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Till Lindemann, chanteur de Rammstein, accusé de violences sexuelles, ce que l’on sait

Si aucune enquête n’a encore été ouverte contre le chanteur, l’accumulation de témoignages se poursuit sur les réseaux sociaux et dans la presse allemande.

Une affaire retentissante en Allemagne. Till Lindemann, chanteur et leader du groupe de Rammstein, est visé par plusieurs témoignages et enquêtes l’accusant d’abus de pouvoir et d’agressions sexuelles en marge des concerts de la formation.

Depuis la fin du mois de mai, plusieurs femmes ayant participé à des soirées avant ou après des représentations de Rammstein accusent l’artiste allemand de 60 ans d’être à la tête d’un réseau lui permettant d’abuser sexuellement de ses fans. Le HuffPost fait le point sur ce que l’on sait de ces accusations, qui se multiplient depuis un premier témoignage sur les réseaux sociaux.

Les faits

Tout débute le 25 mai dernier lorsqu’une fan du groupe de métal dévoile sur les réseaux sociaux un témoignage à charge contre le chanteur. Shelby Lynn, fan irlandaise du groupe, assiste à un concert à Vilnius, en Lituanie le 22 mai. Selon son récit, elle est invitée à une soirée avant le concert et boit alors quelques verres avant de sentir mal et de perdre le fil de la soirée, lui laissant penser qu’elle a pu être droguée à son insu, bien qu’un test réalisé après le concert se soit révélé négatif.

« Till entre dans la pièce et demande à toutes les filles de prendre un verre de tequila, nous sommes toutes d’accord. Il la verse de la bouteille et, après cela, brise 4 ou 5 verres de whisky, et demande à deux filles de briser leur verre aussi », raconte-t-elle. Lors de l’entracte, elle est conduite dans une petite pièce qui « pourrait contenir peut-être 4 personnes, minuscule comme une cabine d’essayage dans un magasin » pour rejoindre l’artiste.

Tout de suite, la jeune femme indique à Till Lindemann qu’elle ne souhaite pas avoir de relation sexuelle avec lui, bien que l’homme qui lui avait proposé de rejoindre le musicien en amont du concert lui ait assuré qu’il ne serait pas question de sexe.

Le chanteur de Rammstein est alors pris d’un excès de rage face à son refus, mais la laisse finalement partir après plusieurs minutes d’attente dans la pièce. Shelby Lynn assiste à l’« after-party » du concert mais indique ne plus avoir de souvenirs des événements. Au réveil, elle découvre – photos à l’appui – des ecchymoses présentes sur son corps.

Depuis ce récit, la jeune femme est devenue la cible de harcèlement et d’accusations de mensonge sur son histoire.

La réponse de Till Lindemann

Face à l’ampleur prise par le témoignage, le groupe allemand le plus connu dans le monde a été contraint de s’exprimer, tout en niant les faits.

« En ce qui concerne les allégations circulant sur Internet à propos de Vilnius, nous pouvons exclure la possibilité que ce qui est revendiqué ait eu lieu dans notre environnement. Nous n’avons connaissance d’aucune enquête officielle sur cette affaire », indique Rammstein dans un communiqué mis en ligne le 28 mai.

Multiplication des témoignages

Le témoignage de cette fan irlandaise a depuis été suivi de plusieurs autres récits similaires, en particulier dans des enquêtes poussées réalisées en Allemagne par le Süddeutsche Zeitung et l’ARD, qui fait partie de l’audiovisuel public allemand.

Plusieurs victimes évoquent des faits proches, avec un système de recrutement – dont parlait également Shelby Lynn – qui permettrait au chanteur de Ich Will ou Ohne dich de profiter de jeunes femmes conduites dans les loges après une sélection sur les réseaux sociaux ou avant les concerts. Drogues et alcool seraient d’ailleurs accessibles facilement pour les convives.

« Une témoin a raconté qu’on lui avait clairement proposé pendant un concert une relation sexuelle avec Lindemann en échange d’un passage en backstage », raconte notamment Daniel Drepper, chargé du pôle enquête du réputé quotidien allemand.

Aucune enquête ouverte

Pour l’heure, aucune enquête de police n’a été ouverte. La police a d’ailleurs confirmé l’absence de plainte au média lituanien LRT, alors que Shelby Lynn dit avoir été entendue par les autorités locales pendant « cinq heures ».

« Ils ont finalement pris une déclaration officielle de ma part et m’ont donné un numéro de référence », indique-t-elle dans une vidéo.

Quant à l’enquête menée par le Süddeutsche Zeitung, elle a pu recueillir tous ses témoignages sous couvert d’anonymat mais aussi sous serment. Le journal s’est également assuré que l’ensemble des témoignages récoltés n’étaient pas l’œuvre de personnes se connaissant avant de témoigner. « Comme toujours, les femmes hésitent à franchir le pas de peur des conséquences », note finalement Daniel Drepper face à l’absence de poursuite judiciaire à ce stade des allégations.

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