Pap Ndiaye voit sa sortie du gouvernement comme un « trophée de chasse » pour l’extrême droite

Pap Ndiaye (ici le 30 mai à l’Assemblée nationale) estime que son limogeage du gouvernement est un « trophée de chasse » pour la droite et l’extrême droite
Pap Ndiaye (ici le 30 mai à l’Assemblée nationale) estime que son limogeage du gouvernement est un « trophée de chasse » pour la droite et l’extrême droite

POLITIQUE - Trois mots pour résumer 14 mois d’attaques. Pap Ndiaye revient, dans un récit publié dans les colonnes du Monde ce vendredi 4 août, sur son passage au ministère de l’Éducation nationale marqué par les critiques incessantes de la droite et de l’extrême droite à son encontre.

Deux semaines après avoir passé les rênes du « Mammouth » à Gabriel Attal, l’historien voit donc son limogeage comme un « trophée de chasse » donné à ces « forces obscures », promptes à voir en lui l’incarnation d’un wokisme qu’elles exècrent. Une expression qui avait déjà fait fleuri notamment sur les réseaux sociaux, quand plusieurs responsables politiques, souvent à gauche, faisaient mine de s’étonner de son départ de la rue de Grenelle.

Finalement débarqué pour sa trop grande discrétion, selon les différents discours, le principal intéressé, qui avait déjà parlé des mois les plus « âpres » de son existence lors de la passation de pouvoir avec son successeur et regretté le « diktat de l’instantané », explique avoir tenu la barre sous les critiques parce qu’il fallait « ouvrir la voie. »

Mais comment explique-t-il ce phénomène, et cette vague de dénigrement qui s’est levée le jour même de son arrivée au ministère ? On se souvient par exemple que Marine Le Pen, la présidente du Rassemblement nationale s’était emportée sur les réseaux sociaux contre « la nomination d’un indigéniste assumé » comme « la dernière pierre de la déconstruction de notre pays, de ses valeurs et de son avenir. » Rien de moins.

« Tout ce que l’extrême droite abhorre »

Quinze mois plus tard, l’universitaire, spécialiste reconnu de l’histoire sociale des États-Unis et des minorités, répond sans fard : « L’éducation nationale est un ministère important, qui touche à l’intime des familles. Je suis identifié comme un homme de gauche, engagé sur les questions de l’antiracisme, de la lutte contre les discriminations, tout ce que l’extrême droite abhorre », déclare-t-il, dans les colonnes du Monde, avant d’ajouter : « Et je suis un homme noir. Ce facteur combiné aux deux autres est insupportable pour l’extrême droite.

Le désormais ancien ministre, qui évoque de la « déception » et de la « tristesse » après son passage au gouvernement, est désormais en partance pour Strasbourg. Le président de la République lui a confié le rôle d’ambassadeur représentant la France au Conseil de l’Europe, une institution qui veille au respect des droits de l’Homme au sein des 46 États qui en sont membres.

« C’est un poste très important car les questions relatives aux droits de l’homme interpellent tous les pays, y compris la France », récemment épinglée pour des sujets de violences policières ou pour le traitement des personnes handicapées, a souligné Pap Ndiaye le 26 juillet à l’AFP au moment de sa nomination.

Il défendait également une prise de poste « en droite ligne » avec ses « engagements de toujours » pour les droits de l’homme. Une façon d’essayer de couper court aux nouvelles critiques… Venues de la droite, où l’arrivée de Pap Ndiaye à Strasbourg a déjà provoqué une nouvelle levée de boucliers.

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