Roanne: le père qui a frappé l'agresseur soupçonné de sa fille de 6 ans "ne regrette pas"

Un jeune âgé de 16 ans se serait introduit vendredi par effraction dans le logement de sa famille. Il est soupçonné d'avoir agressé sexuellement une fille âgée de 6 ans. Le père de cette dernière l'a retrouvé et violemment frappé.

"Je n'aurais pas dû le faire mais je ne regrette aucun cas de l'avoir fait". Aniss, père de famille habitant à Roanne, dans le département de la Loire, a décidé de se faire justice lui-même. Vendredi soir, il a passé à tabac un jeune homme de 16 ans, soupçonné de s'être introduit chez lui et d'avoir agressé sexuellement sa fille de 6 ans.

"Je l'ai roué de coups. Heureusement qu'il y avait mes amis et que j'étais un minimum lucide pour appeler la police, sinon il est possible que je sois allé plus loin", confie-t-il à BFMTV.

"J'étais dans un état second"

La veille au soir, Aniss n'était pas chez lui car il travaillait de nuit. Mais sa femme, alertée par du bruit et une odeur de transpiration, a découvert un jeune homme dans la chambre de sa fille, qui s'adonnait à des attouchements sexuels. L'adolescent a alors pris la fuite mais est clairement identifié par la mère de famille. Les parents portent plainte dès le lendemain matin.

Au micro de BFMTV, Aniss déplore l'absence de patrouilles de police dans le quartier ce jour, pour tenter de retrouver l'agresseur présumé. Alors qu'un de ces voisins lui confie alors avoir vu un jeune traîner dans le quartier à plusieurs reprises, il décide alors, avec trois amis, d’effectuer une surveillance et remarque un individu.

"Une fois que ma femme l'a reconnu, j'étais dans un état second", explique le père de famille.

Aniss, rejoint par ses amis et un voisin, le passe alors à tabac à coups de pieds, de barre de fer et de câble électrique, selon les informations de BFMTV. "J'étais dans un état second, je ne voyais plus rien, je n'écoutais plus rien, je ne pensais qu'à ma fille", complète-t-il.

"Ma femme et ma fille ne dorment plus"

Retenu par ses amis, Aniss finit par appeler la police. Le jeune de 16 ans est conduit à l'hôpital, où les médecins lui délivreront 10 jours d'ITT. Il a été placé en garde à vue puis déféré, mis en examen et placé en détention provisoire.

Le père de famille sait qu'il risque lui aussi d'être poursuivi pour avoir cherché à se faire justice lui-même. "C'est moi désormais qui me retrouve accusé, c'est le monde à l'envers", affirme-t-il. "Ma femme et ma fille ne dorment plus, elles sont choquées".

"Mais je ne regrette pas, je pourrais prendre 30 ans, c'est pas grave, c'est pour ma fille", poursuit-il.

Un fait "isolé"

"Je mettrais main à couper que n'importe quel père de famille aurait fait la même chose", ajoute également Aniss à notre micro. Une affirmation très nuancée par le parquet de Roanne, qui a affirmé qu'il s'agissait d'un fait isolé, et par Béatrice Brugère, magistrate et secrétaire générale du syndicat Unité Magistrats SNM-FO.

"Ça a toujours existé que des personnes règlent leur comptes avant la justice, mais rien indique que ce phénomène monte particulièrement", explique-t-elle.

Béatrice Brugère estime néanmoins que cette affaire témoigne d'un sentiment que la chaîne pénale est inefficace en France. "Est-ce que ça signe l'échec de l'État de protéger les citoyens et l'échec de la justice à faire son travail de manière rapide et efficace?", s'interroge-t-elle au micro de BFMTV.

Elle pointe notamment du doigt les délais de justice qui s'allongent et le manque de policiers et de magistrats. "Il y a un besoin d'agir dans des délais qui protègent et qui rassurent", conclut Béatrice Brugère.

Article original publié sur BFMTV.com

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