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Une ministre britannique choque avec son « rêve » sur les migrants

Ultra-conservatrice, Suella Braverman s’est montré extrêmement ferme sur l’accueil des réfugiés, alors qu’une majorité de Britanniques se disent favorables à l’accueil des migrants.

ROYAUME-UNI - Quelques secondes de vidéo ont suffi à provoquer un tollé outre-Manche. Ce mardi 4 octobre, la ministre de l’Intérieur britannique Suella Braverman s’est attiré un torrent de critiques pour une phrase déplacée sur les réfugiés présents au Royaume-Uni.

Derrière la sortie de la ministre, ces quelques mots : « Mon rêve ? Voir à la une du Telegraph un avion plein de réfugiés décollant pour le Rwanda ». Un « rêve » qui passe très mal pour de nombreux Britanniques, ainsi que pour plusieurs associations de réfugiés. Surtout que la ministre en poste depuis l’arrivée de Liz Truss est la fille d’un réfugié kényan ayant rejoint la Grande-Bretagne dans les années 60.

Le gouvernement britannique veut empêcher les migrants qui ont traversé la Manche d’effectuer une demande d’asile au Royaume-Uni, a également déclaré la ministre de l’Intérieur Suella Braverman mardi. Une annonce globale perçue comme une violation des conventions internationales.

« Si vous entrez illégalement au Royaume-Uni en provenance d’un pays sûr, vous devez rapidement être renvoyé dans votre pays d’origine ou relocalisé au Rwanda, où votre demande d’asile sera considérée », a déclaré la ministre ultra-conservatrice, ovationnée lors du congrès du parti conservateur à Birmingham (centre de l’Angleterre).

Les organisations de défense des droits des migrants, ont dénoncé ces annonces qui relèvent de la diversion. La fondatrice de Care4Calais, Clare Mosley, a critiqué un projet « barbare, mensonger et inutile » et a dénoncé la « fausse » rhétorique du gouvernement sur le sujet. Le Refugee Council a quant à lui souligné que ces annonces allaient à l’encontre de la convention des Nations unies sur les réfugiés, qui dispose qu’un migrant ne peut pas être pénalisé dans sa demande d’asile en raison de la façon dont il est entré dans le pays où il fait sa demande.

Les Britanniques majoritairement favorables à l’accueil des migrants

Londres a fait de la question de l’immigration une priorité depuis le Brexit et dit vouloir réduire le nombre de migrants que le pays prend en charge. Suella Braverman a affirmé qu’il y avait « trop de demandeurs d’asile qui abusent du système » et qui ne servent pas « les besoins de l’économie ».

La ministre a aussi dénoncé ce qu’elle a qualifié d’« abus » de migrants se faisant passer pour des victimes « d’esclavage moderne » - des propos là aussi qualifiés de mensongers par les ONG.

Plus de 33 500 personnes ont effectué depuis le début de l’année la dangereuse traversée de la Manche, l’une des voies maritimes les plus fréquentées au monde. Ce chiffre ne cesse d’augmenter depuis 2018 malgré les promesses des gouvernements conservateurs successifs. Des annonces qui passent mal, surtout que les Britanniques sont majoritairement favorables à l’accueil des migrants selon les sondages, s’inquiètent d’abord de la crise du coût de la vie.

Selon les chiffres du ministère britannique de l’Intérieur, 94 % des quelque 50 000 migrants arrivés au Royaume-Uni après avoir traversé la Manche via des embarcations de fortune entre janvier 2018 et juin 2022 ont demandé l’asile. 86 % de ceux qui ont, depuis, vu leur demande considérée ont obtenu l’asile.

Dans le cadre de sa lutte contre l’immigration, le gouvernement avait annoncé au printemps qu’il enverrait au Rwanda certains demandeurs d’asile. Cette politique a pour l’instant été bloquée par la Cour européenne des droits de l’Homme, ce qu’a regretté Suella Braverman, appelant le Royaume-Uni a « reprendre le contrôle » face à « un tribunal étranger qui met en danger notre souveraineté ».

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