"Il faut peut-être en tuer": un vice-président du Conseil départemental de Mayotte prône le meurtre des "délinquants"

Un appel au meurtre d'immigrés lors d'une émission de télévision. Salime Mdéré, vice-président du Conseil départemental de Mayotte, élu en 2021 sous l'étiquette divers centre a estimé qu'il "faut peut-être en tuer", en faisant référence aux immigrés illégaux actuellement visés par l'opération d'expulsion surnommée "Wuambushu" ("reprise" en mahorais), qui a commencé ce lundi dans le 101e département français.

"Ces voyous, ces délinquants, ces terroristes"

L'homme politique a tenu ces propos lors d'une interview donnée lundi soir à la chaîne de télévision locale Mayotte La 1ère, à la veille du début officiel de l'opération Wuambushu. Cette opération controversée vise notamment à reconduire des milliers de Comoriens arrivés illégalement à Mayotte dans leur pays d'origine et qui sont accusés par une partie de la population et des responsables politiques de contribuer à la violence sur l'archipel.

"Ces voyous, ces délinquants, ces terroristes, à un moment il faut peut-être en tuer. Je pèse mes mots. [...] S'il n'y en a pas un qui est tué, il y en aura toujours d'autres qui vont oser tuer des policiers", a asséné Salime Mdéré, avant d'être interrompu par la journaliste qui l'interviewait.

Les "incitations publiques à la haine, à la violence ou à la discrimination" sont des délits passibles d'un an de prison de 45.000€ d'amende dans le droit français.

L'élu interrogeait quelques secondes auparavant l'efficacité de l'opération Wuambushu. Estimant que le nombre de policiers et gendarmes déployés à Mayotte pour l'occasion, 1800, était "énorme", il s'est toutefois dit "réticent" en voyant les échauffourées qui ont notamment opposé forces de l'ordre et jeunes des bidonvilles dans le village de Tsoundzou, qui fait partie de Mamoudzou, la capitale du département.

"J'espère qu'elle [l'opération Wuambushu] réussira. J'espère qu'elle sera maintenue sur le long terme. Parce qu'il faudrait pas qu'on expulse quelques centaines de personnes de façon irrégulière à Mayotte et que le lendemain ils reviennent", a par ailleurs estimé le vice-président du Conseil départemental.

"Mes propos - qui sont à la hauteur de ma passion pour cet île - ont dépassé ma pensée et je m'excuse bien volontiers s'ils ont pu heurter", a écrit l'élu dans une publication Facebook mardi.

Les immigrés illégaux ciblés par le ministère de l'Intérieur

L'objectif de l'opération décidée par le ministère de l'Intérieur est d'expulser plusieurs milliers de personnes, sans qu'un nombre précis ait été communiqué à ce stade, tout en détruisant les bidonvilles insalubres dans lesquels elles vivent. Le projet est critiqué par de nombreuses associations comme la Ligue des droits de l'homme ou l'association Droit au logement, qui dénoncent une opération "brutale" et "anti-pauvres".

Déployée sur place, la huitième Compagnie républicaine de sécurité ou "CRS 8", créée en 2021 et présentée comme une unité d'élite spécialisée dans la lutte contre les violences urbaines, a tiré plus de 700 grenades et effectué 60 tirs de Lanceurs de balle de défense (LBD), selon les informations du journal Le Monde. Il ont aussi tiré à balles réelles douze fois "vers le sol et pour faire fuir (...) une centaine d'assaillants armés de machette", selon le bilan de la compagnie.

L'opération Wuambushu vise à "lutter contre l'insécurité, contre la délinquance qui est énorme" dans le département et "qui est pour partie liée à de l'immigration clandestine mais pas seulement: il y a des Français, il y a des Mahorais aussi qui tirent les ficelles de cette criminalité organisée", a affirmé la porte-parole du ministère, Camille Chaize, sur BFMTV ce mardi.

L'opération Wambushu "continue et ça va encore s'intensifier dans les semaines à venir, pour encore plusieurs mois, aussi longtemps que Mayotte en aura besoin", a aussi annoncé la porte-parole.

Le ministère a essuyé un premier revers lundi soir après la décision du tribunal judiciaire de Mamoudzou de suspendre l'expulsion et la destruction d'un bidonville situé sur la commune de Koungou, au nord de l'archipel.

Article original publié sur BFMTV.com