La fête du travail ou des travailleurs ? Ce 1er mai, les députés macronistes repris par la gauche

Olivier Faure, Mathilde Panot, Jean-Luc Mélenchon… Plusieurs élus de gauche accusent le camp présidentiel de reprendre la terminologie du régime de Vichy.

POLITIQUE - Le 1er mai, ses défilés, son muguet… Et Philippe Pétain. Depuis plusieurs années, les responsables politiques de gauche reprennent de volée leurs collègues d’autres horizons qui parlent de la Fête du Travail, plutôt que de la Fête des travailleurs. Une terminologie qui remonte à Vichy et au régime collaborationniste.

Ce 1er mai, ce sont donc les députés Renaissance (le nouveau nom de La République en marche) qui sont pointés du doigt. Le compte Twitter officiel du parti a effectivement publié un message dans la matinée glorifiant les valeurs de « travail » et de « solidarité », comme vous pouvez le voir ci-dessous.

« Sans travail, pas de création de valeur ; sans création de valeur, pas de redistribution et de solidarité. En ce 1er mai, nous réaffirmons notre attachement à ces valeurs fondamentales que sont le travail et la solidarité », est-il ainsi écrit dans ce message très politique, relayé par plusieurs élus du camp présidentiel.

Jean-Luc Mélenchon reprend Élisabeth Borne de volée

Il n’en fallait pas davantage pour susciter les critiques de nombreux parlementaires de la gauche, qui ne manquent pas de rappeler l’histoire à leurs collègues. « Renaissance de quoi ? Parce que l’appellation ’fête du travail’ c’est le régime de Vichy, cingle par exemple Olivier Faure, le Premier secrétaire du PS. Pour tous les autres c’est la journée internationale de lutte pour les droits des travailleurs… »

« “ Fête du travail” est une expression pétainiste. Le 1er mai est la journée internationale de lutte pour les droits des travailleurs et des travailleuses. De rien », renchérit la cheffe de file des députés insoumis Mathilde Panot dans ce concert de critiques, quand l’eurodéputée Aurore Lalucq ajoute à l’adresse des soutiens du président de la République : « Votre idéologie ne vous donne pas le droit de nier l’histoire. » Message reçu ?

Avant les parlementaires, la Première ministre elle-même s’est attiré les foudres de Jean-Luc Mélenchon, vendredi, après avoir utilisé cette expression controversée dans le journal de 20 heures de France 2. « Non madame Borne. Le 1er mai n’est pas la fête du travail sauf sous Pétain. C’est la journée de lutte pour les droits des travailleurs depuis le XIXe siècle », lui a répondu l’ancien candidat à la présidentielle sur Twitter.

Si les parlementaires sont aussi rodés à la riposte, c’est que l’impair est devenu relativement fréquent. Quatre ans plus tôt, Emmanuel Macron avait lui aussi visé à côté en saluant la fête de « ceux qui aiment le travail, le chérissent. » Une sortie qui lui avait valu une flopée de critiques de la part d’historiens remontés.

Il faut dire que la gauche rappelle, ici, une réalité historique. Et pour ne plus se tromper, les responsables du camp présidentiel auraient pu se référer… Au site du ministère du Travail. Celui-ci raconte effectivement comment, « sous l’occupation, le régime de Vichy tente de s’approprier le 1er mai », dont la tradition remonte, en France, au 1er mai 1890.

À la fin du XIXe siècle, « les ouvriers défilent » alors « pour demander la journée de huit heures », avec un triangle rouge à la boutonnière, le symbole du partage du temps entre le travail, le loisir et le sommeil. Récupéré en 1942 par le régime de Vichy, qui en profite pour « imposer sa propre vision du travail », le jour symbolique sera « définitivement rendu aux travailleurs » quatre ans plus tard, en 1946.

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