"Corps enchevêtrés, taches de sang" : les images de "scène de guerre" des terrasses et du Stade de France diffusées au procès du 13-Novembre

La cour d'assises spéciale a entendu, ce jeudi, les enquêteurs de la brigade criminelle qui sont arrivés les premiers sur les lieux des attentats le 13 novembre 2015 pour effectuer les premières constatations.

Les avocats des victimes avaient prévenu leurs clients que la journée d'audience serait intense. C'est sans doute la raison pour laquelle les bancs des parties civiles sont restés clairsemés ce jeudi. Et pour cause, cette nouvelle journée d'audience du procès des attentats du 13-Novembre a été consacrée à la déposition des enquêteurs de la brigade criminelle, les premiers arrivés sur les lieux des attentats. De manière chronologique, méthodique, froide, les policiers sont ainsi revenus sur leurs constations.

L'audience a débuté avec l'attaque du Stade de France. Ce soir-là, l'enquêteur chef de groupe de la section antiterroriste de la brigade criminelle de l'époque, raconte être arrivé vers 23h20 sur les lieux, deux heures après la première explosion. Face à la cour d'assises, il fait le récit explosion par explosion. Sur place, les vitrines des restaurants et des commerces sont brisées, preuve de la violence du souffle, des bris de verre ont été retrouvés jusqu'au 4e étage des immeubles autour du stade.

Des photos des explosions diffusées

L'enquêteur revient sur la découverte de la première victime des tueries du 13 novembre 2015. "La victime était face contre terre, les vêtements maculés de sang", explique-t-il, indiquant que Manuel Colaço Dias, 63 ans, un chauffeur d'autocar portugais venu déposer des supporteurs qui allaient assister au match de foot France-Allemagne, avait pu être rapidement identifié avec l'inscription à l'intérieur de son alliance. L'homme est mort quasiment sur le coup alors que onze écrous, dont un mortel au poumon, ont été prélevés sur son corps.

Des photos des lieux sont montrées. Les corps de la victime, des kamikazes et des blessés sont cachés par un carré blanc. Mais l'enquêteur n'omet aucun détail lorsqu'il décrit ce qu'il a vu, à commencer par le corps démembré du premier kamikaze. La police retrouve sur lui un passeport syrien.

"Notre idée était de l'identifier au plus vite", dit l'enquêteur.

Le policier poursuit en évoquant "les os" et les autres "morceaux de chair humaine" retrouvés au niveau de la porte D, là où la première explosion a eu lieue. Concernant le deuxième kamikaze qui s'est fait exploser près de la porte H à 21h20, il relate là aussi un corps "disloqué", "des fragments de corps retrouvés un peu partout".

"Mettre de côté l’aspect humain pour rester professionnel"

L'émotion s'est ensuite à nouveau emparée de la salle d'audience avec la déposition d'un autre enquêteur de la brigade criminelle, qui lui est intervenu au Petit Cambodge et au Carillon, qui se font face rue Alibert dans le 10e arrondissement de Paris. Les scènes qu'il décrit sont semblables à "des scènes de guerre". Là, 13 personnes ont perdu la vie. "Avec mes collègues, on est tous expérimentés, on a tous vu beaucoup de scènes de crimes mais là quand on est arrivés, c’était la sidération lors des premiers instants (...) les corps enchevêtrés, les taches de sang, les compresses...", témoigne-t-il.

Et de souffler: "On a mis de côté l’aspect humain pour rester professionnels".

L'enquêteur, ému à la barre, a ensuite énuméré un par un le nom des victimes de ces deux établissements, rappelant à quel endroit où leur corps a été retrouvé. Des photos ont été à nouveau diffusées, montrant les traces de sang, les bols et les couverts encore sur les tables, comme figés. "Les victimes ont été interrompues dans une activité festive, elles ont toutes étés tuées par balles", a rappelé l'enquêteur alors que les trois terroristes, tous avec une Kalachnikov, sont sortis de leur voiture pour tirer sur les terrasses. Plus de 120 douilles ont été retrouvées sur place, ce qui correspond à quatre chargeurs.

"Quand on procédait aux constatations, la seule chose qu'on pouvait entendre, c'était les sonneries des téléphones portables, qui nous sortaient de notre professionnalisme", conclut l'enquêteur.

Article original publié sur BFMTV.com

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