit discuter avec les dirigeants des 16 Länder pour mettre en place d’éventuelles nouvelles mesures qui pourraient notamment concerner les réunions familiales. La ville de Berlin semble particulièrement inquiéter la chancelière, qui souhaiterait des mesures spécifiques de la part des autorités berlinoises dans la capitale.

Ces derniers jours, l’Allemagne enregistrait entre 1500 et 2500 nouveaux cas de coronavirus chaque jour.

L’Italie, bon élève de la deuxième vague

Très durement touchée lors de la première vague de l’épidémie, l’Italie gère désormais bien l’arrivée de la deuxième vague, à tel point que le pays fait figure d’exception en Europe. Si aucune mesure de confinement n’est d’actualité, l’Italie est encore en état d’urgence, ce qui facilite la mise en place des mesures au fil des jours, et n’a donc hésité à durcir certaines règles.

La politique d’entrée sur le territoire pour les voyageurs français a été revue, les discothèques en plein-air ont de nouveau été fermées, certaines écoles sont encore fermées et le port du masque obligatoire dans de nombreuses villes est semble-t-il bien plus respecté que dans d’autres pays. Dans les lieux qui accueillent du public, les personnes doivent porter le masque, se laver les mains, se faire prendre la température et remplir un formulaire avec ses coordonnées pour pouvoir être contacté si besoin. Une politique de traçage combinée à une bonne politique de tests qui permettent à l’Italie de désormais mieux gérer la crise que ses voisins.

L’OMS s’est même permis de féliciter le gouvernement italien qui a “réagi avec force” à cette épidémie. Depuis plusieurs jours, l’Italie enregistre entre 1500 et 2000 nouveaux cas par jour.

Vers un reconfinement en Espagne ?

Premier pays européen a avoir été touché début septembre par une forte hausse de nouveaux cas, l’Espagne a durci les mesures sanitaires notamment en confinant une partie de sa population. Madrid étant devenu l’épicentre de l’épidémie en Europe, plus d’un million de personnes de la capitale et sa banlieue, soit 15% de la population de la région, ne peuvent désormais sortir de leur quartier que pour quelques raisons précises : aller au travail, aller chez le médecin ou emmener ses enfants à l’école. Une décision qui a provoqué la colère de nombreux citoyens qui refusent d’être à nouveau confinés, mais également du gouvernement central qui juge ces mesures insuffisantes.

La présidente de la région madrilène Isabel Díaz Ayuso a annoncé : “Je ne peux pas concevoir un reconfinement exclusif de Madrid. C’est toute l’Espagne ou rien, par le biais de l’État d’alerte”. Des mots qui font de plus en plus douter la population espagnole sur la possibilité d’un reconfinement.

Si la région de Madrid est la plus impactée par le virus, le risque de contagion reste globalement très élevé à travers tout le pays. De plus, le manque de médecins dans le pays ne fait qu’aggraver la situation, comme le révèle Le Monde.

L’Espagne est le pays qui détient le triste record du nombre de contagions en Europe avec plus de 715 000 cas.

Le Portugal prolonge ses restrictions

Avant la rentrée scolaire de la mi-septembre, le Portugal avait durci ses restrictions en limitant les rassemblement de 20 à 10 personnes dans tout le pays et en interdisant la vente de boissons alcoolisées après 20 heures. En fin de semaine dernière, le gouvernement a décidé de prolonger l’état d’urgence sanitaire au moins jusqu’au 14 octobre, afin de prolonger les mesures déjà mises en place comme la fermeture des commerces à 23 heures maximum. Le gouvernement a également décidé de prolonger l’interdiction des festivals et autres grand événements publics jusqu’à la fin de l’année.

La ministre de la Présidence Mariana Vieira da Silva a déclaré lors d’une conférence de presse que le gouvernement réévaluerait la situation dans deux semaines, comme le rapporte le site Challenges. Depuis 5 semaines, le nombre de nouveaux cas ne cesse d’augmenter dans le pays, ce qui a valu au Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) de classer le Portugal parmi les pays affichant une “tendance inquiétante”.

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