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Trump prévoit de fortes coupes budgétaires, surtout pour les pauvres

La Maison blanche va présenter mardi le premier projet de budget de la présidence Trump, une feuille de route qui prévoit de réduire considérablement le financement des programmes destinés aux plus pauvres pour combler le déficit. /Photo prise le 17 mai 2017/REUTERS/Kevin Lamarque

par Roberta Rampton WASHINGTON (Reuters) - La Maison blanche a présenté mardi le premier projet de budget de la présidence Trump, une feuille de route qui prévoit de réduire considérablement le financement des programmes destinés aux plus pauvres pour combler le déficit. S'il était adopté tel quel par le Congrès, le projet de budget Trump réduirait de 3.600 milliards de dollars (3.200 milliards d'euros) les dépenses publiques d'ici la fin de la décennie. Au premier rang de ces coupes budgétaires, 800 milliards de dollars seraient économisés à la faveur d'une diminution de l'assurance santé Medicaid, destinée aux plus pauvres, et 192 milliards seraient prélevés dans les programmes de distribution de coupons alimentaires. Le budget octroyé du Département d'Etat et celui consacré à l'aide au développement et à la lutte contre des maladies comme le sida, la tuberculose et le paludisme, serait aussi réduit d'un tiers. A l'inverse, le budget de la Défense serait, comme annoncé, l'un des seuls à augmenter, de 10% par rapport à l'actuel, et une avance de 1,6 milliard de dollars serait affectée à la construction d'un mur le long de la frontière avec le Mexique, promesse de campagne de Donald Trump qui s'est engagé à en faire rembourser par la suite le coût par Mexico. Il n'est pas du tout certain que le Congrès adoptera le projet présenté par l'administration Trump, d'autant que de nombreux parlementaires américains risquent d'être tentés de refuser de voter les éléments les plus controversés pour ne pas se couper de leur électorat avant les élections de mi-mandat. Les démocrates ont déjà dénoncé un "massacre" à venir pour les classes moyennes et défavorisées, dont sont issus de nombreux électeurs qui ont porté Donald Trump à la Maison blanche l'an dernier. SANDERS DÉNONCE UN "TRANSFERT MASSIF" DE RICHESSE "Je ne connais pas beaucoup de républicains sains d'esprit qui voudront aller défendre le budget de Donald Trump dans leurs circonscriptions", a prédit le sénateur Bernie Sanders, candidat malheureux à la primaire démocrate l'an dernier, en dénonçant "un transfert massif de richesse" vers la poignée d'Américains les plus aisés. La Maison blanche veut que le budget, qui couvre l'exercice fiscal débutant en octobre, illustre sa volonté de soutenir davantage les entreprises et de baisser massivement les impôts sans aggraver davantage le déficit. "Si le Congrès dispose d'une autre solution pour atteindre cet objectif, que Dieu les bénisse, c'est génial", a déclaré le directeur du budget de la Maison blanche, Mick Mulvaney, qui défendra son projet mercredi et jeudi au Congrès. Interrogé sur les coupes budgétaires qui vont durement affecter les plus pauvres, il a ajouté: "Il faut avoir de la compassion pour les gens qui reçoivent des fonds fédéraux, mais il faut aussi avoir de la compassion pour ceux qui paient pour cela." "Nous allons désormais mesurer la compassion et le succès par le nombre de personnes qui sortent de ces programmes et prennent à nouveau leur vie en charge", a-t-il poursuivi. En tournée au Moyen-Orient et en Europe, son premier déplacement depuis son investiture en janvier, Donald Trump va rater la présentation de son projet de budget, qui intervient dans un contexte politique plombé par les retombées du limogeage de l'ancien directeur du FMI, James Comey, qui dirigeait une enquête sur des soupçons de collusion entre l'équipe Trump et des personnalités russes. HYPOTHÈSES ÉCONOMIQUES OPTIMISTES La principale économie proposée par la Maison blanche provient du programme Medicaid. Cette approche était préconisée dans un texte voté par la chambre début mai par laquelle les représentants républicains entendaient réduire le coût du dispositif Obamacare qui a étendu la couverture sociale. Le Sénat, qui élabore de son côté son propre projet, pourrait faire entendre son opposition au projet. Le programme d'alimentation supplémentaire (SNAP), qui consiste notamment à distribuer des coupons alimentaires, serait quant à lui réformé pour contraindre ses bénéficiaires sans enfant à travailler. L'administration Trump souhaite en outre que les Etats le prennent davantage à leur charge. Le projet épargne en revanche, dans une large mesure, Medicare et la sécurité sociale, comme Donald Trump s'y était engagé, malgré l'hostilité affichée des "faucons" républicains envers ces deux programmes. Il prévoit également de vendre la moitié des réserves pétrolières nationales d'urgence pour lever 16,5 milliards de dollars et d'autoriser des forages dans la réserve nationale de l'Arctique, en Alaska. Du côté des dépenses, le projet Trump propose de financer à hauteur de 25 milliards de dollars un dispositif de congé parental de six semaines après une naissance ou une adoption. Il suggère également de dépenser 200 milliards de dollars pour encourager les Etats et autres collectivités locales à investir dans les programmes d'infrastructures, tout en réduisant de 95 milliards de dollars le programme de financement des autoroutes. Le projet de budget Trump s'appuie sur des hypothèses économiques extrêmement optimistes, celle d'une croissance de 3% d'ici la fin de son premier mandat, une expansion que beaucoup d'économistes et la Réserve fédérale jugent irréaliste. D'après l'enquête menée par Reuters auprès de 100 économistes du 12 au 18 mai, la croissance devrait rebondir à 3,2% au deuxième trimestre mais il s'agira de son niveau le plus élevé jusqu'à fin 2018 et les moyennes annuelles cette année et la suivante seront nettement inférieures à 3%. Les analystes de Wall Street pensent de leur côté que le projet de baisse d'impôts préconisé par la Maison blanche permettra de dégager une croissance limitée à 2,3% en 2020. (Avec Susan Heavey, Yasmeen Abutaleb, David Shepardson, Timothy Gardner, Ginger Gibson, Jason Lange, Julia Edwards Ainsley et Mike Stone à Washington, PJ Huffstutter à Chicago, Nicolas Delame et Tangi Salaün pour le service français)