Soignants non vaccinés : LFI retire son texte après avoir provoqué un tollé

À la fois critiqué par Renaissance et ses partenaires de la NUPES, le groupe insoumis retire finalement son texte.

POLITIQUE - « Il n’y a jamais eu et il n’y aura jamais d’accord de notre groupe avec l’extrême-droite ». Après le tollé provoqué par l’hypothèse de porter sa proposition de loi sur les soignants non vaccinés dans la niche parlementaire du RN, les insoumis font machine arrière en retirant leur texte.

Rappel des faits. Mardi 6 décembre à l’Assemblée nationale, la députée insoumise Caroline Fiat affirme qu’elle est prête à défendre son texte sur les soignants non vaccinés dans la niche parlementaire du Rassemblement national prévue en janvier.

Le groupe présidé par Marine Le Pen a en effet mis dans sa liste cette proposition de loi, dont l’examen n’avait pas pu aller à son terme lors de la niche des insoumis. Or, en commission des affaires sociales, le RN n’a pas obtenu que le député RN Frédéric Falcon soit désigné co-rapporteur sur le texte, en raison de l’opposition des écologistes, des socialistes, des insoumis et de l’abstention de Renaissance.

« Entre le rouge et le brun, il n’y a pas 50 nuances de différences »
Olivia Grégoire, ministre des PME

Ainsi, l’hypothèse d’une présentation de ce texte par Caroline Fiat au sein de la niche du RN est apparue, comme nous l’expliquions dans un premier article. « Ils me donnent leur temps législatif, je n’allais pas dire non », assume alors l’élue LFI devant la presse. Si Caroline Fiat nie tout « accord » passé avec l’extrême droite, ce choix inédit de défendre son texte au sein de la niche RN n’est pas vu autrement que comme une entente de fait entre les deux formations.

« Nous pensions que les digues sauteraient d’abord entre la droite et l’extrême droite. Mais ce soir, c’est bien l’extrême gauche et la NUPES qui franchissent une nouvelle étape dans leur lune de miel avec les lepénistes », a dénoncé sur Twitter le patron du parti présidentiel, Stéphane Séjourné. « La cause était honteuse, l’alliance est scandaleuse », renchérit le député Renaissance de la Vienne, Sacha Houlié. Même une ministre y est allée de son commentaire. « Entre le rouge et le brun, il n’y a pas 50 nuances de différences », a commenté Olivia Grégoire.

Au-delà des troupes macronistes, qui ne cessent de vouloir renvoyer LFI et RN dos-à-dos, la décision des insoumis fait aussi grincer des dents du côté de la NUPES. « Nous ne frayons pas avec l’extrême droite », a réagi ce mercredi 7 décembre le président du groupe socialiste Boris Vallaud, alors que le premier secrétaire du Parti socialiste admettait sur franceinfo que « symboliquement, c’est problématique ».

Dans un tweet publié plus tard dans la matinée, le patron du PS s’est montré plus virulent à l’encontre de ses alliés insoumis. Alors que Caroline Fiat dénonçait le fait que l’on puisse parler d’accord entre le RN et LFI, le député de Seine-et-Marne a sèchement répondu.

« Quand le RN tend un piège le mieux est de ne pas sauter dedans à pieds joints. À aucun moment et sous aucun prétexte, il ne peut y avoir de confusion entre la gauche et l’extrême droite », a répliqué Olivier Faure. Le secrétaire général du parti communiste, Fabien Roussel, s’est également opposé à cette hypothèse.

Alors que la polémique enfle, le député insoumis Manuel Bompard a tenté d’éteindre l’incendie. « Le Rassemblement national a pris la décision tout seul, dans son coin, de dire qu’il voulait reprendre le texte », a justifié sur RMC le député des Bouches-du-Rhône, en répétant qu’il n’y avait « pas d’accord » entre le RN et LFI.

Quand LFI pensait pouvoir « hacker » la niche RN

Reste que, dans les faits, les insoumis avaient bien accepté l’idée que Caroline Fiat puisse défendre son texte au sein de la niche RN, pensant ainsi avoir déjoué le « piège » tendu par les troupes lepénistes en ayant obtenu le fait que la députée insoumise soit la seule rapporteure.

« Depuis le début ils essayent de transformer notre PPL en dégageant tout le côté sur le protocole sanitaire, c’est juste des opportunistes bas de gamme. Ils voulaient mettre un co-rapporteur opposé au protocole, et ils se sont fait battre à plate couture et ils sont pris à leur propre piège », justifiait au HuffPost une source insoumise, estimant que cette manœuvre permettait de « hacker » la niche du RN.

Une tactique pour le moins risquée, parce qu’elle renvoie l’image d’une entente avec le RN, qui n’a d’ailleurs pas d’objection à laisser l’insoumise présenter son texte dans sa propre niche.

Résultat, y compris au sein des partenaires de la NUPES, Caroline Fiat est sommée de retirer son texte, pour de pas donner l’impression de toper avec l’extrême droite. « Pas d’ambiguïté possible », résume le député socialiste, Arthur Delaporte.

Il a été entendu, puisque les insoumis ont finalement retiré leur texte, en dénonçant un « les mensonges visant à faire croire à un accord entre la France Insoumise et le Rassemblement National ». Pour mettre fin à toute ambiguïté, Jean-Luc Mélenchon est aussi monté au créneau.

« Les soignants suspendus n’ont pas vocation à servir les coups de communication du Rassemblement National. Car avec plus de 300 amendements à examiner, il faudrait 15 heures de débat pour aller au bout du texte. Le vote de ce texte est donc impossible dans la niche du Rassemblement National », indique le communiqué du groupe insoumis à l’Assemblée nationale, annonçant « une nouvelle proposition de loi, cosignée avec les députés ultramarins de tous les groupes politiques qui le souhaitent » dans le but qu’elle soit inscrite « dans les plus brefs délais » à l’ordre du jour de la semaine de l’Assemblée Nationale.

VIDÉO - Réintégration des soignants non-vaccinés, uniforme à l'école: Marine Le Pen dévoile le contenu de la première niche parlementaire du RN

Lire aussi

Fabien Roussel remporte le prix « humour et politique »

La loi « anti-squats » adoptée à l’Assemblée nationale en première lecture