Collomb dispense ses conseils à Macron depuis Lyon

Gérard Collomb a déclaré jeudi qu'Emmanuel Macron allait "rectifier certains points" et tenir compte de certaines critiques. /Photo prise le 3 octobre 2018/REUTERS/Régis Duvignau

PARIS (Reuters) - L'ex-ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, dont la démission précipitée a provoqué un choc au sommet de l'Etat, s'est installé jeudi dans un rôle de commentateur de l'action d'Emmanuel Macron et s'est promis de "beaucoup lui apporter".

"Je suis quelqu'un qui peut lui dire quelle est la situation, ce qu'il faut faire, ce qu'il faut corriger, comment il faut avancer", a déclaré jeudi dans une interview à BFM TV, depuis Lyon, celui qui fut l'un des premiers soutiens du chef de l'Etat dans sa conquête du pouvoir, au lendemain de son départ de la place Beauvau pour retrouver la mairie de Lyon.

"Je pense qu'aujourd'hui je le ferai mieux en étant ici qu'en étant au ministère de l'Intérieur, peut-être parce que j'aurai une parole plus libre vis-à-vis de lui, mais aussi de mes collègues élus", a-t-il poursuivi, appelant Emmanuel Macron à amorcer une "autre phase où l'on donne l'impression d'être plus proche des personnes, des Français, plus en empathie".

Dans la matinée, sur CNews, il assurait qu'Emmanuel Macron allait "rectifier certains points" et "redresser les choses", notamment pour les collectivités locales et les retraités, très critiques envers la politique du gouvernement.

Interpellé par plusieurs retraités lors d'un déplacement à Colombey-les-Deux-Églises, le chef de l'Etat a cependant lancé que "le pays se tiendrait autrement" si l'on s'y plaignait moins.

"On sait bien que sur un certain nombre de sujets, il y a eu une accumulation de faits qui montraient qu'on n'était pas dans la bonne direction", a expliqué pour sa part Gérard Collomb.

PAS DE "RUPTURE"

Il a fait valoir qu'Emmanuel Macron avait déjà "bougé" sur les retraités, touchés par l'augmentation de la contribution sociale généralisée (CSG). "Vous verrez, demain il va bouger (sur) les collectivités en général", a ajouté l'ex-ministre. "Il est en train de rectifier un certain nombre de points."

Gérard Collomb a rejeté l'idée que son départ du gouvernement soit synonyme de crise ou de rupture avec le président de la République.

"Je ne pensais pas à vrai dire qu'il provoquerait ce choc-là parce que j'avais parlé au président, je lui avais dit que je voulais partir", a-t-il déclaré.

"Ça serait une crise grave si tout lien était coupé et que tout d'un coup, je parte en disant que tout ce que j'avais aimé, je le brûlais. Ce n'est pas du tout le cas", a-t-il ajouté. "Je dis un certain nombre de choses. Mais, en même temps, je continue à converser avec le président de la République (...). On garde toujours avec Emmanuel Macron des relations de qualité."

"Vous verrez dans les prochains jours que ce n'est pas une rupture", a insisté Gérard Collomb, qui reprendra en novembre son siège de maire de Lyon. "A la place où je serai demain (...), je pourrai beaucoup lui apporter, essayer justement de retisser des liens avec mes collègues" (des collectivités locales).

DES EXCUSES À PHILIPPE

Emmanuel Macron avait dans un premier temps refusé la démission de son ministre de l'Intérieur, lundi. Mais Gérard Collomb a maintenu son souhait de partir pour se consacrer à sa ville, dans une interview publiée par Le Figaro sur son site internet, au moment où le Premier ministre, Edouard Philippe, assurait devant les députés qu'il restait en fonctions.

Gérard Collomb a admis que cette annonce avait sans doute été faite "un peu trop tôt" au goût du chef de l'Etat et qu'elle avait mis en difficulté le chef du gouvernement.

"L'annonce ne devait sortir qu'à 18h00, elle est sortie plus tôt (...). Je comprends que pour lui (Edouard Philippe), ça ait été un grand moment de solitude. Nous nous sommes expliqués (...) et effectivement je me suis excusé auprès de lui."

Il a juré garder également de bonnes relations avec le Premier ministre. "Dans l'avenir, nous continuerons à travailler ensemble", a-t-il assuré.

Gérard Collomb, qui avait critiqué il y a quelque temps un "manque d'humilité" du gouvernement, a de nouveau assuré que cela ne visait pas Emmanuel Macron.

"Le manque d'humilité, c'était de manière générale parce qu'il y a une nouvelle génération qui est arrivée au pouvoir (...) peut-être moins à l'écoute qu'elle n'aurait dû l'être", a déclaré l'ex-ministre.

(Emmanuel Jarry, avec Julie Carriat, édité par Yves Clarisse)