Pourquoi la reprise de Lyman est-elle un atout stratégique pour l'armée ukrainienne?

Pourquoi la reprise de Lyman est-elle un atout stratégique pour l'armée ukrainienne?

L'armée russe a déclaré ce samedi après-midi s'être retirée de la ville de Lyman, encerclée par les Ukrainiens.

Les militaires ukrainiens affirment ce samedi avoir encerclé plusieurs milliers de soldats russes à l'est de Lyman, symbole de l'occupation russe au début du conflit, et être entrés dans la ville.

"C'est une défaite pour l'armée russe", estime le général Jérôme Pellistrandi, consultant Défense à BFMTV, pour qui cet encerclement "traduit bien cette dynamique offensive maintenant du côté de Lyman".

"Les forces d'assaut aériennes ukrainiennes entrent dans Lyman, dans la région de Donetsk", a annoncé ce samedi sur Twitter le ministère ukrainien de la Défense.

Un "carrefour stratégique"

Pourquoi cette ville ukrainienne précisément constitue-t-elle une prise importante pour les forces de Kiev? Selon le consultant, elle est cruciale car "la ville de Lyman était un carrefour stratégique, logistique pour les forces russes vers le Donbass".

"Il faut rappeler que les distances sont très importantes donc on utilise le chemin de fer. Il faut des points de regroupement et Lyman faisait partie de ces sites logistiques importants pour le soutien des forces russes", détaille-t-il ce samedi.

La ville constituait un "noeud ferroviaire qui était très important pour la logistique des forces russes", résume-t-il.

Une nouvelle dynamique

Plus largement, la prise de cette ville permet à Kiev, après deux semaines d'avancée à pas comptés, d'afficher une nouvelle dynamique positive, en espérant marquer un point de bascule dans le conflit.

"C'est une manière de mettre la pression non seulement sur Donetsk, mais également sur Lougansk, donc de bien montrer que rien n'est figé et que les Ukrainiens sont capables de porter des coups et de désorganiser les Russes", développe le général Jean-Paul Paloméros, ancien chef d'état-major de l'armée de l'air et ancien commandant suprême de l'Otan au micro de BFMTV.

Un peu plus tôt ce samedi, l'armée ukrainienne avait affirmé avoir "encerclé" plusieurs milliers de soldats russes dans cette ville de la région de Donetsk, annexée vendredi par la Russie. Selon un porte-parole, "environ 5000-5500 Russes" étaient retranchés dans et autour de Lyman ces derniers jours.

Moscou minimise ce nouvel échec

Du côté de Moscou, la perte de Lyman "traduit la désorganisation voire la débandade des forces russes dans cette région", souligne Jérôme Pellistrandi .

Le Kremlin minimise donc, sans surprise, cet échec en assurant ce samedi s'être "retiré" de la ville, comme si c'était un "acte volontaire", souligne le général Pellistrandi.

"Ce retrait leur permet d'échapper peut-être à la capture d'une centaine de prisonniers", estime par ailleurs notre consultant Défense.

L'annonce n'en fait pas moins tâche pour les forces russes, alors qu'elles revendiquaient vendredi encore l'annexion de quatre nouveaux territoires ukrainiens, dont fait partie Lyman. Le constraste est saisissant entre les déclarations victorieuses de Vladimir Poutine sur la Place rouge vendredi.

"Sur le terrain, la réalité est toute autre", constate Jérôme Pellistrandi.

Article original publié sur BFMTV.com

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