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Louise Bourrat, gagnante de "Top Chef" 2022, revient sur sa victoire

Louise Bourrat est la grande gagnante de la saison 13 de
Louise Bourrat est la grande gagnante de la saison 13 de

Louise Bourrat est la grande gagnante de la saison 13 de "Top Chef" sur M6 (Photo: Marie ETCHEGOYEN/M6)

TÉLÉVISION - Après 18 semaines de compétition, Louise Bourrat a gagné la treizième saison de Top Chef, ce mercredi 15 juin sur M6. La candidate franco-portugaise a réussi à s’imposer face à Arnaud Delvenne, sur un score de 56,19% contre 43,81%. 

La protégée d’Hélène Darroze permet à sa cheffe de brigade de remporter le concours culinaire pour la troisième année consécutive. La jeune femme de 27 ans devient le troisième femme sacrée du concours, après Stéphanie Le Quellec (2011) et Naöelle d’Hainaut (2013). 

Après sa victoire, elle a accepté de répondre à quelques questions posées par Le HuffPost pour revenir sur les coulisses de cette finale et cette aventure hors du commun.

Vous attendiez-vous à remporter Top Chef?

Au tout début, absolument pas. Ça ne m’a même pas traversé l’esprit. Je pense que j’ai eu un déclic lors de ma qualification aux quarts de finale. À partir de ce moment-là, j’ai réalisé où j’étais arrivée et je me suis dit qu’avec la chance que j’avais, je pouvais aller en demies, en finale et gagner le concours. Sauf que dans ma tête, je me suis dit que c’était trop de responsabilités (rires).

Réalisez-vous maintenant?

Non toujours pas, alors qu’on a les résultats depuis un mois. Je ne sais pas si c’est dû à la peur de ce qui peut arriver ensuite. Je suis peut-être encore un peu trop attachée à ma vie d’avant que je l’adore et j’ai peur qu’elle change.

Cette finale a été compliquée pour vous à cause de votre endométriose. Heureusement vous avez pu compter sur l’aide de votre brigade mais aussi sur celle d’Arnaud.

J’ai trouvé que c’était un geste de grande classe et je lui en suis vraiment reconnaissante. On a vraiment fait cette finale main dans la main. Ce que vous ne savez pas, c’est que la veille au soir, Arnaud a eu des soucis de santé et je suis restée à son chevet une bonne partie de la nuit.

Pour nous, le plus important n’était pas de gagner, mais qu’on soit présent l’un pour l’autre jusqu’au bout. J’aurais fait la même chose pour lui. Je suis vraiment très émue et très touchée par son geste. Avant de se lancer dans la finale, on s’était arrangés entre nous pour la constitution des brigades. On a tous les deux essayé qu’elle se passe du mieux possible. Le but n’était pas de mettre des bâtons dans les roues de son adversaire.

“L’idée qu’une femme gagne dérange”

Que représente cette victoire à vos yeux, vous qui devenez la troisième femme de l’histoire de Top Chef à remporter le concours?

Ça s’inscrit dans la lignée de ces femmes cuisinières, artistes, exploratrices, ou encore médecins, qui réussissent dans des milieux où on ne les attend pas forcément et où elles ne sont pas forcément valorisées. Des femmes indépendantes, courageuses et passionnées.

Ça ne doit pas être aux autres de nous dire si on en est capable ou pas. C’est à nous, en tant qu’individu, de fixer nos propres limites. Pour moi, cette victoire est avant tout symbolique. Oui on peut y arriver et oui il faut croire en ses rêves. J’espère que ça en inspirera plus d’un et plus d’une.

Comment expliquez-vous les nombreux commentaires négatifs, parfois même sexistes, portés à votre égard sur les réseaux sociaux?

Je n’ai pas lu tous les commentaires car j’essaye de m’en préserver même si c’est difficile. Je pense que ma personnalité est très forte et que je ne peux pas plaire à tout le monde. Mes traits de personnalité ne reflètent pas ceux qu’on attend d’une femme. On a dit de moi que j’étais arrogante, prétentieuse, pas du tout humble dans la victoire, etc. En fait, en analysant mon comportement avec celui des autres candidats garçons, on voit que je suis comme eux.

Personnellement, je l’explique par le fait qu’on attend d’une femme qu’elle soit discrète, qu’elle parle correctement, sans mots d’argot ni de verlan, etc. On n’attend pas non plus qu’elle gagne et je pense que cette idée dérange. Donc il faut qu’elle ait la victoire discrète. 

Pensez-vous que le montage a pu jouer sur l’image qui a été renvoyée de vous?

