François Fillon à l’Assemblée pour s’expliquer sur la Russie

François Fillon à l’Assemblée pour s’expliquer sur la Russie (photo prise à Moscou en 2011, quand François Fillon était Premier ministre)
François Fillon à l’Assemblée pour s’expliquer sur la Russie (photo prise à Moscou en 2011, quand François Fillon était Premier ministre)

POLITIQUE - Il connaît les lieux, pour les avoir fréquentés plus de trente années durant. L’ancien Premier ministre François Fillon, retiré de la vie politique depuis sa défaite à la présidentielle de 2017, est attendu à l’Assemblée nationale ce mardi 2 mai pour y être auditionné par la commission d’enquête sur les ingérences étrangères.

Lancée à l’initiative du Rassemblement national, cette commission, présidée par le député Jean-Philippe Tanguy, planche depuis plusieurs semaines sur les « ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères (...) visant à influencer ou corrompre des relais d’opinion, des dirigeants ou des partis politiques français ».

Reconverti dans le privé, François Fillon sera interrogé sur ses liens avec la Russie, lui qui a notamment siégé, un temps, aux conseils d’administration des entreprises russes Sibur (pétrochimie) et Zarubeshneft (hydrocarbures).

Les proximités sulfureuses de Fillon

Le 24 février 2022, au moment même où l’armée russe envahissait l’Ukraine, l’ancien Premier ministre s’était attiré de vives critiques après avoir déploré « le refus des Occidentaux » d’entendre les revendications de Moscou concernant l’Otan. Le lendemain, il avait annoncé démissionner de ses mandats russes.

François Fillon avait rejoint en décembre 2021 le conseil d’administration de Sibur, notamment contrôlé par Leonid Mikhelson, l’un des hommes les plus riches de Russie, et Guennadi Timtchenko, un proche du président Vladimir Poutine visé par des sanctions. Quelques mois plus tôt, en juin 2021, il avait intégré la même instance chez Zarubezhneft, détenue par l’État russe.

L’ancien locataire de Matignon a déjà donné, dans la presse, quelques éléments de réponses sur ces proximités controversées. « J’ai noué depuis longtemps une relation étroite avec la Russie », assumait-il quelques heures après sa démission, en février 2022, dans une tribune au Journal du Dimanche.

Dans le même temps, plusieurs médias, dont Le JDD et l’émission de France 2 Complément d’enquête épinglaient sa ténacité à tenter de se rapprocher, depuis plusieurs années, des réseaux d’influence russes. Ce qui ne l’a pas empêché de se « tromper » sur les intentions du président russe, comme il l’admettait, aussi dans sa tribune. « J’avais gardé le souvenir d’un Vladimir Poutine autoritaire, exigeant pour son pays mais rationnel », expliquait-il, pensant que la « raison » l’aurait emporté dans l’esprit du chef de l’État. Raté.

Depuis, le Rassemblement national a lancé une commission d’enquête sur les ingérences étrangères pour tenter de couper court aux accusations faisant du parti d’extrême droite un agent de l’influence russe en France.

Plusieurs responsables politiques ont déjà été auditionnés, notamment le député européen du Rassemblement national Thierry Mariani, visé par deux enquêtes préliminaires de possibles faits de corruption et de trafic d’influence avec une association franco-russe. En 2022, François Fillon, dont c’est le tour aujourd’hui à l’Assemblée, justifiait son choix de retirer ses billes en Russie pour servir « l’intérêt supérieur » de la France. Même défense, un an plus tard ?

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