Covid-19 : pourquoi le Conseil scientifique redoute que le variant brésilien ne se propage cet été ?

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Dans son dernier avis consacré au variant brésilien P1, le Conseil scientifique met en garde contre la progression de ce variant en France cet été.

Le variant brésilien P1 ne représente que 0,3% des nouvelles contaminations en France selon les dernières données de Santé Publique France. Pourtant, ce variant de Manaus inquiète les autorités scientifiques. Dans son dernier avis dédié au variant P1 et transmis au gouvernement le 16 avril, le Conseil scientifique alerte sur "un risque d’extension du variant BR-P1 doit être pris en compte durant l’été 2021".

Une crainte de montée en puissance du variant de Manaus motivée par plusieurs éléments. Tout d'abord, l'effet de la vaccination de la population : si elle n'est que partielle cet été, à savoir une seule dose sur les deux nécessaires, elle pourrait contribuer à faire augmenter le nombre d'infections au variant P1.

La France pour l'instant protégée du variant P1 par le variant britannique

Pour le Conseil scientifique, "la France métropolitaine est probablement en partie protégée actuellement par la présence du variant" britannique face au variant P1, qui reste très minoritaire en métropole.

Pourquoi ? Car le variant P1 serait un peu moins contagieux que le variant britannique, mais plus que la souche d'origine du virus, selon plusieurs études. Ce qui lui permet de remplacer la souche d'origine, mais pas le variant britannique, qui conserve "un avantage". C'est ce principe qui a permis en France au variant britannique de remplacer la souche de base du virus, depuis cet hiver.

Le variant P1 pourrait grimper si le variant britannique diminue

C'est d'ailleurs l'élément principal pour expliquer la faible présence de ce variant P1 en Europe et en France, où le variant britannique est largement dominant et résiste donc au variant brésilien P1. En revanche, le variant P1 est largement répandu en Amérique latine et en Guyane, où le variant britannique est moins présent.

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Mais, note le Conseil scientifique, cette "résistance" au variant brésilien pourrait changer à l'été, "si on observe une baisse du variant britannique et une couverture vaccinale avec les vaccins à ARNm en hausse, mais à un niveau encore insuffisant".

La vaccination devrait faire diminuer le variant britannique

Théoriquement, au moins 30 millions de Français auront reçu au moins une dose de vaccin au début de l'été, et "tous les Français qui le souhaitent" auront pu être vacciné d'ici la fin de l'été selon les objectifs du gouvernement.

Tous les vaccins actuellement injectés étant efficaces contre le variant britannique, la campagne vaccinale massive devrait faire drastiquement baisser la circulation du variant britannique en France, comme on a pu l'observer en Israël. Aujourd'hui le variant britannique représente plus de 83% des nouvelles contaminations, selon Santé Publique France.

Des vaccins moins efficaces face à certains variants

Sauf que certains vaccins à adénovirus comme AstraZeneca sont moins efficaces contre les variants sud-africains et brésiliens, qui comportent la mutation E484K. C'est notamment pour cela que la vaccination avec AstraZeneca est déconseillée en Moselle, département où ces variants circulent plus activement. En revanche, les vaccins à ARNm, comme Moderna et Pfizer, restent efficaces face à ces variants.

Le vaccin AstraZeneca a une part importante en France malgré des restrictions liées à l'âge, avec 3,5 millions de doses d'AstraZeneca injectées en France, sur les 17 millions de doses injectées au total dans le pays.

C'est la crainte du Conseil scientifique : une baisse du variant britannique grâce à la vaccination, mais une couverture vaccinale avec les vaccins à ARNm insuffisante pour faire face à la menace du variant P1, qui pourrait venir d'autres pays, voire de Guyane.

La crainte des cas importés de Guyane

Car ce variant de Manaus circule déjà sur le territoire Français de manière importante, en Guyane, qui partage plus de 700 km de frontière terrestre avec le Brésil.

Dans ce territoire, l’incidence augmente fortement depuis 4 semaines avec une présence très majoritaire du variant BR-P1, un variant anglais minoritaire et une transmission locale avérée. Selon Santé Publique France, les variants brésilien et sud-africain, représentent 77,6% des nouvelles contaminations en Guyane.

Anticiper les commandes des vaccins adaptés au variant

Pour éviter une importation massive du variant brésilien de la Guyane vers la métropole, le Conseil scientifique recommande notamment un isolement strict pour les voyageurs non-vaccinés à leur arrivée en métropole.

Face à cette potentielle menace et la diffusion du variant P1 pendant l'été, le Conseil scientifique appelle à anticiper les commandes des vaccins ciblés sur les nouveaux variants, et à accélérer la vaccination avec Pfizer et Moderna en Guyane, où 29.9% des habitants se disent certains de ne pas se faire vacciner.

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