Covid-19: pourquoi les membres du gouvernement ne se feront pas vacciner en priorité

Le Premier ministre Jean Castex et le ministre de la Santé Olivier Véran le 3 décembre 2020 - BENOIT TESSIER / POOL / AFP
Le Premier ministre Jean Castex et le ministre de la Santé Olivier Véran le 3 décembre 2020 - BENOIT TESSIER / POOL / AFP

Environ un million de personnes devraient être vaccinées lors de la première phase de vaccination contre le Covid-19, qui est prévue début janvier 2021, a déclaré le Premier ministre Jean Castex jeudi soir. Les résidents et personnels des Ehpad seront d'abord concernés, suivant les recommandations de la Haute autorité de santé.

Les doses étant limitées, Jean Castex a rappelé que "tout le monde" ne pourrait pas "se faire vacciner immédiatement". Interrogé sur la possibilité de faire vacciner en priorité le gouvernement, notamment pour rassurer la population, il a répondu par la négative.

Rassurer les Français se méfiant du vaccin

Cette méthode pourrait présenter un certain intérêt en France, où une importante partie de la population reste très méfiante face à ce vaccin. Selon un sondage Elabe pour BFMTV le 25 novembre, près d'un Français sur deux ne compte pas se faire vacciner contre le Covid-19 dans les prochains mois.

"Je pense qu'il faut suivre notre stratégie vaccinale et que les premiers responsables du pays doivent s'y conformer, ce que je fais en toute circonstance", a déclaré Jean Castex.

Aux États-Unis, le président élu Joe Biden et les anciens présidents américains Barack Obama, George W. Bush, Bill Clinton se sont dits prêts à se faire vacciner publiquement contre le Covid-19 afin d'encourager leurs concitoyens à en faire de même. Mais ils ont précisé qu'ils laisseraient les personnes les plus vulnérables face au coronavirus recevoir les premières doses disponibles.

"D'aucuns pourraient considérer que c'est un passe-droit"

C'est également la stratégie du gouvernement français. "Dès que ce sera possible moi je me ferai vacciner, je pense que ce sera le cas de tous les membres du gouvernement", expliquait ce vendredi sur BFMTV le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, "mais je rappelle que nous ne sommes pas public prioritaire, donc laissons d'abord les personnes prioritaires se faire vacciner, et puis nous ça viendra le moment venu".

Pas question toutefois pour Bruno Le Maire de faire une démonstration à l'américaine quand son tour de vacicn viendra: "Pas la peine de faire de la publicité autour de cela, je pense que cela peut se faire discrètement".

"Je ne figure pas dans les publics prioritaires déterminés par la HAS", avait déjà déclaré Jean Castex jeudi soir, pour qui, si les ministres étaient vaccinés en priorité, "d'aucuns pourraient considérer que c'est un passe-droit".

"Je pense que les deux solutions se regardent", a expliqué ce vendredi sur France Info le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal. "Maintenant je suis sûr que si on le faisait en premier sans respecter les recommandations, on nous dirait 'finalement est-ce que vous ne vous servez pas avant les autres?'". Même s'il concède qu'il n'y a "pas de solution idéale" sur le sujet, il rejoint le Premier ministre qui "a raison de dire qu'il faut respecter les recommandations sanitaires".

"Attendre le printemps, peut-être l'été"

Les membres du gouvernement encouragent dans le même temps les populations concernées par les premières phases à se faire vacciner, Jean Castex parlant d'un "acte altruiste". Et ce en attendant leur propre tour.

"Les Français de mon âge doivent attendre le printemps, peut-être l'été, pour se faire vacciner", explique par exemple Gabriel Attal, âgé de 31 ans.

La HAS a découpé le calendrier vaccinal en cinq phases, recommandant de vacciner en premier lieu les personnes les plus fragiles - globalement les personnes âgées, celles atteintes de comorbidité ou celles particulièrement exposées au coronavirus - avant de se diriger, en fonction des doses de vaccin disponibles, vers la population générale de plus de 18 ans.

Article original publié sur BFMTV.com