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Les masques jetables, un désastre environnemental : que faire pour y remédier ?

La consommation en masse de masques à usage unique a généré une nouvelle pollution (Photo : Getty Images)

Une étude récente démontre l'impact écologique dévastateur des déchets issus des masques à usage unique. Pourtant, des solutions existent...

Au travail, dans les transports ou dans les magasins, les masques faciaux sont devenus depuis plus d'un an des objets incontournables du quotidien. Majoritaires parmi ces derniers, les masques chirurgicaux jetables, longtemps cantonnés au milieu hospitalier et composés en grande partie de plastique, sont désormais des produits de consommation courante, qui génèrent une nouvelle forme de pollution dont l'environnement se serait bien passé.

1 à 10% des masques chirurgicaux "se retrouvent dans la nature"

Voir des masques à usage unique négligemment abandonnés sur la voie publique ou en pleine nature est ainsi devenu monnaie courante, en France comme ailleurs. Une image presque banale dont les conséquences sont pourtant loin d'être anecdotiques. Une étude menée par des chercheurs de l'Université de Milan (italie) et publiée dans la revue Environmental Advances a d'ailleurs tenté de mesurer ces conséquences en termes de pollution.

"Depuis la production en masse de masques chirurgicaux, on peut estimer qu’entre 1 à 10 % d’entre eux se retrouvent dans la nature, soit une proportion similaire à celle concernant les autres matières plastiques", jaugent ainsi les scientifiques, cités par Le Parisien. En toute logique, sur notre planète dont les océans recouvrent 70% de la surface, cette pollution nouvelle finit essentiellement, en bout de chaîne, dans les milieux marins.

Un impact environnemental inquiétant

Les chercheurs ont donc spécifiquement tenté de mesurer ce nouvel impact environnemental, en combinant des simulations en laboratoire et des analyses en milieu naturel. Leurs conclusions font froid dans le dos : selon eux, un seul masque jetable dérivant en milieu marin libère chaque jour jusqu’à 173 000 fibres microplastiques dans l'eau. "Cela représente potentiellement de 72 à 31 200 tonnes de déchets sous forme de microplastiques qui s’ajoutent, pour la seule année 2020, à la pollution déjà présente dans les mers et océans", soulignent les auteurs de l'étude.

Alors que l'effondrement en cours des écosystèmes marins constitue déjà un facteur aggravant particulièrement préoccupant du dérèglement climatique, cette sorte de "surpollution" générée par les masques jetables apparaît d'autant plus problématique. Si les scientifiques insistent aussi sur la nécessité, en amont, d'arriver à produire des masques qui soient davantage biodégradables, le simple fait de jeter son masque chirurgical par terre après l'avoir utilisé est donc, en soi, une attaque à longue portée contre son propre environnement. Ou comment se tirer une balle dans le pied...

Jeter son masque à la poubelle ne suffit pas

Pour autant, l'apparent bon réflexe de jeter son masque à la poubelle ne résout pas tous les problèmes, loin de là. "Au-delà de la pollution significative induite par l’abandon de ces masques en plastique dans la nature, leur traitement via l’incinération ou l’enfouissement est également très polluant, explique l’association Zéro Waste, citée par Le Parisien. C’est aussi et surtout, en amont, l’augmentation massive de leur production, multipliée par plus de 200 entre 2019 et 2020 selon les estimations de l’ONU, qui représente une surconsommation de ressources et engendre de nombreux impacts environnementaux."

Le diagnostic posé, quelles peuvent être les solutions en termes de consommation individuelle, sachant que les masques en tissu, moins nocifs à l'environnement, ne sont pas toujours aussi facilement accessibles ? Peut-être justement sortir de l'usage unique auxquels sont associés les masques chirurgicaux, alors même qu'ils sont réutilisables. Selon l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), il peuvent ainsi être employés jusqu'à une dizaine de fois sans perte d'efficacité, en les lavant à 60°C entre chaque utilisation.

Le recyclage, une piste prometteuse

Le recyclage des matières composant les masques jetables semble également être une piste prometteuse. "Au lieu de se retrouver enfouis ou incinérés, ces masques vont pouvoir être réutilisés, résume pour France Bleu Marc Davy, responsable d'agence au sein d'une entreprise sarthoise de traitement des déchets qui s'est attelée à cette tâche. La partie métallique rejoint une seconde vie parmi les métaux. Le masque en lui-même est broyé et par extrusion, génère des billes de plastiques qui vont servir dans le domaine de la plasturgie."

D'autres initiatives du même genre ont fleuri ces derniers mois, par exemple dans le Nord, la Vienne ou le Maine-et-Loire, comme le détaille Le Parisien. Le chemin est cependant encore long, étant donnée la quantité astronomique de masques à usage unique jetés chaque jour. "On en a de plus en plus, mais ça reste infime par rapport à la volumétrie globale, reconnaît Marc Davy. On imagine que le fait de devoir investir pour recycler est moins avantageux pour les collectivités ou les sociétés et qu'ils préfèrent se dire avec la période de crise que l'on traverse, qu'il vaut mieux remettre à plus tard cette question environnementale." Comme l'a entre autres montré le dernier rapport du GIEC, l'urgence environnementale est pourtant bel et bien là...

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