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Réforme des retraites : pourquoi la police ne compte jamais le même nombre de manifestants que les syndicats ?

Des manifestants pointent une pancarte en référence à l'article 49.3 de la Constitution lors de la journée de mobilisation du 19 janvier 2023 contre la réforme des retraites (crédit :REUTERS/Benoit Tessier)
Des manifestants pointent une pancarte en référence à l'article 49.3 de la Constitution lors de la journée de mobilisation du 19 janvier 2023 contre la réforme des retraites (crédit :REUTERS/Benoit Tessier)

À chaque manifestation, c’est la même rengaine. Les organisations syndicales publient un nombre de participants bien supérieur à celui des autorités, comme lors de la dernière mobilisation contre la réforme des retraites. D’où vient ce grand écart ?

Une journée de mobilisation se conclut toujours par une bataille des chiffres. Jeudi 19 janvier, lors du premier rassemblement contre le projet de loi de réforme des retraites, le ministère de l’Intérieur a compté 1,12 million de manifestants dans toute la France quand la CGT en a recensé plus de 2 millions. Le grand écart est particulièrement visible à Paris, où le gouvernement a comptabilisé 80 000 manifestants, contre 400 000, selon la CGT. Une différence de taille qui peut tromper sur l’ampleur d’une manifestation.

Comment sont comptés les manifestants ?

Les syndicats se placent au sol le long du cortège et estiment le nombre de personnes. Si par exemple, ils comptent 40 personnes dans une ligne et qu’ils notent 10 000 lignes, ils estimeront le nombre de manifestants à 400 000. Cette technique ne permet donc pas de prendre en compte les changements de densité dans le cortège.

Les forces de l’ordre ont sensiblement la même méthode, mais se placent en hauteur, dans des appartements, à un ou deux points du parcours en fonction de l'importance de la manifestation. Un premier point se situe généralement à une centaine de mètres du début du parcours et un autre à la moitié environ. Les manifestants sont comptés par groupe de dix lorsqu’ils dépassent un repère visuel. Les relevés sont ensuite comparés et pour combler la marge d’erreur, le chiffre le plus haut devient le chiffre officiel transmis par la préfecture au ministère. À Paris, franceinfo explique que la préfecture de police filme les grosses journées de mobilisation et qu’un fonctionnaire est chargé de recompter les manifestants le lendemain.

Les failles des méthodes de calcul

Quelle est la méthode de comptage la plus fiable ? Une commission formée de trois experts indépendants a été chargée de le déterminer en 2014. D’après le rapport, la méthode la plus "opérationnelle" est celle de la préfecture de police, avec le visionnage des vidéos.

Depuis ce rapport, le cabinet indépendant Occurence, qui travaille pour un groupe de médias, fournit ses propres chiffres. Il utilise un capteur laser, placé en hauteur qui "trace un trait au sol et compte toutes les silhouettes qui franchissent la ligne, détaille Europe 1. "C’est de l’IA, y a une analyse des images et c’est très fiable", estime Assaël Adary, confondateur et président du cabinet sur BFMTV. Des opérateurs sur le terrain valident ensuite le comptage. Des limites sont cependant à noter, comme ça a été le cas jeudi 19 janvier. Face à l’ampleur de la mobilisation, les forces de l’ordre ont dû mettre en place un deuxième cortège. Le cabinet Occurence, qui n'a pas eu le temps d'installer son dispositif, n’a donc pas été en mesure de livrer ses chiffres de la mobilisation.

VIDÉO - Quelle méthode de comptage de manifestants est la plus fiable ?