Kendji Girac blessé par balle : comment sont réalisées les expertises balistiques ?

Identification de l'arme, analyse des munitions, détermination de la trajectoire du tir et de la distance... Les experts balistiques, en étudiant les indices liés aux armes à feu, permettent souvent de faire avancer une enquête.

Le chanteur Kendji Girac a été blessé par balle, à la poitrine, dans la nuit de ce lundi 22 avril. Lors d'un premier échange avec les enquêteurs, ce dernier a expliqué s'être tiré accidentellement dessus. Selon nos informations, un pistolet a été retrouvé le même jour dans un buisson à proximité de sa caravane.

Qui dit arme, dit intervention d'un expert balistique dans le cadre de l'enquête ouverte par le parquet de Mont-de-Marsan afin de faire la lumière sur les circonstances du tir. Les experts en question, au service de la justice, devront notamment déterminer si l'arme retrouvée est celle qui a blessé Kendji Girac et si les récits sont conformes à ce que la "lecture" de l'arme leur apprend.

De manière plus générale, l'expertise balistique consiste à déterminer le type d’arme utilisé, le nombre de coups de feu tirés, la trajectoire du tir, la distance de tir et la position du tireur.

Certains experts vont sur les lieux où se sont déroulés les faits pour effectuer les constatations. À noter qu'ils s'y déplacent toujours à deux à minima pour éviter tout biais cognitif lors de l'analyse de la scène.

Lorsqu'une arme est retrouvée, elle est étudiée dans des locaux spécifiques. "Nous procédons alors à la description et au démontage de l’arme, ainsi qu’à la prise de mesures", explique une membre du département balistique de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN), prénommée Hélène, dans un article du ministère de l'Intérieur.

Elle ajoute: "Nous déterminons le poids de détente – c’est-à-dire la pression sur la détente nécessaire au déclenchement du coup de feu -, relevons les rayures présentes dans le canon. Nous étudions ainsi leur nombre, leur type ou leur orientation."

Les rayures sont en effet propres à chaque arme. Des rayures qui se retrouvent sur les projectiles et les douilles: on parle de signature balistique.

Les rayures des munitions retrouvées sur le lieu des faits ou dans les corps des victimes sont donc comparées à celles de l'arme en question. Pour cela, des tirs dits de "récupération" sont effectués dans une cuve à eau. "La densité de l’eau, qui freine le projectile, permet aux experts de le récupérer intact", précise le ministère de l'Intérieur. Un macroscope est ensuite utilisé pour comparer les munitions retrouvées et les munitions tirées par l'arme retrouvée.

"Cette étape nous permet de déterminer de quelle arme provient l’élément tiré, et d’associer ainsi une arme à une scène de crime", souligne l’adjudant-chef Hélène.

De même si aucune arme n'a été retrouvée, les munitions peuvent "donner une indication sur le type d'arme utilisé, voire même d'une marque, car on sait, de part le fabriquant, combien de rayures il y a sur le calibre", affirme José Serrano, expert en balistique depuis 1996 au média belge RTL.info.

Ce dernier précise d'ailleurs que "contrairement à ce qu'on voit dans des séries TV, il est très rare d'avoir des empreintes digitales sur des munitions. Et s'il y en a, elles sont exceptionnellement exploitables".

L'expert balisitique a aussi pour mission d'analyser la trajectoire des tirs. Pour cela un "tunnel de tir de 25 mètres, doté d’une caméra à haute vitesse" est utilisé. Ce tunnel permet également de tester l'arme dans son ensemble, de voir si elle est fonctionnelle ou non.

Les blessures sont également observées pour déterminer la trajectoire du tir. "En examinant la blessure, on peut déjà avoir une idée de l'angle de la trajectoire. Notamment en fonction de la position de la balle et de son trajet dans le corps", détaille l'expert en balistique, José Serrano.

Autre élément étudié: les résidus de tir. Ils sont générés par les gaz chauds qui sortent du canon avant de refroidir, et proviennent de la poudre et de l'amorce de la munition selon l'Institut national de criminalistique et de criminologie (INCC).

"Des résidus de tir sont déposés sur les mains et les vêtements du tireur ainsi que sur tout objet présent dans l’environnement immédiat du tireur", note l'institut.

Leur analyse donne donc des indices sur la distance à laquelle s'est effectué le tir.

Si un tir à bout touchant a eu lieu - si l'arme a été en contact direct avec la victime -, des résidus de suie seront normalement retrouvés sur sa peau et ses vêtements.

En cas de tir à bout portant, à plusieurs dizaines de centimètres, la suie sera beaucoup moins présente mais les experts vont repérer des "tâches brunâtre" sur la peau de la victime en raison de la "poudre qui vient frapper la peau", explique José Serrano à RTL.info.

Ainsi, moins il y a de traces de résidus sur la victime plus le tir a été effectué à une distance importante, et inversement.

L'expertise balistique n'est toutefois pas une science exacte: le travail de l'expert consiste à émettre des hypothèses. "Dans la mesure où le balisticien ne se trouve pas sur les lieux au moment du crime, il ne peut être catégorique quant au déroulement exact des faits", rappelle l’adjudant-chef Hélène. "Des facteurs divers induisent une part d’incertitude. Parfois, le projectile est altéré, et les traces sont partiellement effacées."

"Nous exposons les éléments en notre possession, lesquels font pencher la balance en faveur d’une hypothèse, plutôt qu’une autre", continue-t-elle.

Article original publié sur BFMTV.com