Législatives: pourquoi la NUPES est donnée majoritaire en voix mais pas en sièges à l’Assemblée ?

Jean-Luc Mélenchon, le 12 juin 2022 (Crédit : REUTERS/Eric Gaillard - RC29QU9LETPB
Jean-Luc Mélenchon, le 12 juin 2022 (Crédit : REUTERS/Eric Gaillard - RC29QU9LETPB

En arrivant au coude-à-coude avec Ensemble !, la NUPES, menée par Jean-Luc Mélenchon, pourrait pourtant obtenir beaucoup moins de sièges que la majorité présidentielle à l’Assemblée nationale. Explications d’un paradoxe.

Avec 26,1% des voix au premier tour, la NUPES, la Nouvelle union populaire écologique et sociale, devrait parvenir à élire de 150 à 190 députés, selon une estimation Ipsos-Sopra Steria pour France Télévisions, Radio France, France Médias Monde. De son côté, la coalition Ensemble, qui rassemble Renaissance (le nouveau nom de LaREM), le Modem, Horizons et Agir, obtiendrait de 255 à 295 sièges, soit une centaine de sièges en plus dans la future Assemblée nationale.

Au niveau national, les deux coalition se retrouvent avec un score pourtant quasi-identique, avec même un léger avantage pour la gauche : 26,10% pour la NUPES, 25,81% pour Ensemble !, selon un calcul réalisé par Le Monde, et qui diffère légèrement des résultats annoncés par le ministère de l'Intérieur. Mais alors, comment expliquer que le pourcentage des voix n’égale pas le pourcentage de sièges ?

De nombreux facteurs handicapent la NUPES

La première des raisons est le mode de scrutin des élections législatives. Les 577 députés sont élus au scrutin uninominal majoritaire à deux tours dans chacune des 577 circonscriptions. Pour être élu dès le premier tour, le candidat doit réunir plus de 50 % des voix et un nombre de suffrages égal à au moins 25 % du nombre d'électeurs inscrits. Conséquence : il existe souvent un énorme décalage entre le score national réalisé par les partis et les projections de sièges au Palais-Bourbon.

Dans le cas d’un duel NUPES-Ensemble au deuxième tour, le 19 juin, les sondages estiment que le rapport de force tournera (beaucoup) plus souvent à l’avantage des candidats de la majorité présidentielle, qui disposent bien souvent d’une plus grande réserve de voix.

Autre explication de ce grand écart : la "concentration" de l’électorat dans les grandes villes pour la NUPES. "Pour la gauche, il y a cette question de capacité à gagner des seconds tours, mais il y a surtout le phénomène de concentration de son électorat dans certaines circonscriptions. La gauche a un électorat très concentré dans les grandes villes", explique à franceinfo Bruno Jeanbart, vice-président de l'institut de sondage OpinionWay. Pour gagner et obtenir la majorité au Palais-Bourbon, mieux vaut obtenir des résultats équilibrés partout plutôt que des scores élevés dans certaines circonscriptions et de mauvais scores dans d’autres.

Le précédent RN

C’est pour cette raison que les "petits" partis appellent de toutes leurs forces la mise en place de la proportionnelle pour les législatives. Véritable serpent de mer de la vie politique française, la proportionnelle aurait l’avantage de mieux refléter les tendances politiques du pays. Lors des élections législatives de 2017, le Rassemblement National avait réuni 13,2 % des suffrages au premier tour et n'avait, au final, obtenu que 8 sièges à l'Assemblée. En 2017, le candidat Emmanuel Macron promettait d’instaurer une dose de proportionnelle en vue des élections législatives de 2022, avant de faire marche arrière. Au vu des résultats de ce dimanche, le calcul politique n’est en tout cas pas si mauvais.

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