Régionales: faute de majorité absolue en Bretagne, place à un "troisième tour"

Le Conseil régional de Bretagne - Image d'illustration  - GEORGES GOBET / AFP
Le Conseil régional de Bretagne - Image d'illustration - GEORGES GOBET / AFP

Il était une fois en Armorique. Au lendemain du second tour des élections régionales, les interrogations sont encore nombreuses en Bretagne, malgré la nette victoire du socialiste Loïg Chesnais-Girard, président sortant et successeur de Jean-Yves Le Drian, avec 29,84% des suffrages au terme d'une inédite quinquangulaire.

En deuxième position, la maire de Vitré, la LR Isabelle Le Callennec, recueille 21,98% des voix et devance la candidate EELV Claire Desmares-Poirrier, qui obtient 20,22% et gagne 50.000 voix par rapport au 1er tour. Quatrième, un ancien du PS, Thierry Brulot, qui s'était présenté avec le soutien de LaREM, ne recueille que 14,75% des suffrages.

Pas de majorité absolue

"La victoire est belle", se félicitait dimanche Loïg Chesnais-Girard. Belle certes, mais pas suffisante pour obtenir la majorité absolue au sein de l'hémicycle régional puisqu'il n'obtient "que" 40 sièges sur 83, soit moins des 33% de voix nécessaires pour obtenir les coudées franches lors de son futur mandat. Il s'agit de la seule région dans cette situation particulière.

Commence alors ce qu'il est de coutume d'appeler le "troisième tour" du scrutin. Pour celui-ci, les électeurs locaux n'ont pas besoin de retourner aux urnes, et tout devrait se décider en coulisses. En effet, le président de région n'est officiellement élu qu'au terme de la première séance plénière des membres de l'assemblée régionale, à la suite d'un vote des nouveaux conseillers régionaux à la majorité absolue, ce qui n'est pas envisageable ici en Bretagne.

Comme le précise Le Monde, deux solutions s'offrent alors à Loïg Chesnais-Girard afin d'obtenir cette tant espérée majorité absolue. Premièrement, négocier un accord de mandature global avec l’un des groupes minoritaires, ou bien alors convaincre individuellement au moins deux membres afin de consolider son score: avec 42 sièges, il obtiendrait la majorité au sein du conseil.

Tractations en coulisses

L'enjeu est de taille pour Loïg Chesnais-Girard: s'il ne parvient pas à obtenir un accord avec l'un des groupes minoritaires, alors il devra négocier au cas par cas, et donc soumettre au vote, toutes les décisions qu'il souhaite prendre.

Et ce n'est pas gagné. Comme l'explique encore Le Monde, les tensions sont grandes entre les différents groupes, bien que l'ancien socialiste Thierry Burlot a souligné son envie de s'inscrire dans une "opposition constructive." De son côté, la candidate EELV Claire Desmares-Poirrier a assuré vouloir débuter un rapport de force.

"Il n’y aura pas de débauchage dans notre équipe. On est un collectif fort. Si l’on doit s’entendre avec Loïg Chesnais-Girard, ce sera autour d’un accord de mandature solide, ou bien au coup par coup durant le mandat. Il n’y a pas d’autre manière d’avoir nos voix", prévient-elle auprès du quotidien du soir.

Pourtant, selon Thomas Frinault, maître de conférences en Sciences Politiques à l'Université de Rennes 2, interrogé par France 3 Régions, de par son score, Loïg Chesnais-Girard garde "le choix des armes". Pour lui, la situation pourrait se décanter du côté de son ancien allié socialiste.

"L’ombre de Jean-Yves Le Drian va peut-être encore planer sur les débauchages individuels du côté de la liste de Thierry Burlot, où il y aura moins de concessions programmatiques à faire", prédit ce dernier.

Article original publié sur BFMTV.com