Fin du masque obligatoire dans les transports : "Une mesure pragmatique mais pas sanitaire"

L'obligation de port du masque dans les transports en commun prendra fin le 16 mai 2022 (Photo by Martin BUREAU / AFP)

Olivier Véran a annoncé la fin de l'obligation de porter un masque dans les transports dès le lundi 16 mai, les spécialistes s'interrogent.

Une nouvelle restriction levée en France, plus de deux ans après le début de la pandémie. À partir du 16 mai, le port du masque ne sera plus obligatoire dans les transports en commun en France. L'annonce a été faite par le ministre de la Santé Olivier Véran après le dernier conseil des ministres du gouvernement de Jean Castex.

Une décision qui laisse perplexe plusieurs médecins. "Quand on lève les restrictions pour les restaurants, pour les spectacles, il y a un bénéfice économique pour ces secteurs. Pour la levée de l'obligation dans les transports, il n'y a clairement pas de bénéfice, et que des désavantages", déplore le docteur Michaël Rochoy, cofondateur du collectif Stop-Postillons.

"La fin de l'obligation n'interdit pas de continuer à porter le masque !"

Les désavantages ? "Augmenter le nombre de cas, donc de complications, donc de fermetures de crèches, donc d'arrêts de travail. Mais la fin de l'obligation n'interdit pas de continuer à porter le masque !", martèle le médecin, également membre du collectif Du côté de la Science.

On enregistre 37 637 cas par jour en moyenne, une baisse qui se poursuit mais moins rapidement depuis plusieurs jours. Notamment en raison des prémices d'une reprise chez les jeunes. Le taux d'incidence se stabilise chez les moins de 20 ans, tandis qu'il continue de diminuer chez les adultes plus âgés.

"En période d'accalmie, il faut en profiter pour alléger les restrictions"

"Plus personne ne porte le masque dans tous les lieux où l'obligation est levée, donc c'est une mesure pragmatique, mais pas sanitaire", relève, fataliste, Jérôme Marty, qui regrette qu'en deux ans de pandémie "on n'a rien appris. Il n'y a pas de prévention mais que de la réaction quand on est au pied du mur. Si ça reflambe, on remettra le masque en catastrophe", pointe du doigt le président du syndicat UFML.

Moins sévère, Antoine Flahault, épidémiologiste et professeur de santé publique à l'université de Genève, comprend cet allègement : "Lorsqu'il y a une période d'accalmie, comme c'est le cas actuellement, il faut en profiter pour alléger les restrictions. Mais il faut prévenir la population que l'on n'est pas à l'abri d'une reprise épidémique et d'un retour des restrictions. On l'a vu au Danemark, il est compliqué de remettre en place des restrictions après un allègement. Il faudrait adosser ces mesures à des indicateurs sanitaires précis pour que la population adhère davantage", conseille le spécialiste, d'autant qu'une reprise épidémique n'est pas à exclure dans les prochaines semaines.

La crainte de faire croire que la pandémie est terminée

La crainte de cet allègement, "qu'il fasse croire aux Français que la pandémie est terminée, avec un relâchement total de la vigilance alors qu'on enregistre plus de 30 000 cas par jour, plus de 100 morts, dans l'indifférence la plus totale", déplore Michaël Rochoy.

Lors de sa prise de parole, Olivier Véran a rappelé que le port du masque reste recommandé, notamment pour les personnes fragiles. "Cela signifie que les personnes fragiles se retrouvent contraintes de porter un masque FFP2, plus cher qu'un masque chirurgical, pour prendre les transports en commun, ce qu'Olivier Véran ne fait même pas l'effort de préciser, ça manque de pédagogie et de transparence", poursuit Michaël Rochoy.

Le port du masque reste obligatoire dans les transports en Espagne, au Portugal, en Allemagne, en Belgique, en Italie et en Autriche notamment, mais n'est plus demandé dans les transports britanniques et des pays scandinaves, ainsi qu'aux Pays-Bas. Après les transports en commun français, l'Union européenne a annoncé la fin de l'obligation du port du masque dans les aéroports et avions.

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