Tuerie de masse au Texas: l'enseignante Eva Mireles, "héroïne" du drame

L'institutrice de 4th grade, l'équivalent du CM1 aux États-Unis, a été tuée par Salvador Ramos, auteur d'une fusillade à Uvalde, au Texas.

ÉTATS-UNIS - Elle a été la première victime identifiée de la tuerie d’Uvalde. Mardi 24 mai, un jeune homme de 18 ans, Salvador Ramos, a abattu une vingtaine de personnes, dont 19 enfants dans une école élémentaire du Texas, sans que ses motivations ne soient connues pour le moment. Parmi ses victimes figurait une “héroïne” nommée Eva Mireles.

Cette femme de 44 ans était institutrice en fourth grade, l’équivalent américain du CM1. Depuis cinq ans, elle partageait avec sa collègue Irma Garcia la charge d’une classe à la Robb Elementary School d’Uvalde auprès d’enfants âgés de 9 à 10 ans et dont certains étaient porteurs d’un handicap.

Et au moment de la tuerie, rapporte le New York Times, elle a pris plusieurs de ses élèves dans les bras pour tenter de les protéger des balles de l’AR-15 de Salvador Ramos, barricadé dans sa classe pour échapper aux forces de l’ordre.

“Maman, tu es une héroïne”, lui écrit ce mercredi 25 mai sa fille Adalynn dans une lettre poignante publiée sur les réseaux sociaux et adressée à “la moitié qui me rendait entière”.

Sacrifice “désintéressé”

Une jeune femme diplômée d’université qui raconte des souvenirs simples partagés avec sa mère: leurs coups de téléphone “dès que l’on sortait du travail”, les plaisanteries quand elle peinait à se lever plus jeune, les discussions autour de la cuisson de certains plats de poulet. “Je voudrais te prendre une dernière fois dans mes bras et sentir les callosités sur tes mains parce que tu n’étais pas seulement une enseignante, mais aussi une sportive des plus assidues”, écrit encore Adalynn Ruiz.

“Je voudrais que tu me reviennes, Maman. Tu me manques bien plus que ce que les mots peuvent exprimer”, dit-elle encore à sa “meilleure amie” dans un message partagé des dizaines de milliers de fois. “Désormais, tu es connue de tant de monde, et je suis tellement heureuse que des gens connaissent ton nom, ton visage merveilleux et qu’ils sachent à quoi ressemble une héroïne.”

Un portrait touchant de cette enseignante “qui s’est jetée de manière désintéressée devant ses élèves pour essayer de leur sauver la vie” qui rejoint les différents témoignages publiés ces dernières heures à propos d’Eva Mireles. Qu’ils viennent de sa famille ou des habitants d’Uvalde, petite ville située à mi-chemin entre San Antonio et la frontière mexicaine, tous ces messages sont unanimes.

Une “aventurière” passionnée par les grands espaces

Et les hommages sont nombreux: des parents d’élèves qui saluent son implication auprès de leurs enfants, une tante qui raconte une nièce si fière de transmettre le savoir dans une école fréquentée en grande majorité par des enfants hispaniques, une cousine qui évoque une “aventurière” passionnée par les escapades dans les grands espaces...

Sur le site du rectorat local, la quadragénaire s’affichait souriante et avec une promesse: “Bienvenue en fourth grade! Nous avons une année merveilleuse qui nous attend!” Et de poursuivre en évoquant sa famille: son mari Ruben Ruiz, agent de police dans les équipes en charge de la sûreté des établissements scolaires de la région, sa fille Adalynn dont elle évoquait fièrement le diplôme universitaire, et trois chiens régulièrement évoqués par ses proches.

Petite bourgade sans histoires

“Elle était ce qui était amusant dans les fêtes”, raconte encore à son propos l’une de ses proches. Et une cousine, Cristina Arizmendi Mireles, de se dire détruite sur Facebook: “Mon cœur est brisé en un million de morceaux.”

Mais c’est surtout le témoignage d’une de ses tantes, Lydia Martinez Delgado, qui ressort dans les portraits que lui ont consacré les médias américains, tant il est symbolique de l’état d’esprit d’une partie des États-Unis après cette énième tuerie de masse en milieu scolaire.

“Je suis furieuse que ces fusillades continuent: ces enfants sont innocents”, écrit-elle dans une publication Facebook. “Les fusils ne devraient pas être aussi facilement accessibles. C’est ma ville, une petite bourgade de 20.000 âmes. Personne n’aurait jamais imaginé que celui puisse arriver, encore moins à des proches.” À deux jours de la fin de l’année scolaire, c’est pourtant là, pour des raisons inexpliquées, qu’un jeune homme du coin a décidé de frapper. Et d’endeuiller encore une fois tout un pays.

Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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