"On ne transige pas avec la laïcité" : la bougie de Hanouka allumée devant Macron à l'Élysée fait réagir à gauche

Ce jeudi, à l'Élysée, le grand rabbin de France Haïm Korsia a allumé une bougie à l'occasion de la fête juive de Hanouka. De nombreux élus, essentiellement de gauche, ont dénoncé une séquence contrevenant à la laïcité.

"Macron président, c'est un gamin de 10 ans avec une panoplie du petit chimiste, mais de la vraie nitroglycérine et des vraies allumettes". La métaphore est signée par la sénatrice socialiste, Laurence Rossignol, sur X (ex-Twitter) ce jeudi 7 décembre.

Plusieurs élus de gauche reprochent au président de la République de ne pas avoir respecté le principe de laïcité et notamment la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l'État en France.

En cause: une vidéo qui circule assez largement sur les réseaux sociaux. On y voit, dans la salle des fêtes de l'Élysée le grand rabbin de France Haïm Korsia allumer la première bougie de Hanouka en présence d'Emmanuel Macron pour marquer le début de cette fête juive des lumières.

"Spirale dangereuse"

"Faute politique impardonnable", a réagi Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise, rappelant que "samedi nous célébrons la date d'anniversaire de la loi de 1905".

Et son collègue Matthias Tavel de citer un article de cette loi que l'on doit à Aristide Briand: ''La République ne reconnaît, ne salarie, ni ne subventionne aucun culte''. Toujours parmi les insoumis, Alexis Corbière a mis en garde face à une "spirale dangereuse" et interrogé:

"Ce commun est précieux mais fragile"

Les réactions se sont également multipliées parmi les socialistes. "On ne transige pas avec la laïcité. Ce commun est précieux mais fragile", a averti Carole Delga, présidente de la région Occitanie, quand le maire de Montpellier, Michaël Delafosse, connu pour son attachement à la laïcité, a écrit:

Le député Jérôme Guedj s'est également exprimé. Reconnaissant un "soutien aux français juifs parfaitement légitime" au regard "de "la montée de l'antisémitisme" en France depuis les attaques du Hamas le 7 octobre en Israël, il a néanmoins regretté cette séquence, écrivant: "Aussi sympathique que ce soit, Hanoucah, c’est une fête religieuse. À laquelle aucun élu de la République ne devrait participer, comme toute manifestation religieuse."

"Contrecarrer cette image"

"Imagine-t-on une messe de Noël ou l’aïd à l’Élysée? Ce n’est pas sérieux", a également réagi Julien Aubert, membre du parti Les Républicains et ancien député du Vaucluse. Une rare réaction de ce côté de l'échiquier politique, les états-majors de LR et du Rassemblement national restant, pour le moment, silencieux.

Laurent Jacobelli, du RN, et David Lisnard, de LR, ont néanmoins tous deux pointé un décalage entre cet événement et l'absence d'Emmanuel Macron, dimanche 12 novembre. Désormais, le président cherche à "contrecarrer cette image qu'il a pu donner à nos compatriotes juifs", a cherché à expliquer le premier sur BFMTV.

Le second a feint de s'interroger sur X: "Comment peut-on refuser de participer à une marche civique contre l’antisémitisme au motif incongru et fallacieux de la sauvegarde de l’unité nationale, et célébrer une fête religieuse au sein du palais présidentiel?"

Ce jeudi, lors de cette cérémonie à l'Élysée, Emmanuel Macron s'est vu remettre le prix annuel de la Conférence européenne des rabbins (CER) qui récompense la lutte contre l'antisémitisme et la sauvegarde des libertés religieuses. Le chef de l'État a promis de fixer "dans les semaines à venir" la date d'un hommage aux victimes de l'attaque du Hamas, estimant devoir attendre car des familles "ont encore des otages".

Article original publié sur BFMTV.com

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