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"Il m'a effleuré le sein" : une victime d'agressions sexuelles dans une auto-école témoigne

Judith a déposé plainte après avoir été victime d'agressions sexuelles par son moniteur d'auto-école. Des semaines plus tard, celui-ci exerce toujours dans son établissement.

Que se passe-t-il dans le huis clos d'une voiture d'auto-école? Des élèves brisent à leur tour le silence en révélant les agressions sexuelles dont elles ont été victimes de la part de leur moniteur, comme Judith, qui a accepté de témoigner au micro de BFMTV.

Le 26 août dernier, cette jeune femme se trouve depuis 25 minutes dans une voiture d'auto-école pour sa 25ème heure de conduite avec un moniteur qu'elle ne connaît pas, quand un premier incident survient.

"J'avais un problème avec ma fenêtre, il m'a effleuré le sein avec son bras gauche et j'ai pas tilté tout de suite, je me suis dit 'c'est une erreur'", se souvient-elle.

"Ça fait des années que ça dure"

Elle décide donc de continuer son trajet. Mais quelques instants plus tard, alors qu'elle rentre dans le véhicule après être allée aux toilettes, elle est victime d'une nouvelle agression sexuelle.

"On est en chemin pour rentrer, et là je vois à côté de moi les mouvements de quelqu'un qui se masturbe, je vois un pénis en érection" raconte la conductrice, avant de poursuivre:

"J'ai très très peur, je lui dis 'arrête ce que tu fais tout de suite', il me regarde et il me dit 'de quoi tu me parles? Je ne fais rien'. Je vois qu'il range un truc et je lui dis 'ah non je croyais'... En fait, j'avais trop peur".

Une fois son cours de conduite terminé, Judith s'empresse de raconter ce qui s'est passé à ses proches et décide de porter plainte une semaine plus tard. Les jours passent mais sans nouvelle des poursuites engagées, elle décide de rappeler le commissariat.

"J'apprends non seulement qu'il y a d'autres victimes, que ça fait des années que ça dure, mais aussi qu'ils ne souhaitent pas, pour une raison qui m'est complètement inconnue, virer le mec. Donc il travaille encore là-bas", fustige-t-elle.

Une domination par l'âge et le statut

Ces agressions sexuelles sont nourries par le huis clos de la voiture et la relation d'autorité entre le moniteur et ses élèves, selon un professionnel du secteur qui a déjà renvoyé un employé aux comportements déplacés.

"Si on a des doutes dans une auto-école et qu'on veut vraiment éradiquer ça, il faut mettre une caméra dans la voiture", conseille l'homme.

Pour Fatima Benomar, militante féministe, "il faut comprendre que dans toutes les sphères où il y a un rapport d'autorité, de coercition, de subordination, il va y avoir des violences sexistes et sexuelles, et encore plus dans les auto-écoles où il y a une domination par l'âge, le statut, où on a l'impression d'avoir des jeunes filles à disposition".

Elle rappelle par ailleurs que les témoignages médiatisés ou les plaintes déposées par les victimes ne sont que "le haut de l'iceberg", et appelle à une meilleure formation des moniteurs d'auto-école. Si celle-ci a fait l'objet d'une réforme en 2016, elle ne contient pas de cours de sensibilisation aux violences sexistes et sexuelles, selon Le Monde.

Au moins 18 condamnations en 5 ans

Patrick Mirouse, président des écoles de conduite françaises, rappelle par ailleurs qu'il "y a un dispositif judiciaire" qui empêche "tout formateur qui aurait commis un délit sexuel d'avoir son autorisation d'enseigner renouvelée". En effet, l'obtention de cette autorisation nécessite d'avoir un casier judiciaire vierge.

Depuis 2017, au moins 18 moniteurs de conduite ont été condamnés pour des faits de violences sexuelles commis pendant qu'ils exerçaient leurs fonctions, selon le décompte effectué par Libération.

Article original publié sur BFMTV.com

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