"La mort ne me fait pas peur": atteint d'un cancer incurable, Axel Kahn témoigne de sa fin de vie sur BFMTV

Le président de la Ligue nationale contre le cancer assure attendre la mort "avec un sourire ironique aux lèvres."

"La mort ne me fait pas peur, je sais qu'elle va gagner, mais elle ne m'aura pas dans l'angoisse ni la terreur." Quelques jours après avoir annoncé sur les ondes de France Inter l'aggravation du cancer contre lequel il se bat depuis plusieurs mois, le généticien et essayiste Axel Khan a publié ce vendredi sur son compte Facebook un long message nommé "le bout du chemin."

Dans ce testament numérique, ce dernier indique qu'il va "mourir, bientôt", car pour l'heure, "tout traitement à visée curative, ou même frénatrice, est désormais sans objet." "Reste à raisonnablement atténuer les douleurs", ajoute-t-il.

"Or, je suis comme j’espérais être: d’une totale sérénité. Je souris quand mes collègues médecins me demandent si la prescription d’un anxiolytique me soulagerait. De rien, en fait, car je ne ressens aucune anxiété", écrit-il encore, dans des mots empreints d'émotion et de dignité.

"J'ai bien vécu"

Ce vendredi en fin de journée, celui qui est également président de la Ligue nationale contre le cancer mais vient d'annoncer son retrait de la vie publique a longuement été interrogé à l'antenne de BFMTV. Il est notamment revenu sur son état d'esprit quelques heures après sa publication sur les réseaux sociaux.

"Ce que j’ai en tête, c’est que la fin annoncée n’est pas tragique, car j’ai bien vécu. Je ne vais pas dire que je n’ai aucun regret, globalement j’ai eu des projets, j’ai le plus souvent réussi à les réaliser. J’ai réussi à suivre l’injonction paternelle, ‘soit raisonnable et humain’. Aucun parcours n’est parfait, mais j’ai essayé de ne pas tomber dans les pièges du minotaure", assure-t-il.

En ce qui concerne le texte en lui-même, Axel Kahn estime que ce dernier était important, dans la mesure où les derniers avancements médicaux n'étaient pas favorables et que son histoire avait été rendue publique.

"Je n’ai pas réfléchi longtemps, je suis à l’hôpital, il y avait d’ultimes examens à faire, et on pouvait envisager un traitement spécifique, destiné à freiner la maladie, ou alors c’était sans intérêt de tenter. In fine, les examens montrent que c’est sans intérêt, on va me soigner, me soulager, mais ces mesures seront pour me permettre d’avoir le meilleur confort de vie possible jusqu’à ce que la vie me quitte. Cette décision étant prise, il était normal que je l’annonce en dédramatisant", analyse-t-il.

"Même pas peur"

Au cours de cet entretien d'une vingtaine de minutes auprès de notre antenne, Axel Kahn a également fait montre de sa force, mais aussi de sa sérénité face à la mort. "La mort ne me fait pas peur", martèle-t-il, assurant de nouveau avoir "bien vécu."

"Je sais qu’elle va gagner, mais elle ne m’aura pas dans l’angoisse et la terreur. Elle m’aura avec un sourire ironique aux lèvres, mais ‘même pas peur’. Malgré tout, j'ai vraiment bien vécu."

De manière générale, l'annonce de cette mort certaine n'a pas empêché au généticien de mettre en place "les dispositions que je pouvais mettre en place." Lors du dernier week-end de l'Ascension, Axel Kahn a ainsi indiqué avoir passé plusieurs jours avec ses proches dans leur maison familiale. Là, il a pu en profiter pour "cueillir du muguet" ou encore "expliquer comment on s'occupe d'une propriété."

"Ma compagne a eu plus de mal, c’est une femme d’un très grand courage, elle ne se projette pas encore dans les moments difficiles après que je ne sois plus, mais dans ce qu’il faut faire pour m’accompagner au mieux", affirme-t-il, assurant souhaiter être enterré dans cette propriété, dans "un cercueil de sapin" comme "un soldat mort au combat." "Je n’ai pas laissé grand-chose au hasard, J’ai même anticipé les conditions du repas, comme on est en Champagne, il faut boire du champagne, c’est le breuvage normal. Je ne leur demande pas un bal, mais une réunion familiale gaie et engagée", insiste-t-il.

"La fin de tous les parcours est délicate"

En guise de conclusion, Axel Kahn, qui refuse l'euthanasie, "car ça veut dire abandonner les combats que j'avais à mener", a tenu à lancer un message à tous les Français atteints du cancer. "Nous le faisons reculer année après année, on arrive à en tirer de plus en plus de femmes et d’hommes, à qui on offre des renaissances."

"Je veux éloigner pour tous les autres qui malheureusement succomberont, il n’y a pas de terreur à avoir, on peut affronter la mort avec ce sourire ironique, pas avec joie, mais avec ce fatalisme, ce défi, et il y a des moments qui sont des moments de joie, de bonheur intense, alors même que l’on sait qu’on va mourir quelques semaines après. Je veux en témoigner pour toutes les personnes malades, qui sont terrorisées. C’est la fin de votre parcours, mais la fin de tous les parcours est délicate, il faut que vous exigiez que votre douleur soit soulagée", martèle-t-il encore.

Comme mot de la fin, et comme une nouvelle illustration de la force de cet homme de 76 ans, Axel Kahn l'assure: "je ne laisserai jamais à personne le droit de me priver de l’éventualité de moments de joie intense qu’il peut me rester."

Article original publié sur BFMTV.com

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