Pau : ce que l'on sait de l'envahissement d'un hôpital par des opposants au pass sanitaire

Envahissement de l'hôpital de Pau par des opposants au pass sanitaire.

Plusieurs dizaines de personnes ont fait irruption dans l'hôpital de Pau lundi, certains sans masque, invectivant le directeur de l'établissement.

La scène, partagée sur les réseaux sociaux, suscite une large indignation. On y voit une cinquantaine de personnes envahir l'hôpital de Pau, après s'être rassemblées devant l'entrée pour y distribuer des tracts. Objet de la manifestation : la fin du pass sanitaire pour accéder à l'hôpital.

Après avoir fait un sitting dans l'entrée de l'hôpital pour réclamer un entretien avec le directeur de l'établissement, les manifestants, dont certains sans masque, sont reçus par le directeur des affaires générales au bout d'une demie-heure. S'engage alors plus d'une heure de "dialogue" dans lequel se multiplient les fausses informations de la part des manifestants.

Le pass sanitaire à l'hôpital au coeur des débats

La discussion commence par l'objet de la manifestation, le pass sanitaire dans les hôpitaux. "Je n’ai pas de pass, ça veut dire que je ne peux pas me faire soigner", lance une manifestante au directeur des affaires générales. En réalité, l'accès aux urgences n'est pas soumis au pass sanitaire.

En revanche, il l'est pour les interventions programmées. Si le praticien estime qu'il y a une perte de chance, les soins seront assurés malgré tout. Un accès aux soins pour tous qu'assure surveiller l'Ordre des médecins.

La rumeur d'un vaccin en phase d'expérimentation

Autre fausse information rapportée par les manifestants qui ont envahi le centre hospitalier de Pau, l'idée que les vaccins sont expérimentaux : "comment pouvez-vous obliger des gens à avoir une injection qui a une Autorisation de Mise sur le Marché provisoire et qui est en phase d'expérimentation ?", interroge, sans masque, une des manifestantes.

Or, si la phase 3 des essais cliniques est toujours en cours, il est faux de dire que les vaccins sont encore en phase d'expérimentation. "La phase 3 n'est pas totalement terminée car il reste à déterminer le temps d'efficacité du vaccin et la persistance des anticorps, l'éventuel besoin de faire une dose de rappel et au bout de combien de temps. Il est encore trop tôt pour avoir de telles données, la vaccination étant encore récente. C'est pour cela que les phases 3 doivent se terminer en 2023 pour Pfizer", nous expliquait récemment Mathieu Molimard chef du service pharmacologie médicale au CHU de Bordeaux.

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"C'est pour cela que l'autorisation de mise sur le marché est qualifiée de temporaire, puisque qu’elle sera complétée lorsque la phase 3 sera totalement terminée et apportera les informations sur l'éventuel besoin de faire un rappel, à une certaine échéance", poursuit Mathieu Molimard.

Les manifestants évoquent les dangers du port du masque

Le port du masque est aussi évoqué par les manifestants, qui sont très peu à le porter. "Même le port du masque est honteux. Moi j'estime que ça me fait du mal, que je respire mes déjections toute la journée. c'est reconnu, ça provoque la dyspnée, l'hypoxie, vous n'hydratez pas correctement votre cerveau en respirant correctement". Les informations sur les dangers des masques avaient été largement démenties, notamment par l'Inserm.

Autre "information" véhiculée par les manifestants, l'idée que l'IHU où exerce Didier Raoult ne mettra pas en oeuvre le pass sanitaire.

Une information qui avait été démentie par François Crémieux, directeur général de l'AP-HM, dont dépend l'IHU.

"Les gens ont perdu leur tête avec des raisonnements comme le vôtre"

L'"échange", qui a duré environ, a été ponctué par une menace envers le directeur des affaires générales : "lorsqu'il va y avoir des gros pépins avec le vaccin à l'hôpital vous allez être personnellement tenu responsable (...) Souvenez-vous en 1989 (sic) et les quelques années qui ont suivi, les gens ont perdu leur tête avec des raisonnements comme le vôtre, vous jouez la vôtre".

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