Publicité

Priorisation, innovation : la nouvelle stratégie de dépistage du Covid-19 est-elle la bonne ?

Face à des laboratoires débordés et à des temps d'attente trop longs, le gouvernement tente une nouvelle stratégie de dépistage du Covid-19 : laisser la priorité à certains groupes  et s'appuyer sur les innovations.
Face à des laboratoires débordés et à des temps d'attente trop longs, le gouvernement tente une nouvelle stratégie de dépistage du Covid-19 : laisser la priorité à certains groupes et s'appuyer sur les innovations.

Laboratoires surchargés et résultats tardifs, la politique de dépistage du Covid-19 commence à poser des problèmes. Pour tenir le rythme, le gouvernement français mise sur la priorisation et l’innovation. D’autres pays ont également fait ce choix.

Des heures de queue, des rendez-vous tardifs, des résultats qui se font attendre plusieurs jours, des laboratoires surchargés et des personnels à bout... Depuis quelques semaines, dans certains départements, c’est un véritable parcours du combattant pour faire les dépistages du Covid-19. Olivier Véran l’a d’ailleurs reconnu lors de son allocution du 17 septembre : le pays fait face à “des difficultés organisationnelles sur les tests”.

Alors, après une première phase - au plus fort de la crise de Covid-19 - où les dépistages étaient très limités, et la phase de tests tous azimuts lancée au début de l’été, le gouvernement a décidé de changer une fois de plus son fusil d’épaule, avec une nouvelle stratégie mêlant priorisation et innovation.

Des groupes prioritaires

Désormais, plusieurs centres de dépistage - 20 en Île-de-France - doivent proposer des plages horaires réservées aux personnes dites prioritaires : celles qui ont une prescription médicale, des symptômes, qui sont cas contacts à risque ou qui sont personnels de santé, d’Ehpad ou aides à domicile.

Le but affiché n’est pas de réduire la quantité de tests effectués - Olivier Véran s’est d’ailleurs félicité des 1,2 million de dépistages réalisés en une semaine. Il s’agit plutôt de pouvoir offrir aux personnes dites prioritaires un accès et un résultat plus rapide.

En parallèle, le pays s’appuie sur des innovations pour tenter de désengorger les laboratoires. Depuis le 16 septembre, les kinésithérapeutes font partie des personnels autorisés à réaliser les tests par prélèvement nasal.

Des tests plus rapides

Ce même jour, un arrêté du Journal Officiel donnait le feu vert pour l’utilisation des tests antigéniques. Expérimenté en condition réelle en Île-de-France depuis le 9 septembre, ce système de dépistage - qui passe également par un prélèvement nasal par écouvillon - est plus rapide que le PCR, puisqu’il offre un résultat en 20 à 30 minutes. Le problème, c’est que ces tests sont, en revanche, moins sensibles. “Le risque est de passer à côté des faibles charges virales, en début d’infection par exemple”, commente Lionel Barrand, président du Syndicat des jeunes biologistes médicaux (SJBM) dans Le Monde.

L’idée est d’utiliser ces tests pour les opérations de dépistage massif, mais ils ne sont pas destinés aux personnes “prioritaires”, qui auraient des symptômes ou seraient cas contacts. D’autant qu’en cas de résultat positif au test antigénique, il faut confirmer avec un test PCR.

L’autre nouveauté, sur laquelle le gouvernement n’a pas encore tranché mais pour laquelle la Haute Autorité de Santé a rendu un avis favorable le 18 septembre, c’est le test salivaire. Ce type de dépistage est conseillé pour les personnes symptomatiques qui auraient des difficultés avec le prélèvement nasal - notamment les enfants et les personnes âgées. Ce prélèvement, plus rapide à faire, est même réalisable chez soi. Le temps d’analyse est en revanche le même que le PCR classique par écouvillon. Dans son allocution du 17 septembre, Olivier Véran a assuré que le gouvernement se prononcerait rapidement sur le sujet, rappelle Europe 1.

Dispositif inédit en Polynésie

La Polynésie française a, elle aussi, opté pour l’innovation face à un territoire fait d’îles et à un manque de personnel de santé. Les voyageurs qui atterrissent à l’aéroport de Tahiti se voient remettre un kit d’auto-prélèvement, comme le précise Europe 1. Quatre jours après leur arrivée, ils doivent effectuer un prélèvement dans le nez et dans la gorge, qu’ils renvoient pour analyse. Plus de 97% s’y plient, précise Franceinfo. Un dispositif inédit en France.

Ailleurs aussi, on tente de s’organiser pour faire face à la nécessité de tester en grande quantité. Le Rwanda mise par exemple sur le “pooling”. Il s’agit de s’appuyer sur les tests classiques, mais c’est l’analyse qui diffère. Les prélèvements, au lieu d’être analysés séparément, sont regroupés - de 20 à 50, décrit The Conversation. Un seul réactif est donc utilisé pour tous ces prélèvements. S’il est négatif, cela signifie qu’aucune des personnes du regroupement n’a le coronavirus. En cas de résultat positif, il faut refaire une analyse individualisée de tous les membres du groupe. Comme le précise The Conversation, cette méthode est surtout utile dans les lieux où le taux de positivité est faible.

Restriction des tests à venir en Allemagne

Le Royaume-Uni, de son côté, s’appuie sur un dépistage restreint aux seules personnes symptomatiques, cas contacts ou travaillant dans des secteurs à risque, précise le JDD. Ce qui n’empêche pas le pays d’être débordé. Selon The Guardian, des laboratoires ont été obligés d’envoyer plus de 180 000 échantillons en Italie et en Allemagne faute de pouvoir les analyser eux-mêmes en temps et en heure. Face aux critiques, et malgré les difficultés actuelles, Boris Johnson a promis que 500 000 tests pourraient être réalisés quotidiennement d’ici la fin octobre.

L’Allemagne, jusqu’ici bonne élève - le pays a opté pour une politique de dépistage massif dès le printemps - fait face à quelques difficultés. Les laboratoires commencent à être débordés, au point que des restrictions sur la gratuité des tests devraient être appliquées prochainement, selon Franceinfo, notamment pour les personnes revenant de l’étranger.

En termes de quantité de tests réalisés, les pays européens sont très inégaux. Le Danemark effectue 7,2 tests pour 1 000 habitants selon les chiffres du 20 septembre, contre 3,41 pour 1 000 au Royaume-Uni, 2,27 en France, 1,91 en Allemagne et 0,89 en Italie. La traduction de politiques de santé bien différentes.

NOS ARTICLES SUR LE CORONAVIRUS

>> Test, arrêt maladie, température... qu'est-ce que votre employeur peut vous imposer ?

>> Ce que l'on sait et ce qu'on ignore encore sur la deuxième vague en France

>> Transmission aérienne : qu'est ce que ça change ?

>> Quels sont les lieux les plus propices aux clusters ?

>> Immunité collective, chloroquine, aérosol... Le petit lexique du coronavirus

Ce contenu peut également vous intéresser :