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Macron interrompt Biden pour lui parler pétrole devant les caméras: cette scène du G7 qui interroge

Joe Biden et Emmanuel Macron au G7, le 27 juin 2022.  - LUKAS BARTH / POOL / AFP
Joe Biden et Emmanuel Macron au G7, le 27 juin 2022. - LUKAS BARTH / POOL / AFP

Courir après le président des Etats-Unis d'Amérique, interrompre la discussion entre ce dernier et l'un de ses plus proches conseillers, le tout pour l'entretenir d'un coup de fil passé aux Emirats arabes unis dans l'espoir de les voir augmenter leur production de barils de pétrole. L'interpellation de Joe Biden par Emmanuel Macron lundi soir, en marge du sommet du G7 qui se tient au château d'Elmau en Bavière, a de quoi surprendre. Surtout qu'elle est survenue devant micros et caméras.

Pour bien comprendre la scène, il faut rappeler que les dirigeants des sept premières puissances mondiales, poussés par les Américains, ont dit leur intention de plafonner le prix du pétrole russe, et que pour alléger la pression sur le montant de l'essence, ils cherchent à présent à convaincre les autres pays producteurs de livrer davantage de barils.

"Pardon de vous interrompre"

C'est donc dans ce contexte qu'on découvre Emmanuel Macron rattraper son homologue américain, alors plongé dans une conversation avec Jake Sullivan, son conseiller à la Sécurité nationale. "Joe! Monsieur le président, pardon de vous interrompre", commence d'ailleurs le chef de l'Etat. Il enchaîne, en évoquant un entretien téléphonique avec Mohamed Ben Zayed:

"J'ai décidé d'appeler le président des Emirats arabes unis. Je lui ai demandé d'augmenter sa production. Il m'a répondu deux choses. D'une, 'je suis au maximum' - en tout cas, c'est ce qu'il dit - et deux, selon lui, les Saoudiens peuvent augmenter un peu la leur, de 150 (milliers de barils, NDLR) ou un peu plus, mais pas en grande capacité et sur les six prochains mois".

Il poursuit: "Enfin, s'agissant de ce qu'on va faire sur le pétrole russe, il m'a dit que nous devions nous assurer que l'Inde..."

On ne saura toutefois jamais ce qui sera exigé de New Delhi car Emmanuel Macron, à qui l'on a visiblement rappelé la présence des caméras de la presse à proximité, est alors stoppé dans son élan, lâchant alors: "Oui, on va en parler à l'intérieur".

La gêne américiane, l'embarras émirati

Une autre vidéo circulant sur les réseaux sociaux fournit le hors-champ de cette scène, montrant Jake Sullivan pointant les objectifs et plaidant pour reprendre le propos à l'abri des murs.

L'indiscrétion d'Emmanuel Macron a en tout cas mis les autorités émiraties en porte-à-faux. Le ministre de l'Energie a ainsi tweeté dans la foulée: "Au vu des récents reportages, j'aimerais préciser que les Emirats ont presque atteint leur capacité maximale de production".

"Il n'avait aucun intérêt à dire ça devant les caméras"

Du côté des analystes et des observateurs, c'est plutôt la perplexité qui domine. Sur BFMTV lundi soir, l'ancien ambassadeur de France aux Etats-Unis, le diplomate Gérard Araud, a ainsi avancé: "Je pense qu'Emmanuel Macron n'a pas vu qu'on l'écoutait. Il n'avait aucun intérêt à dire ça devant les caméras. Il a été surpris."

L'éditorialiste de BFMTV pour les questions étrangères, Anthony Bellanger, estime de son côté: "D'autant moins d'intérêt que l'enjeu est vraiment là. Ce dont il parle une minute avec Joe Biden, un peu gêné d'ailleurs, est crucial! Joe Biden va se rendre en Arabie saoudite dans quelques jours pour avaler son chapeau, en discutant avec le prince héritier dont il avait pourtant dit qu'il était un paria, et avec lequel il ne voulait pas discuter mais seulement avec son roi de père."

Joe Biden se rendra en effet à Riyad les 15 et 16 juillet prochains. Le moins qu'on puisse dire c'est que la bande-annonce d'Emmanuel Macron n'incite pas à l'optimisme autour de ce voyage.

Article original publié sur BFMTV.com