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Sur un groupe Facebook, des milliers de policiers s'échangent des messages racistes

De nombreuses enquêtes mettent actuellement au grand jour le racisme et les violences dans la police

Le site StreetPress a infiltré un groupe privé Facebook rassemblant plus de 8000 membres des forces de l'ordre. Les messages racistes et sexistes y sont légion. Christophe Castaner a saisi la justice.

Sale temps pour les forces de l'ordre. Après l'enquête de Mediapart et le documentaire paru sur Arte Radio (sur l'affaire d'un policier noir de Rouen découvrant qu'il était la cible de propos racistes de la part de 6 collègues), le racisme véhiculé par certains membres de la police continue d'être dévoilé au grand jour.

Ainsi, le site d'information StreetPress en a remis une couche jeudi en infiltrant un groupe Facebook de policiers, créé en 2015 et composé de plus de 8000 membres. Dans ce groupe privé, intitulé "TN Rabiot Police Officiel", les messages et commentaires racistes, sexistes ou homophobes sont légion.

“Elle aurait dû rester sur le trottoir cette p..."

"Toujours la même merde qui brave tous les interdits dans ce pays, les gauchiasses puants et les immigrés qui ne feraient même pas 1/10e du quart de ça chez eux. Comme Trump ! Il a dit du plomb !", "Tous les prétextes sont bons pour ces sans cerveau, ses ramassis de chiottes finis à la pisse", "Elle aurait dû rester sur le trottoir cette p..." (à propos de Camélia Jordana), "C’est la marée noire" ou encore "c’est Noir de monde" (à propos du rassemblement pour Adama Traoré), peut-on lire dans certains commentaires, liés à des articles d’actualité partagés dans le groupe.

Certains policiers tentent parfois de calmer les ardeurs de leurs collègues. En vain. Au menu également : propos homophobes, appels aux meurtres et montages photos douteux, se moquant de terribles drames vécus par de jeunes Noirs.

Dans ce contexte explosif, le patron de la police Frédéric Veaux a annoncé jeudi à l'AFP que les policiers de Rouen, mis en cause en décembre 2019 pour leurs propos racistes échangés en privé sur la messagerie WhatsApp, avaient été renvoyés en conseil de discipline à la suite d'une enquête disciplinaire.

Ce vendredi 5 juin, Christophe Castaner a saisi la justice, a indiqué l’entourage du ministre de l’Intérieur. “S’ils sont avérés, ces propos inacceptables sont de nature à porter gravement atteinte à l’honneur de la police et de la gendarmerie nationales, dont les hommes et les femmes sont engagés au quotidien pour protéger les Français, y compris contre le racisme et les discriminations. C’est pourquoi le ministre de l’Intérieur a décidé de saisir le procureur de la République”, précise la même source à l’AFP.