Polémique à Lyon : qu’est-ce que l’écosexualité ?

L'écosexualité s'inscrit dans une logique écologique (crédit : getty image)
L'écosexualité s'inscrit dans une logique écologique (crédit : getty image)

Avant le vote des attributions de subventions culturelles de la ville de Lyon, des images montrant la performance d’artistes nus dans un jardin botanique faisant référence à l’écosexualité ont enflammé les réseaux sociaux.

Une vidéo haute en couleur. Le maire du 2e arrondissement de Lyon, Pierre Olivier (LR), a posté des images dénonçant le choix de la mairie de soutenir financièrement un duo d’artistes baptisé Lundy Grandpré. Sur la vidéo, on voit notamment un homme nu ramper dans un jardin et un sextoy posé au sol. Lors de cette performance baptisée "Petit manuel indocile d'introduction à l'écosexualité" filmée au sud de Lyon en juin 2021, selon Le Progrès, des enfants sont présents parmi les spectateurs. Les artistes présentent leur performance comme "un outil de déconstruction des stéréotypes, de questionnement politique, et du subversif" s'appuyant sur "l'écosexualité, l'écoféminisme et la botanique jubilatoire".

Pierre Olivier dénonce une "utilisation militante et extrémiste du budget" de la ville de Lyon, alors que les subventions culturelles seront votées lors du conseil municipal le 29 juin. La mairie de Lyon (EELV) répond que "la vidéo est sortie de son contexte" et que le projet n’a pas vocation "à exposer la nudité aux enfants". De plus, le dernier projet présenté par les artistes a reçu un avis "favorable" du groupe d’opposition de droite en commission, rappelle le Huffpost en citant la mairie.

D’où vient l’écosexualité ?

Les premières représentations d’hommes faisant l’amour avec la nature remontent au XVe siècle. Sur le triptyque Le Jardin des Délices du Néerlandais Jérôme Bosch par exemple, certains personnages jouissent avec des fleurs ou grâce à un tronc d’arbre. Mais les premières à avoir parlé d’écosexualité en tant que telle sont les artistes Elizabeth Stephens et Annie Sprinkle.

Lors de performances artistiques remontant à 2008, elles se sont mariées symboliquement avec des éléments naturels : de la terre en Californie, des pierres en Espagne ou du charbon à Gijon. Leur démarche est précisée dans le manifeste intitulé Ecosex : "Dans le but de fonder une union toujours plus réciproque et plus durable, nous collaborons avec la nature. Nous traitons la Terre avec respect, bonté et tendresse". Leur idée est de "travailler et jouer" dans une démarche de "justice environnementale" et d’abandonner au passage le concept de mère Nature pour faire de la Terre une amante.

Plus qu’une pratique sexuelle visant à ne faire qu’un avec la nature, l’écosexualité est davantage un état d’esprit. L’idée des artistes est, dans ce cadre, de présenter les règnes non humains (animal, végétal, minéral) (...) autrement que comme des ressources inanimées à épuiser, explique Slate. Le côté charnel de la nature est montré à travers des représentations de fleurs ressemblant à des organes génitaux par exemple, des textures ou encore des couleurs.

"L’idée est de créer une sexualité holistique qui soit axée sur l’ensemble des sens et qui ait pour fil directeur la planète sur laquelle on vit", précise Conso globe. Se baigner dans la mer nu ou se rouler dans l’herbe en y prenant du plaisir serait ainsi déjà de l’écosexualité.

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