Le procureur de Limoges sur la sellette pour des blagues grivoises et des faits de sexisme

Baptiste Porcher, procureur de Limoges, a comparu en audience disciplinaire devant le Conseil supérieur de la magistrature. Plusieurs femmes dénoncent des comportements sexistes et misogynes.

JUSTICE - Des blagues lourdes, mais surtout de comportements sexistes. Baptiste Porcher, 47 ans, procureur de Limoges depuis quatre ans, a comparu ce mardi 6 février en audience disciplinaire devant le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) notamment pour « des manquements à la délicatesse et à la dignité du magistrat ». Le ministère de la justice a demandé sa mutation et une « sanction exemplaire ».

L’enquête du CSM a dévoilé que le magistrat multipliait les blagues graveleuses, la plupart du temps à connotation sexuelle, rapporte la radio France Inter. Par exemple, il s’est déjà amusé à rajouter « TION » sur le tableau des gardes à vue, à côté du patronyme d’un suspect qui s’appelait Fella. Un humour qui gêne ses collègues.

Des regards déplacés, des propos choquants

Mais c’est surtout son comportement à l’égard des femmes qui inquiète le CSM, qui a recueilli le témoignage de six femmes ayant travaillé avec Baptiste Porcher. Le Parisien relate qu’il aurait déclaré, au sujet d’une jeune auditrice de justice : « Elle serait capable de passer sous le bureau pour obtenir un stage. »

À une autre collègue qui avait le collant effilé : « Toi, tu reviens de chez le président [du tribunal] ! » Les plaignantes dénoncent également des regards déplacés et appuyés sur les poitrines.

Une magistrate relate l’épisode de trop, qui l’a poussée à demander sa mutation d’urgence. Alors qu’elle sortait d’audience ravie, elle esquisse un pas de danse, et Baptiste Porcher lui assène : « Ma femme fait pareil quand elle a envie de faire l’amour. » « C’était ça tous les jours », a-t-elle indiqué aux enquêteurs, selon des propos rapportés par France inter. « Je finissais par me cacher derrière les portes, ça ne s’arrêtait jamais », poursuit celle qui fait état d’une dépression et d’une prise de poids.

"Ce n’est pas un Gérard Depardieu", plaident ses avocats

Baptiste Porcher, qui est par ailleurs décrit comme un excellent chef de juridiction dans tous les rapports, plaide le second degré. « Vous reconnaîtrez que ce n’est pas très approprié pour un procureur », lui a fait remarquer Rémy Heitz, le président de cette audience.

« Ses qualités juridictionnelles sont exemplaires », a affirmé Paul Huber, le directeur des services judiciaires. « Mais on ne peut plus tolérer ce type de comportement qui nous renvoie à des situations que nous connaissons tous devant nos tribunaux, celles où des victimes ont du mal à dénoncer des faits de harcèlement moral et sexuel, et où des auteurs se banalisent, se victimisent. »

« Ce n’est pas un Gérard Depardieu, mais un magistrat qui faisait des blagues de mauvais goût sans imaginer qu’elles provoquent des souffrances », ont défendu les avocats de Baptiste Porcher, Célia Chauffray et Olivier Morice, qui souhaitent donner une autre image de leur client avant la décision du CSM le 12 mars.

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