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La France et l'Allemagne "se moquent de nous", dit Giuseppe Conte

Le président du Conseil italien Giuseppe Conte (photo) a vivement critiqué vendredi l'accord franco-allemand d'Aix-la-Chapelle signé mardi, accusant la France et l'Allemagne de se moquer de l'Italie et l'Union européenne. /Photo prise le 12 novembre 2018/REUTERS/Guglielmo Mangiapane

MILAN (Reuters) - Le président du Conseil italien Giuseppe Conte a vivement critiqué vendredi l'accord franco-allemand d'Aix-la-Chapelle signé mardi, accusant la France et l'Allemagne de se moquer de l'Italie et l'Union européenne.

"Ils (la France et l'Allemagne) ne pensent qu'à leurs intérêts nationaux", affirme Giuseppe Conte cité par le quotidien Corriere della Sera.

Paris et Berlin ont signé mardi un nouveau traité bilatéral complétant celui conclu en 1963 par Charles de Gaulle et Konrad Adenauer pour sceller la réconciliation franco-allemande.

Le traité comprend une clause de défense mutuelle assurant le soutien d'un pays si l'autre est agressé. Il confirme la volonté des deux Etats d'investir ensemble dans les armements, à l'image des projets d'avion de combat et de char, et de développer une approche commune pour l'exportation de ces équipements.

Paris et Berlin se proposent, en outre, de porter autant que possible une position unifiée de l'Union européenne aux Nations unies et affirment que l'admission de l'Allemagne comme membre permanent du Conseil de sécurité est une priorité de leur diplomatie.

"Nos alliés ne peuvent certainement pas rester silencieux et approuver des décisions adoptées par les autres", ajoute Giuseppe Conte.

Les relations entre la France et l'Italie sont mauvaises depuis l'arrivée au pouvoir du Mouvement 5 Etoiles (anti-système) de Luigi Di Maio et de la Ligue (extrême droite) de Matteo Salvini au mois de juin, au point que l'ambassadrice italienne à Paris a été convoquée au Quai d'Orsay.

Salvini et Di Maio, tous deux vice-présidents du Conseil, s'en prennent régulièrement au président Emmanuel Macron à quelques mois des élections européennes prévues le 26 mai.

Les deux dirigeants italiens ont - fait inhabituel - commenté récemment la politique intérieure française, exprimant leur soutien et leurs encouragements au mouvement des "Gilets jaunes".

Ces critiques récurrentes, qualifiées "d'inacceptables" par Paris, ont suscité une réaction de la part de la ministre française des Affaires européennes Nathalie Loiseau mercredi.

"En France, on a une expression qui est de dire 'ce qui est excessif est insignifiant', donc quand des propos sont excessifs à la fois par leur ton et par leur nombre, ils deviennent insignifiants", avait-elle dit.

(Stephen Jewkes avec Marine Pennetier et Jean-Baptiste Vey à Paris; Pierre Sérisier pour le service français)