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Maxime Perez Zitvogel, bipolaire : "J'ai vécu l'enfer. Je ne souhaite pas à mon pire ennemi de vivre ce moment"

Une personne sur quatre est atteinte d’un trouble psychique à un moment de sa vie. Et la pandémie de Covid-19 a encore renforcé ces troubles. Pour briser le tabou, personnalités et anonymes se confient au micro de Yahoo dans "Tourments", le nouveau format de Yahoo.

Co-fondateur de l’association "La Maison Perchée", un lieu d’échange et d’entraide, Maxime Perez Zitvogel accompagne depuis plusieurs années les jeunes en souffrance psychique. Âgé de 29 ans et bipolaire lui-même, il a accepté de se livrer sur son parcours au micro de Yahoo.

Il s’est accroché à la vie et a réussi à accepter sa différence. Atteint d’un trouble bipolaire, Maxime Perez Zitvogel est aujourd’hui à la tête de "La Maison Perchée", une association d’aide aux jeunes en souffrance psychique. Ce jeune homme, au passé douloureux, a fait face à de nombreuses épreuves qu’il a accepté d'évoquer. Au micro de Yahoo, dans "Tourments", il est notamment revenu sur ses premiers symptômes, le dur moment de son diagnostic et a raconté la manière dont il s’est battu pour vivre au quotidien avec cette maladie (Retrouvez l'intégralité de l'interview en fin d'article).

"J’ai pris 30 kilos, j’ai perdu la vue en partie"

Maxime tient à le rappeler pour celles et ceux qui l’ignorent : la bipolarité est un trouble de l’humeur, favorisé par des facteurs biologiques et génétiques, qui se définit par l’alternance d’épisodes dépressifs et de phases maniaques. Un changement de comportement dont il a été victime, pour la première fois, durant son voyage en Chine, à Hong Kong. C’est là-bas que les premiers symptômes sont apparus.

Manque de sommeil, créativité débordante, dépense d’argent inconsidérée : le jeune homme, alors âgé de 22 ans, commence à divaguer. Il quitte son école de commerce pour créer simultanément quatre sociétés, enchaîne les soirées et fait des actions inconsidérées. "J’ai même fait une demande en mariage qui n’avait pas lieu d’être", se souvient-il. Ses amis ne le reconnaissent plus à tel point qu’ils avertissent sa mère de son volte-face.

"J’ai passé 17 mois enfermé dans ma chambre sans sortir"

Rapatrié en France, il se fait hospitaliser et comprend l’urgence de la situation lorsqu’il se réveille dans une salle, attaché, sans savoir pourquoi ni comment. "Je ne le souhaite pas à mon pire ennemi. À ce moment, j’ai réalisé que j’avais déconné, que je n’étais pas là pour rien et j’ai eu peur", explique-t-il tout en remerciant, une nouvelle fois, le personnel soignant d’avoir été présent pour le rassurer. Rapidement, il découvre le monde de la psychiatrie, un univers impitoyable dont il est impossible de se sortir indemne.

Placé en chambre double, il est témoin de situations "hardcore". Son compagnon de chambre ne lui facilite pas le quotidien. "Il criait toutes les nuits car il pensait prendre feu. Il m’était impossible de dormir, c’était violent". Conscient des troubles psychiques de chacun, Maxime attend d’être éclairé sur le sien. Rapidement, le diagnostic tombe et là tout bascule. "On vous explique que la bipolarité est un vrai handicap. Qu’il va falloir prendre des médicaments à vie avec de lourds effets secondaires et que pour tout un tas de raisons, la vie va devenir compliquée". Un état des lieux effrayant dont il se serait bien passé. Pour lui, c’est le début d’un long "combat" dont les premiers instants ont été douloureux voire invivables. "J’ai passé 17 mois enfermé dans ma chambre sans sortir, j’ai même fait une tentative de suicide", confie-t-il. La suite est toute aussi sombre. Les effets secondaires de ses médicaments le minent. Victime de tremblements, il prend 30 kilos et perd en partie son acuité visuelle.

"Cette folie de la bipolarité me permet d’avoir un côté extralucide"

Mais depuis, Maxime a relevé la pente et a appris à accepter sa maladie, à vivre avec. Son traitement médicamenteux le stabilise et lui permet d’évoluer "normalement". "Certains psys m’ont fortement recommandé d’arrêter de fumer, de boire, de vivre presque. Mais je ne suis pas forcément d’accord. Tout est une question d’équilibre", rappelle-t-il tout en expliquant avoir changé, malgré tout, quelques-unes de ses habitudes. À titre d'exemple, il ne prend plus les transports en commun et marche en moyenne 10 kilomètres par jour, une activité bénéfique dont il ressent les bienfaits. Quant aux virées nocturnes dont il était friand, il n’a pas arrêté mais respecte désormais la règles des trois heures.

"Je suis maître de mes moyens. J’arrive à travailler comme n’importe qui, voire beaucoup plus que les autres", explique-t-il, fier de son parcours. Et Maxime a de quoi se réjouir car il a réussi, avec le temps, à faire de sa différence une force. "Cette folie de la bipolarité me donne un petit côté extralucide. Les idées fusent et m’ont permis de monter un projet jamais réalisé auparavant". À force de travail et de détermination, il a cofondé "La Maison Perchée", une association qui accompagne les jeunes adultes atteints d'un trouble psychique.

"Je rêve de pouvoir vivre dans un monde sans avoir à me cacher de la maladie"

Aujourd’hui, Maxime rêve d’un tout autre monde, un monde "libre" où il pourrait vivre dans devoir se cacher de sa maladie et dans lequel les humains s’accepteraient tels qu’ils sont, forts de leurs différences. Le jeune homme ose même imaginer un futur où les bipolaires et schizophrènes seraient sollicités par des entreprises pour leur côté créatif. "La machine est en marche. Beaucoup de start-up s’y mettent et commencent à valoriser le potentiel de ces personnes".

"Cette particularité doit être vue comme un plus et non comme un moins", explique-t-il tout en rappelant qu’outre-Atlantique, nombreuses personnalités ont accepté de se mettre à nu et de faire leur "coming out" à l’instar de Kanye West, Mariah Carrey ou encore Robin Williams. Pour lui, ce tabou ne doit plus subsister en France, un combat contre lequel l’information et la sensibilisation restent les meilleures armes.

Retrouvez ici en intégralité l'interview de Maxime Perez Zitvogel :