En 18 semaines de compétition et avec 15 candidats, on n’a pas le temps d’aller creuser chez tout le monde et il doit y avoir une espèce de ligne directrice sur chacun, pour que l’audience ne s’y perde pas et qu’elle arrive à nous identifier. Mon rôle a été celui de la femme indépendante, déterminée et ambitieuse visiblement, ce qui fait partie de ma personnalité, mais je ne suis pas que ça. Il existe une partie de moi beaucoup plus vulnérable, qui doute beaucoup, très empathique. Peut-être que cette partie-là a été plus effacée et qu’on a voulu mettre plus en avant le côté guerrière.

La réussite est un petit peu tabou en France et dans les pays latins et celle d’une femme pose des questions. Les gens pensent que c’est truqué et qu’on est favorisée. On ne peut pas assumer qu’une femme réussisse parce qu’elle le mérite. C’est dommage.

Que vous a apporté l’aventure? 

J’étais un petit peu dans une zone de confort dans ma manière de cuisiner. Je n’avais plus trop d’inspiration. Top Chef m’a vraiment reboosté en matière de créativité. Après, ça m’a apporté de la confiance en moi et ça m’a permis de mettre des mots sur la cuisinière que je suis.

Quelles ont été vos motivations pour participer au concours?

Il y a eu suffisamment de signes qui m’ont fait comprendre que je devais le faire. Comme par exemple, la venue de Michel Sarran dans mon restaurant. Ce jour-là, il ne m’a pas donné de conseils mais c’est lui qui a fini de me convaincre. On a échangé sur le sujet et il m’a dit qu’il sentait qu’avec ma cuisine, je pouvais me lancer dans l’aventure et que si j’avais l’opportunité, ce serait une expérience incroyable. Il m’a dit de ne pas avoir peur car je pouvais le faire et il m’a toujours encouragée.

Top Chef était l’occasion de rencontrer d’autres cuisiniers passionnés, de pousser ma créativité, d’apprendre de moi-même, des autres, et puis d’être en France. Ça fait 10 ans que je n’y habite plus et je pense que j’avais besoin de me reconnecter avec mon pays et ma culture. Je suis vraiment venue sans aucun objectif, avec beaucoup d’humilité, de bienveillance et de passion.

“Il n’y a pas de femme étoilée au Portugal”

Qu’allez-vous faire de votre chèque de 56.190 euros?

Je n’y ai pas pensé avant de l’avoir dans les bras (rires). Mon cœur me dit de m’installer dans la campagne portugaise. Je vais peut-être essayer de m’acheter un petit terrain pour y construire ma maison, faire mon potager, avoir mes plantes, mes chats, mes chiens, mes poules. Vivre assez simplement en fait.

Je pense qu’avec tout ce qui va m’arriver, ça peut être bénéfique d’avoir un endroit où me ressourcer. Un endroit qui me rappelle ce qui est important pour éviter de me brûler les ailes. Et puis je réfléchis aussi sur le long terme, à savoir qu’on vit dans un monde qui va mal et que potentiellement dans quelques décennies, il ne serait pas idiot d’avoir un petit peu de terre.

Qu’en est-il du tatouage d’Hélène Darroze?

Ce n’est pas encore fait mais j’ai commandé ma machine. Normalement je le fais à la main et à l’aiguille, mais c’est long. Sauf qu’Hélène Darroze a un agenda assez chargé, et je n’ai pas envie de lui prendre 5 heures de son temps. Si je lui fais les 3 étoiles, il faut que ce soit un tatouage trois étoiles, c’est Hélène Darroze quand même (rires). On va organiser ça quand je serai de retour à Paris ou qu’elle viendra me rendre visite à Lisbonne. 

Avez-vous une anecdote de tournage à partager?

Je me rappelle que pendant le tournage, Tania m’a appris à faire du pain. Pendant 3 heures, elle est venue dans ma chambre d’hôtel et elle m’a tout expliqué. J’avais potentiellement une épreuve sur le pain et je ne savais pas faire. Donc même si on n’était pas dans la même équipe, il y avait toujours cette entraide.

Votre prochain objectif est-il de décrocher une étoile Michelin?

Je mentirais si je disais que non. Ce n’est pas quelque chose que je recherche forcément. Le plus important pour moi, c’est que les clients qui viennent manger dans mon restaurant repartent heureux. En revanche, j’aimerais obtenir l’étoile pour la symbolique. Il n’y a pas de femme étoilée au Portugal et ça manque cruellement. Pour l’instant, vu le paysage gastronomique actuel, nous sommes deux à pouvoir y prétendre.

J’ai quand même une brigade majoritairement féminine et ce serait un bel accomplissement pour elles et pour toutes les femmes qui évoluent dans un monde assez masculin où elles ont tendance à rester dans l’ombre. Leur montrer que c’est possible, qu’il faut y aller, qu’il y a de la place pour nous, qu’on le mérite et qu’il ne faut pas avoir peur.

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Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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