La gourde, solution miracle ou fausse bonne idée face au désastre écologique des bouteilles en plastique ?

En plein essor, la gourde en inox n'est pas forcément l'alternative la plus écologique. (Photo : Getty Images/iStockphoto)

Face au désastre écologique représenté par la surconsommation de bouteilles d'eau en plastique, la gourde réutilisable quotidiennement semble une alternative idéale. A condition d'être bien informé sur les impacts environnementaux des différents modèles.

Parmi les multiples exemples de gâchis environnemental résultant des pratiques de consommation de masse, le cas des bouteilles d'eau en plastique est sans doute l'un des plus édifiants. En particulier dans les pays, comme la France, où l'eau potable est accessible au plus grand nombre, leur surconsommation représente un désastre écologique incontestable.

Les différentes données disponibles sur le sujet semblent effectivement accablantes. Une étude menée par The Guardian et relayée par ConsoGlobe estimait ainsi qu'en 2016, plus d'un million de bouteilles en plastique était vendues chaque minute dans le monde, dont une bonne partie de bouteilles d'eau.

Chaque Français consomme en moyenne 96 bouteilles d'eau par an

En France, quelques 9,3 milliards de litres d'eau en bouteille seraient bus chaque année, ce qui représentait en 2015 139 litres par personne, selon les chiffres de l'association France Nature Environnement. D'autres travaux plus récents, mentionnés dans une chronique de la journaliste Camille Crosnier sur France Inter, évaluent la consommation annuelle française à 96 bouteilles d'eau par habitant.

Ces mesures sont d'autant plus préoccupantes si on les met en rapport avec les 80 000 tonnes de déchets plastiques jetés dans la nature chaque année en France. Parmi ces déchets, la proportion de bouteilles en plastique est difficile à déterminer, mais elle est de toute façon réelle : seule la moitié des bouteilles consommées dans l'Hexagone sont recyclées, et une part non négligeable de celles qui ne le sont pas ne finissent pas non plus à la déchetterie.

Les bouteilles en plastique, plaie environnementale

Si l'on ajoute le fait que les bouteilles en plastique font partie des déchets qui polluent le plus, ainsi que l'empreinte carbone liée à la fabrication, au transport et au stockage de ces bouteilles, le tableau devient particulièrement sombre. Pour sortir de cette logique aberrante, arrêter de consommer de l'eau en bouteille s'impose comme une solution évidente.

Partant de ce constat, de nombreuses personnes ont adopté ces dernières années la gourde comme un objet de consommation quotidien. De fait, réutiliser tous les jours le même contenant et le remplir d'eau du robinet répond directement à l'écueil provoqué par la surconsommation de bouteilles en plastique, mais on aurait tort de penser que ces objets eux-mêmes présentent une empreinte écologique vierge.

La gourde, solution miracle ou fausse bonne idée ?

Comme le rappelle le journaliste Lucas Scaltritti dans un épisode du podcast Y'a le feu au lac consacré à ce sujet, la fabrication d'une gourde pollue évidemment plus en amont que celle d'une bouteille en plastique. Et cette pollution varie en importance en fonction du matériau utilisé. Par exemple, rapportée à l'usage moyen d'une bouteille en plastique, une gourde en verre commence ainsi à être "rentabilisée" après deux mois d'utilisation, et une gourde en plastique après cinq mois.

Les différents matériaux présentent cependant chacun leurs inconvénients. Les gourdes en plastique ont ainsi tendance à s'user plus vite, notamment en prenant une odeur désagréable, ce qui limite leur durée d'utilisation. Les gourdes en verre sont quant à elles beaucoup plus fragiles que les autres. Enfin, les gourdes en aluminium, qui ont un temps connu leur heure de gloire, sont à éviter : une étude menée dans les années 2000 a en effet révélé que les particules de métal qui se transmettent dans l'eau contenue peuvent provoquer les maladies d'Alzheimer ou de Parkinson.

Les gourdes en inox plus polluantes que les autres

Pour leur part, les gourdes en inox, qui sont les plus répandues sur le marché actuel car réputées comme plus résistantes, sont aussi les plus polluantes, et de loin. Les sources de Lucas Scaltritti estiment ainsi à 3 ans la durée d'utilisation minimale d'une gourde en inox pour compenser la pollution et les émissions impliquées notamment par l'extraction du minerai utilisé, par la sidérurgie nécessaire pour le transformer et par l'éloignement des chaînes de production.

En somme, si les gourdes constituent une alternative aussi crédible que souhaitable à la consommation de bouteilles en plastique, le choix du modèle doit être effectué avec soin, afin de ne pas rendre la démarche contre-productive. Sauter le pas ne semble en tout cas pas insurmontable : selon France Nature Environnement, différentes études en conditions de "blind test" ont en effet montré que les consommateurs avaient tendance à préférer l'eau du robinet à celle proposée par les différentes marques d'eau en bouteille...

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