Qui est Yaël Braun-Pivet, première femme présidente de l'Assemblée nationale

Après la commission des Lois, Yaël Braun-Pivet s'apprête à présider l'Assemblée nationale.

Yaël Braun-Pivet a été élue présidente de l'Assemblée nationale par les députés ce mardi 28 juin. Qui est cette femme de 51 ans qui devient la 4e figure de la République ?

Elle ne sera restée ministre des Outre-mer qu'un mois et 5 jours. Quelques semaines après sa nomination dans le gouvernement Élisabeth Borne, Yaël Braun-Pivet a quitté la rue Oudinot pour occuper le prestigieux poste de présidente de l'Assemblée nationale. Une élection historique puisque jusqu'ici, aucune femme n'avait accédé au "perchoir". Qui est donc la successeure de Richard Ferrand ?

Yaël Braun-Pivet a débuté sa carrière en tant qu'avocate, un métier qu'elle souhaite faire depuis qu'elle est très jeune. Elle fait du droit pénal au barreau de Paris avant de rejoindre celui des Hauts-de-Seine. Après 7 années dans le métier, elle met sa carrière entre parenthèses pour suivre son mari, cadre chez L'Oréal, pendant plusieurs années à Taïwan, au Japon et au Portugal, et élever leurs 5 enfants car concilier vie professionnelle et vie familiale devient trop contraignant. C'est d'ailleurs au Japon qu'elle s'engage en politique en devenant trésorière du Parti Socialiste à Tokyo.

Des Restos du Cœur à l'Assemblée nationale

De retour en France, elle décide de créer une start-up de chambres d'hôtes associant à l'hébergement la transmission d'un savoir-faire, mais l'expérience se solde par un échec, la nouvelle présidente de l'Assemblée reconnaissant ne pas être faite pour l'entreprenariat. Par la suite, elle dirige la cellule départementale d'accès aux droits et à la justice, où elle crée des consultations gratuites d'avocats puis s'engage dans le milieu associatif en rejoignant les Restos du Cœur où elle donne des consultations juridiques à ceux qui ont besoin de conseils.

Alors qu'elle indique avoir "toujours voté PS", elle rejoint les rangs d'En Marche! en 2016, un parti dans lequel elle a "retrouvé toutes [ses] idées profondes en termes de dépassement des clivages politiques et de pragmatisme", indiquait-elle à l'hebdomadaire d'information juridique Affiches parisiennes. En 2017, elle fait partie des nombreux nouveaux élus macronistes qui investissent massivement l'Assemblée après avoir remporté les élections législatives dans la 5e circonscription des Yvelines avec 58,99% des voix face au candidat LR Jacques Myard, député dans la circonscription depuis 24 ans. Il y a moins de 10 jours, elle a de nouveau remporté la même circonscription, dominant largement la candidate Nupes Sophie Thévenet.

Un premier haut poste et de nombreuses critiques

Dans la foulée de sa première victoire aux législatives en 2017, Yaël Braun-Pivet est élue présidente de la commission des Lois, l'une des 8 commissions permanentes de l’Assemblée nationale. Elle n'est que la 2e femme à accéder à ce poste sous la Ve République, 20 ans après Catherine Tasca, mais elle est surtout la première novice à occuper un tel poste, habituellement réservé à des personnalités politiques très expérimentés.

Son élection est alors critiquée, voire jalousée, par une partie de l'opposition ainsi que par certains élus de la majorité, qui soupçonnent qu'elle est à ce poste pour son prétendu parcours d'avocat, un métier qu'elle n'avait plus exercé depuis 15 ans, ainsi que pour la parité. Ce à quoi elle répond : "J'ai déjà connu ces procès en incompétence pendant la campagne. Mais je me sens légitime à ma place." Une série de critiques qui fait suite à quelques maladresses au début de sa présidence, comme lorsqu'elle prend un mercredi pour s'occuper de ses enfants, selon des révélations du Canard enchaîné, ou quand elle demande quand sont votés les décrets, alors qu'ils ne sont pas votés mais pris par le gouvernement.

Un quinquennat mieux achevé qu'elle ne l'avait commencé

À partir du 23 juillet 2018, la native de Nancy assure la présidence de la commission d'enquête parlementaire sur l'affaire Benalla, et elle s'attire les critiques de l'opposition qui juge que la députée macroniste manque d'impartialité et protège l'Elysée. Au final, Le Monde indique qu'elle a fini par "gagner le respect des oppositions en cherchant le consensus lors des travaux de sa commission". Durant cette affaire, elle reçoit des nombreux messages injurieux et menaçants sur les réseaux sociaux et finit par déposer plainte pour injures sexistes et antisémites.

Très impliquée sur des sujets comme les prisons, l'euthanasie ou encore la réforme des institutions, Yaël Braun-Pivet "a fini par convaincre de sa compétence, y compris dans l'opposition", comme l'indique Libération, qui explique que sa sympathie et sa bienveillance sont désormais salués sur les bancs de l'Assemblée nationale. Encore inconnue dans le paysage politique il y a 5 ans, cette femme issue d'une famille modeste est désormais le 4e personnage de l'État et va devoir s'imposer comme la patronne de l'hémicycle.

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