Rima Abdul Malak est la nouvelle ministre de la Culture, et le secteur l'attend de pied ferme

Rima Abdul Malak est la nouvelle ministre de la Culture, et le secteur l'attend de pied ferme
Rima Abdul Malak a été nommée ministre de la Culture, ce vendredi 20 mai. (Photo: Linkedin)
Rima Abdul Malak a été nommée ministre de la Culture, ce vendredi 20 mai. (Photo: Linkedin)

Rima Abdul Malak a été nommée ministre de la Culture, ce vendredi 20 mai. (Photo: Linkedin)

POLITIQUE - Tout le monde attendait les trois coups de bâton et le lever de rideau. Ce vendredi 20 mai, la composition du gouvernement d’Élisabeth Borne a enfin été dévoilée et c’est Rima Abdul Malak qui a été désignée comme la ministre de la Culture, succédant ainsi à Roselyne Bachelot.

Pressentie plusieurs fois au poste, l’actuelle conseillère culture d’Emmanuel Macron à l’Élysée, dont la carrière a commencé dans l’humanitaire avant de s’orienter vers le secteur culturel, fait son arrivée aux côtés d’autres nouveaux entrants, comme Catherine Colonna aux Affaires étrangères ou l’historien Pap Ndiaye à l’Éducation nationale.

La nomination de Rima Abdul Malak était attendue de pied ferme par les professionnels du cinéma, du spectacle vivant ou de la musique, car après deux ans d’une crise du Covid-19 qui a profondément marqué les habitudes culturelles des Français, les urgences sont nombreuses.

Relancer l’intérêt des Français

Et la première est sans équivoque de redonner aux Français l’envie d’aller écouter un concert, voir un film ou une pièce de théâtre. Les salles de spectacles vivants accusent entre “15 et 40% de baisse de fréquentation selon les agglomérations”, indique au HuffPost Frédéric Maurin, président du Syndicat national des scènes publiques (SNSP), que nous avons interrogé, comme le reste des interlocuteurs de cet article, avant la nomination de Rima Abdul Malak. Celui-ci évoque une conjonction entre “perte d’habitude” et “augmentation générale du coût de la vie”. “Il faut redonner l’appétence à nos concitoyens de revenir dans les salles de spectacle.”

“On sort de la crise sans complètement en sortir”, décrit Jean-Christophe Bourgeois, président de l’association “Tous pour la musique” qui réunit l’ensemble des représentations professionnelles de l’industrie musicale en France. Si la filière s’est prise en main et a enfourché le tigre comme l’invectivait Emmanuel Macron entre deux confinements, elle attend désormais “un appui proportionné de l’état” à l’heure où 63% des Français déclarent fréquenter moins qu’avant la crise les lieux de musique.

Même son de cloche du côté des salles obscures, qui enregistrent plus d’un tiers d’entrées en moins par rapport à 2019 depuis le début de l’année. “Il faut que le lien avec le public soit retrouvé”, assure aussi le délégué général de la Fédération nationale des cinémas français (FNCF) Marc-Olivier Sebbag pour qui inciter les gens à revenir et soutenir la relance des activités sont des besoins “immenses”.

La culture dans le pacte républicain

Outre l’effort financier du gouvernement dont le secteur culturel - qui représente 2,3% du PIB français - a bénéficié au plus dur de la crise, les différents acteurs attendent désormais aussi des changements structurels. L’inscription d’un pacte pour le savoir musical à l’école pour les uns, la modernisation des lieux et des équipements de projections ou des politiques incitatives fortes auprès des collectivités territoriales pour d’autres. Et aussi des éclairages sur l’avenir du financement des médias de l’audiovisuel public, que le président-élu n’a pas encore donnés, qui ont un “rôle majeur dans l’exposition de la diversité” des artistes, souligne Jean-Christophe Bourgeois.

Si le débat culturel a été “plus qu’inexistant” au cours de la campagne présidentielle - “ce n’est malheureusement pas une nouveauté”, nous souffle-t-on - l’important est désormais de “reconnaître l’inscription d’une politique culturelle dans le pacte républicain au même titre que la santé ou l’éducation”, soutient Frédéric Maurin, aussi directeur d’une salle de spectacle à Vendôme, dans le Loir-et-Cher. Déçu du “manque de vision” des derniers quinquennats, le président du SNSP attend que l’État envoie “des signaux forts” pour que la culture ne “passe pas à la trappe” dans les villes comme dans les campagnes.

Un discours qui résonne auprès des professionnels de l’industrie musicale. Jean-Christophe Bourgeois attend lui aussi de connaître “la vision” que portera ce ou cette nouvelle ministre sur la place de la musique dans la société. Car pour lui la “première pratique culturelle des Français” est un “véhicule unique pour créer du lien social” et contribuer à rompre “le sentiment d’abandon, de déclassement” qui s’est exprimé dans les urnes.

Pour en finir avec “la valse” des ministres

Interrogés pendant la période de flou qui a précédé le remaniement, nos interlocuteurs se demandent “pour combien de temps” la remplaçante de Roselyne Bachelot restera-t-elle en place.

Car en cinq ans de présidence d’Emmanuel Macron, trois interlocuteurs se sont succédé: Françoise Nyssen, Franck Riester et Roselyne Bachelot. Et en dix ans, on compte sept ministres de la Culture différents. “On est un peu essoufflés de cette valse”, concède Frédéric Maurin. “Un ministre qui est là pour 18 mois ne s’engage pas à lancer des chantiers à moyen ou long terme”, abonde le président de “Tous pour la musique”.

“Empreint de la mission presque régalienne de la culture”, “connaisseur des arcanes du secteur”, “doté d’un poids politique pour faire valoir ses arbitrages” et qui saura “inviter chaque filière à la table des discussions”: voilà le portrait-robot d’une ministre de la Culture qui pourrait relever ces défis. Pour que la culture, stigmatisée “pas essentielle” il n’y a pas si longtemps, revienne au centre de l’échiquier.

À voir également sur Le HuffPost: De Biolay à Aubert, tout le monde avait un mot à dire à Bachelot aux Victoires de la musique

Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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