"Des mots des années 90" : Macron recadre Borne qui a accusé le RN d'être "héritier de Pétain"

Le Président n'a pas apprécié les mots choisis par la Première ministre visant le mouvement longtemps dirigé par Marine Le Pen. Le chef de l'État a appelé la patronne de Matignon à éviter "les jugements moraux".

Un recadrage en règle. Emmanuel Macron a désavoué Élisabeth Borne qui avait qualifié dimanche le Rassemblement national "d'héritier de Pétain", "avec une idéologie dangereuse".

Il faut éviter de combattre le parti désormais dirigé par Jordan Bardella avec "les mots des années 90" et des "jugements moraux", a jugé le chef de l'Etat lors du Conseil des ministres ce mardi matin, d'après des informations du Parisien, confirmées par BFMTV.

"Un changement de nom ne change pas les idées"

La Première ministre s'en était prise dimanche sur Radio J au mouvement qui compte un groupe de 88 députés à l'Assemblée nationale dirigé par Marine Le Pen. La cheffe du gouvernement avait jugé la victoire du RN "possible" en 2027, tout en accusant Jean-Luc Mélenchon et La France insoumise de faire "le jeu de l'extrême droite" et de concourir à la montée de la violence.

"Je ne crois pas du tout à la normalisation du Rassemblement national. Je pense qu'il ne faut pas banaliser ses idées, ses idées sont toujours les mêmes. Alors maintenant, le Rassemblement national y met les formes, mais je continue à penser que c'est une idéologie dangereuse", avait encore déclaré Élisabeth Borne.

"Je n'ai jamais entendu Marine Le Pen dénoncer ce qu'ont pu être les positions historiques de son parti et je pense qu'un changement de nom ne change pas les idées, les racines", avait ajouté la cheffe du gouvernement, qualifiant le RN d'"héritier de Pétain, absolument".

Pour Bardella, des propos "mensongers et injurieux"

Ces propos avaient fait vivement réagir dans les rangs de l'extrême droite. Sur Twitter, Marine Le Pen avait dénoncé dans la foulée des propos "infâmes et indignes", "pas acceptables à l’égard du premier parti d’opposition, de ses députés, de ses milliers d’élus et des millions de Français qu’il représente".

Le président du parti Jordan Bardella avait regretté de son côté des "propos graves, mensongers et injurieux" qui "salissent les millions de Français qui votent pour le RN". "Élisabeth Borne est à la fois inculte, indigne et incapable", a encore étrillé le député RN Sébastien Chenu.

Les propos d'Emmanuel Macron à sa Première ministre sont dans la droite ligne de ceux que le chef de l'État avait déjà tenu en avril dernier. Pour lui, Marine Le Pen "arrivera (au pouvoir) si on ne sait pas répondre aux défis du pays et si on installe une habitude du mensonge ou du déni du réel", avait alors avancé le président.

Selon le président de la République, le "Front National" qu'il "continue à appeler comme tel" joue au "jeu du plus populiste et démagogue". Une tactique politique face à laquelle le chef de l’État entend répondre avec les "chantiers de la réindustrialisation, de l’écologie, de l’ordre et du combat pour nos services publics", afin de faire sortir les "gens du désespoir, de la misère et de la colère".

Article original publié sur BFMTV.com

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